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Conclusion Ce qui rend possible toute transformation fondamentale de la ville est l’émergence d’un nouvel imaginaire. En effet, si au début du XIXe siècle ingénieurs, architectes, urbanistes, économistes et autres ont pu travailler ensemble pour mettre en place une nouvelle forme d’urbanité caractérisée par des grands réseaux centralisés (d’eau, d’énergie, de véhicules, d’information, etc.), c’était grâce à un nouvel imaginaire de l’urbain : la ville conçue comme imitation du corps humain, ou « ville anthropomimétique ». Or, avec le temps cette métaphore vive s’est transformée en métaphore morte, capable toutefois de déterminer encore notre conception de l’urbain par sa « fécondité occulte »63. Compte tenu de tous les problèmes que soulève cette métaphore morte – des villes qui consomment sans produire ou décomposer, qui épuisent et polluent leurs milieux, où mécanicité et minéralité vont de pair, et dont les réseaux centralisés s’avèrent de plus en plus fragiles – le moment semble opportun de poétiser une nouvelle métaphore vive : celle de la ville-forêt, avec ses habitats-arbres, ses réseau-rhizomes, ses agora-clairières, ses ruisseaux rouverts, et ses chemins encore inexplorés.64 Henry DICKS Notice Bio-bibliographique Henry Dicks est chercheur postdoctorant à l’IrPhil (Institut de Recherches Philosophiques) de l’Université Jean Moulin Lyon 3. Membre de la Chaire Industrielle, « Rationalités, Usages et Imaginaires de l’Eau », un partenariat entre la faculté de philosophie de Lyon 3 et Lyonnaise des Eaux, ainsi que du projet « VIBIOM » (sur les villes biomimétiques) du Labex IMU (Intelligence des Mondes Urbains), ses publications récentes portent sur la démocratie écologique, le retour de l’eau en ville, et le rôle fondateur que jouent certaines figures aquatiques, notamment le tourbillon et le fleuve rond, dans la poétique et la pensée occidentales. Il est actuellement en train d’écrire un livre : La Ville Biomimétique. Références bibliographiques Giorgio Agamben, Moyens sans Fins : Notes sur la Politique, Payots et Rivages, Paris, 1995. American Rivers, Daylighting Streams: Breathing Life into Urban Streams and Communities, 2013. http://www.americanrivers.org/assets/pdfs/reports-and-publications/daylighting-streams-report.pdf Hervé Andrieu, Bruno Tassin, Sylvie Barraud « Hydrologie Urbaine, ou Comment rendre l’eau transparente dans la ville » in Olivier Coutard et Jean-Pierre Lévy (dir.), Ecologies Urbaines, Editions Economica, Paris, 2010, pp.130-139. Gaston Bachelard, La formation de l’esprit scientifique : contribution à une psychanalyse de la connaissance, Vrin, Paris, 1999. Sabine Barles, L’invention des déchets urbains, Champ Vallon, Seyssel, 2005. Miguel de Beistegui, The New Heidegger, Continuum, London, 2005. Janine Benyus, Biomimicry: Innovation Inspired by Nature, Harper Perennial, New York, 1997. 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Pages internet consultées http://dirt.asla.org/2009/09/03/biomimetic-buildings/ (29/10/2014) http://www.paperblog.fr/3575094/h20-et-les-eaux-de-l-oubli/ (29/10/2014) https://www.youtube.com/watch?v=BrtO8kPdlRg. (29/10/2014) 1 Selon le contexte, on pourrait établir des distinctions plus ou moins raffinées entre les termes « usé », « sale » et « impur ». Dans cette contribution, « sale » et « impur » seront employés comme des quasi-synonymes pour désigner des eaux qui, en raison des matières qu’elles contiennent, ne peuvent être introduites dans un milieu naturel sans le dégrader. Ces eaux correspondent principalement à des eaux pluviales qui, en entrant en contact avec la ville, se chargent de polluants. Les eaux usées sont également sales et impures, mais, à la différence des eaux pluviales, elles ont été l’objet d’un usage humain. 2 Jean-Louis Harouel, cité dans Jean-Luc Bertrand-Krajewski, Cours d’hydrologie urbaine: Partie 1 : Introduction Générale, 2006, p.6. 3 Judith Schlanger, Les Métaphores de l’Organisme, Harmattan, Paris, 1995. 4 Henri de Saint-Simon, De la Physiologie Sociale, PUF, Paris, 1965. Voir aussi Jean-Baptiste Narcy, Pour une gestion spatiale de l’eau : comment sortir des tuyaux ?, Peter Lang, Bruxelles, 2004, p.117. 5 Les Saint-Simoniens ont joué un rôle clé dans la mise en place des premiers réseaux industriels d’acheminement d’eau. En effet, la première concession de l’eau dans le monde, celle de la ville de Lyon, a eu lieu sur l’initiative des Saint-Simoniens (Claude Frangin, Petit Historique de l’Eau de Lyon, Conférence, Juillet 2007, p.3). Ce modèle d’inspiration saint-simonienne s’est ensuite répandu au niveau international et international, grâce notamment aux efforts de la Compagnie Générale des Eaux, devenue Veolia Environnement, et de la Lyonnaise des Eaux, qui appartient aujourd’hui à Suez Environnement. On pourrait donc soutenir que l’importance mondiale de ces deux grands groupes français découle de façon plus ou moins directe de la physiologie sociale saint-simonienne. 6 Henri de Saint-Simon, De la Physiologie. op. cit., p.65. 7 Voir, par exemple, Cyrille Harpet, Du Déchet : Philosophie des Immondices, Corps, Ville, Industrie, Harmattan, Paris, 1998, p.294 ; Antoine Picon, La Ville des Réseaux : Un imaginaire politique, Manucius, Paris, 2014, p.10. 8 Cyrille Harpet, op. cit., p.223. 9 http://www.paperblog.fr/3575094/h20-et-les-eaux-de-l-oubli/. Pour la conférence originale d’Illich, prononcée en anglais, voir https://www.youtube.com/watch?v=BrtO8kPdlRg. 10 Bernard Chocat « Assainissement » in Bernard Chocat (dir.), L’encyclopédie de l’assainissement et de l’hydrologie urbaine, Tec & doc Lavoisier, Paris, 1997. 11 Martin Heidegger « Lettre sur l’humanisme », Questions III et IV, Gallimard, Paris, 1976a, pp.77-78. 12 Charles Elton, Animal Ecology, Macmillan, New York, 1927. 13 Sabine Barles, L’invention des déchets urbains, Champ Vallon, Seyssel, 2005. Selon Barles, jusqu’aux années 1880, les villes arrivaient à recycler ce que nous appelons aujourd’hui les « déchets » (eaux usées comprises), grâce notamment aux demandes d’une agriculture et d’une industrie de proximité. Or, en raison des réseaux centralisés, de l’urbanisation croissante, de l’étalement urbain, de l’éloignement de l’agriculture et de l’industrie, et de l’émergence de nouvelles matières premières (énergies fossiles, engrais artificiels, etc.), la complémentarité entre villes, agriculture et industrie a connu une « rupture » : les boucles matérielles se sont « ouvertes » et une consommation linéaire s’est imposée (ibid. 229). 14 Martin Heidegger « La Question de la Technique », Essais et Conférences, trad. fr. A. Préau, Gallimard, Paris, 1958, p.9-48. 15 Michel Haar, Le Chant de la Terre, Editions de l’Herne, Paris, 1985, pp.184-185 ; Frédéric Neyrat, L’indemne: Heidegger et la Destruction du Monde, Sens & Tonka, Paris, 2008, pp.19-21. 16 Miguel De Beistegui, The New Heidegger, Continuum, London, 2005, p.111. 17 Martin Heidegger « La Question de la Technique », op.cit. ; Martin Heidegger « Séminaire du Thor 1969 », Questions III et IV, Gallimard, Paris, 1976c, pp.415-458. 18 Constance Thual, Evaluer l’Urbanité : Rapport Final, INSA de Lyon, 2011, p.10. 19 Iain White, Water and the City: Risk, Resilience, and Planning for a Sustainable Future, Routledge, London & New York, 2010, p.54-58. 20 Pierre Musso, « Genèse et critique de la notion de réseau », Penser les réseaux, ed. Daniel Parrochia, Champ Vallon, Seyssel, 2001, pp.198. 21 René Descartes « Lettre à A. Morus » (1649) Œuvres Complètes III, ed. Ferdinand Alquier, Classiques Garnier, Paris, 2010, p.886. 22 Il existe plusieurs déclinaisons possibles de ce second cas de figure : l’art n’imiterait que certains traits isolés de la nature, et peut-être pas ses traits essentiels ; l’art imiterait la nature dans certains cas isolés mais pas tous ; l’art croit imiter la nature, mais n’imite que la conception dominante de la nature de telle ou telle époque… 23 La grande différence, bien sûr, est que Dieu inspire l’esprit dans l’homme (voir Sloterdijk 2001, p.33-44). 24 Judith Schlanger, Les Métaphores. op. cit., p.28. 25 Il existe deux exceptions importantes à la thèse que la ville anthropomimétique est une ville minérale : les parcs et les STEP à boues activées. Ces exceptions suivent toutefois la logique de la ville anthropomimétique : les parcs se voient souvent attribués le même rôle purificateur que les « poumons » d’un animal (Lewis Mumford, The City in History, Houghton Mifflin Harcourt, New York, 1961, p.475) ; et les STEP peuvent se concevoir comme analogues à nos propres organes d’épuration : le foie et les reins. 26 Georges Vigarello, |
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