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Les cases en grisé indiquent un pourcentage de ventes de boîtes de Mediator® supérieur au pourcentage de diabétiques dans la catégorie d’âge concernée. Tableau 5 : Répartition des pourcentages de ventes de Mediator® vendues en 2008 et 2009 (Source : Panel Xpr-S0® de Celtipharm®) comparée au pourcentage de diabétiques (Source : P. Ricci, P-O Blotière, A. Weill, D. Simon, P. Tuppin, P. Ricordeau et H. Allemand (2010), « Diabète traité : quelles évolutions entre 2000 et 2009 en France ? », Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 9 Novembre 2010, N° 42-43, pp 425-43) en fonction de la catégorie d’âge. Cette répartition des pourcentages de ventes de Mediator® a été comparée à la prévalence du diabète selon la catégorie d’âge citée dans l’étude de P. Ricci et al. (6). Cette étude ne mentionnant que des pourcentages de diabétiques par rapport à la population totale par sexe, nous avons reconstitué le pourcentage total par catégorie d’âge à partir des chiffres de la population générale française de l’INSEE en 2008 et 2009. Les détails de ces calculs apparaissent en annexe 2 pour l’année 2008 et en annexe 3 pour l’année 2009. Nous observons que les ventes de Mediator® sont supérieures aux pourcentages de diabétiques, tant en 2008 que 2009, pour les quatre catégories d’âge suivantes : 30-39 ans ; 40-49 ans ; 50-59 ans et 60-69 ans. L’hypothèse 2.2. selon laquelle la répartition des ventes de Mediator® par catégorie d’âge est différente de la répartition par catégorie d’âge de la prévalence du diabète ne peut donc pas être infirmée. 3.2.3. Test de l’hypothèse 2.3 : « La répartition des ventes de Mediator® par région en France métropolitaine est différente de la prévalence du diabète par région en France métropolitaine ». La répartition des boîtes vendues de Mediator® en 2009, issue du panel Xpr-S0®, est donnée dans le tableau 6 ci-dessous par région de France métropolitaine avec les répartitions suivantes :
En parallèle la prévalence du diabète est rappelée par région de France métropolitaine.
Les cases en grisoé indiquent un pourcentage supérieur de la caractéristique analysée dans la région de France métropolitaine considérée par rapport à la moyenne nationale. Tableau 6 : Répartition des pourcentages de ventes de Mediator® vendues en 2009 (Source : Panel Xpr-S0® de Celtipharm®) comparée au pourcentage de diabétiques (Source : P. Ricci, P-O Blotière, A. Weill, D. Simon, P. Tuppin, P. Ricordeau et H. Allemand (2010), « Diabète traité : quelles évolutions entre 2000 et 2009 en France ? », Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 9 Novembre 2010, N° 42-43, pp 425-43) en fonction de la catégorie d’âge. De ce tableau il ressort que :
L’hypothèse 2.3. selon laquelle la répartition des ventes de Mediator® par région en France métropolitaine est différente de la prévalence du diabète par région en France métropolitaine ne peut donc pas être infirmée. Ce travail de recherche indique par conséquent que de nombreuses délivrances de Mediator® se sont fait hors du cadre de son AMM (hypothèse 1 non infirmée) et que ces délivrances ont concerné une indication anorexigène (« coupe-faim ») compte tenu de ses répartitions de vente selon le sexe, l’âge et la région d’appartenance des patients (hypothèse 2). Conclusion et voies de recherche Ce travail de recherche était destiné à étudier la part de ventes du Mediator® hors périmètre de son Autorisation de Mise sur le Marché. Si la prescription d’un médicament hors AMM est possible légalement par un médecin qui en assume alors la responsabilité, elle pose la question des risques encourus par les patients l’utilisant dans une autre indication. Des signaux d’alerte résultant d’études de pharmacovigilance mettaient en évidence dès XXX les risques d’apparition d’hypertension artérielle pulmonaire et de valvulopathies cardiaques de régurgitation mitrales et aortiques, nécessitant une intervention chirurgicale de remplacement valvulaire cardiaque. Si des risques de prescription d’un médicament hors AMM peuvent être pris légitimement pour certaines utilisations (oncologie, pathologies rares, pathologies pédiatriques, etc.) ils sont plus difficilement acceptables pour des utilisations de « confort » mettant en jeu la vie du patient. Les hypothèses de recherche principales de ce travail concernaient l’existence de signaux d’alerte d’utilisation hors AMM du Mediator® grâce à la comparaison de données de prévalence du diabète (pathologie correspondant à l’AMM du Mediator®) et l’analyse de panels « Sell out » des pharmacies pour ce produit. La méthodologie utilisée dans cette recherche s’appuie sur les données issues du Panel Xpr-SO de la Société CELTIPHARM. Ce panel a été choisi car il est constitué de 3004 officines représentatives de l’ensemble des pharmacies françaises. Les données de référence de cette étude concernent les ventes volumes en UC (Sorties consommateurs) extrapolées à l’ensemble des officines de France métropolitaine. L’analyse des tickets de vente, des prescriptions et du profil patient ont été réalisées sur la période de Janvier 2008 à novembre 2009 date du retrait de ce médicament. Les résultats indiquent des ventes importantes du Mediator® en dehors du cadre de son AMM grâce aux analyses de la typologie des ventes réalisées en pharmacie et aux écarts observés entre des indicateurs de prévalence du diabète (sexe, catégorie d’âge et répartition régionale en France métropolitaine) et les pourcentages de répartition de ces mêmes indicateurs au sein des ventes de ce produit. Ce travail de recherche qui repose sur un seul produit, le Mediator®, pose plus largement le problème du suivi des prescriptions hors AMM des médicaments. Interrogé par un député membre de la mission Mediator® du Sénat (1), Hubert Allemand, médecin-conseil national, a expliqué que la CnamTS ne peut pas établir d'évaluation globale du hors-AMM sur ses bases de données. « On ne peut le faire que sur un dossier patient, voire en convoquant l'assuré. Pour l'observer, il faut un diagnostic clinique dont on dispose parfois si l'assuré est en affection de longue durée. » Ce dernier constat suggère l’utilisation de ce type de panel comme outil d’alerte de la part des autorités sanitaires afin d’éviter de nouveaux scandales sanitaires. Le Quotidien du Médecin (17) va dans ce sens et conseille « qu’à l’avenir, le volume de prescriptions hors AMM sera sous surveillance. Le projet de loi prévoit que le CEPS (Comité Economique des Produits de Santé) signe une convention avec les laboratoires qui engage ces derniers à « mettre en œuvre, en direction des prescripteurs, des moyens d’information spécifiques lorsqu’il est constaté un usage trop important de la prescription hors AMM, et ce, sans motif légitime ». « Le CEPS pourra infliger une pénalité financière à l’entreprise qui n’aurait pas respecté ses engagements conventionnels ». Concernant de futures voies de recherche, il serait intéressant de dupliquer ce travail dans une autre pathologie que le diabète afin de confirmer le bien fondé de ce type d’approche consistant à comparer des indicateurs de prévalence d’une pathologie avec le pourcentage de la répartition de ces indicateurs appliquée aux ventes du produit. Si la duplication de ces résultats corroborent notre travail de recherche ce type d’analyse pourrait constituer une méthode facilement mobilisable pour les Autorités de Santé dans le cadre de l’utilisation d’un produit hors du cadre de son AMM. |