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Académie de Nancy-Metz Les jardiniers des mots Enseignement du vocabulaire en classe de sixième Madame Dominique PIERREL Les jardiniers des mots Présentation Ce module, conçu et expérimenté durant l’année scolaire 2012-2013, propose un apprentissage méthodique – ce qui ne veut pas dire mécanique – du vocabulaire dans la dimension morphologique. L’objectif est de développer chez les élèves les compétences de compréhension de la langue par un enseignement organisé et progressif des règles de formation des mots français, de familiariser les élèves avec la fabrique des mots. Naturellement la morphologie ne va pas sans la sémantique, elles sont intimement liées et la conception des exercices répond à cette exigence. On entraîne les élèves à mieux comprendre le sens d’un texte, à mieux s’exprimer par écrit, en recourant aux ressources de l’approche morphologique du vocabulaire. La progression proposée, pour une durée de 16 séances, traite des familles de mots, des racines latines essentielles, puis des préfixes et des compositions savantes d’origine grecque. La séance 15 est réservée à une évaluation sommative et à un temps de conception d’exercices. La dernière séance (16) permettra de corriger l’évaluation finale et de faire avec les élèves le bilan de ce projet. L’âge des élèves, classe de sixième, la volonté de travailler pour tous les élèves et particulièrement ceux qui ne réussissent pas, et l’ampleur du domaine à explorer, ont imposé des choix. On s’est, par exemple, tenu aux racines latines essentielles, aux préfixes et suffixes fondamentaux. On a de la même manière privilégié une progression prudente, partant ainsi des familles de mots régulières sans changement de radical. L’objectif n’est pas de dresser un long catalogue de mots « à faire apprendre », mais d’enseigner aux élèves un certain nombre des grands modes de formation des mots français, une capacité à décortiquer les mots pour en construire la signification. C’est pourquoi on recourt peu à l’emploi du dictionnaire par les élèves. La démarche pédagogique proposée s’attache d’abord et toujours à mobiliser la curiosité intellectuelle, puis, à partir des découvertes et des manipulations, à faire acquérir connaissances et compétences. On a veillé à proposer de nombreux exercices, parmi lesquels les professeurs pourront puiser, en utilisant les voies ascendante et descendante (par exemple : « fini → infini » ou « possible →impossible » et « illisible→ lisible » ou « inavouable →avouable ») de manière à éviter les méfaits d’une approche mécanique, comme par exemple *inimpossible. On insiste ici sur l’importance des temps de verbalisation : trop souvent on « n’a pas le temps » pour faire dire aux élèves comment ils ont procédé pour parvenir à la réponse attendue ou se tromper… Ces temps d’explication orale, lors des manipulations, sont essentiels pour l’acquisition par tous les élèves des règles de composition et de formation des mots, au service du sens. Pour chaque leçon le document propose
Ensemble des leçons Leçon 1 : Introduction : Le français, une langue vivante Leçon 2 : Familles de mots : construction régulière sans changement de radical (1) Leçon 3 : Familles de mots : construction régulière sans changement de radical (2) Leçon 4 : Familles « étymologiques » : racines latines (1) Leçon 5 : Familles « étymologiques » : racines latines (2) Leçon 6 : Mots composés à partir de racines latines (-vore, -cide, -cole/culture) Leçon 7 : Préfixes marquant une position ou un mouvement dans l’espace ou le temps Leçon 8 : Préfixes marquant une position ou un mouvement dans l’espace ou le temps. Préfixes marquant la quantité Leçon 9 : Préfixes marquant l’association ou l’opposition Leçon 10 : Préfixes marquant la négation, la privation Leçon 11 : Suffixes (1) Suffixes (1) -able, -ible Leçon 12 : Suffixes (2), suffixes pour les noms et les verbes (diminutifs, péjoratifs, etc.) Leçon 13 : Mots composés à partir de racines grecques (1) Leçon 14 : Mots composés à partir de racines grecques (2) Leçon 15 : Evaluation finale et conception d’exercices Leçon 16 : Correction de l’évaluation, bilan avec les élèves Matériel nécessaire Elève - un cahier ou un petit classeur pour les documents conservés (leçons et certains exercices) avec la page de garde distribuée par le professeur - le cahier de brouillon utilisé en cours de français - une ardoise (si recours en groupe à la méthode La Martinière. Cf. Annexe 1) : matériel possédé par l’établissement qui peut être utilisé dans d’autres projets (cf. PPRE) ou disciplines. Classe - un exemplaire d’un dictionnaire de la langue française qui dans les articles indique étymologie et date d’apparition des mots, par exemple Petit Robert 1 Professeur - dictionnaires, étymologique, historique de la langue française, pour adultes. On peut se procurer Le dictionnaire étymologique du français de Jacqueline PICOCHE (Collection Le Robert Usuels) pour un peu plus d’une dizaine d’euros. - moyens de projection en classe des textes et exercices - crédits de photocopie. Pour certaines leçons les exercices sont à conserver par l’élève dans le classeur ou cahier : ils doivent être relus et font partie de la leçon à apprendre. Ce projet a été mené grâce au soutien du PASI, et expérimenté grâce au travail de professeurs de collège de notre académie : Mesdames ANDREOLI, BELLUCCI, COLLOT, GUERARD, JACKY, LOUIS. Madame Dominique PIERREL Leçon 1 : Le français, une langue vivante Présentation de la leçon Objectifs - présenter le projet aux élèves - installer la curiosité intellectuelle, faire naître le goût pour l'exploration lexicale - montrer que le français est une langue vivante, qui évolue : des mots disparaissent, d'autres naissent souvent à partir de racines latines, le sens de certains mots évolue. Remarques complémentaires : les termes (« suffixes”, “polysémie », « radical », etc.) ne sont pas introduits dans cette leçon et n’ont pas à être exigés des élèves. Si certains élèves les citent, on approuve, mais on ne fait pas mémoriser par l’ensemble de la classe. L’essentiel est que tous les élèves comprennent ce qui fonde l’attention aux mots. On conserve pour cette leçon les paragraphes « retenons » et le titre de la leçon est écrit à la fin de la séance. = = = = = = = = = = Démarche pédagogique proposée pour la séance 1. Présentation du projet - Indiquer rapidement oralement aux élèves la durée (1 heure par semaine durant 16 semaines), le thème (le vocabulaire) et l'objectif (augmenter leurs compétences en vocabulaire). - Exploration du titre du projet : « Pourquoi peut-on parler de « jardinier » à propos des mots ? » Questionnement oral à la classe et écriture des mots clés par le professeur au tableau : Exploration de la métaphore « jardinier ». → « Les mots pourraient être comparés à des plantes, ils naissent, se développent, vieillissent, ont des racines. » - Distribution de la page de garde qui dans le classeur ou le cahier marquera le début du projet. Il est nécessaire pour faire entrer les élèves dans un projet spécifique que celui-ci se matérialise par un document. 2. Première observation : comment naissent les mots ? A partir de l'article de dictionnaire "avion" projeté. avion /avjɔ̃/ masculin Véhicule et moyen de transport aérien plus lourd que l’air doté d’un organe propulseur et d’une voilure fixe. Ce mot est au départ un nom propre, créé vers 1875 par son inventeur Clément Ader, à partir du mot latin avis (« oiseau ») et du suffixe -on (brevet déposé en 1890). Quand le mot “avion” a-t-il été créé ? Pourquoi à cette date ? Comment ce mot a-t-il été formé ? - Reformulations orales pour aboutir à une formulation voisine de « pour désigner une invention nouvelle, on crée un mot à partir d'une racine latine, vieille de plus de deux mille ans. » - Faire trouver des mots de la famille avis : avicole (exploitation, exposition avicole, par exemple) et surtout aviaire (pourquoi parler de « grippe aviaire » ?) et les faire employer oralement dans des phrases Retenons : « Le mot « avion », a été créé à partir du mot latin, avis, qui veut dire « oiseau ». On a craint la grippe aviaire qui était transmise par les oiseaux. » 3- Observation 2 : l’histoire d’un mot A partir de ce texte projeté ou écrit au tableau : Le mauvais temps aurait pu en décourager plus d'un, mais il n'en a rien été. Pas moins de 165 vététistes et randonneurs se sont retrouvés pour la randonnée annuelle des Chevreuils. Reconstitution de l'histoire du mot "vététiste". Questionnement oral à la classe, et connaissances introduites par le professeur (pas de recours au dictionnaire).Mots écrits au tableau. On remonte aux origines du mot avec la classe - Un vététiste : une personne qui pratique le V.T.T. ↘V.T.T. : Vélo Tout Terrain : Bicyclette robuste qui permet de rouler sur un terrain accidenté, pour les traversées de bois. ↘Vélo : abréviation de vélocipède ↘Vélocipède : 1829 : du latin velox : rapide et pèd : pied : « rapide pied » étymologiquement, au départ appareil à deux roues, que l’on fait avancer par ses pieds. Ensuite on a ajouté des pédales. Faire reprendre en sens inverse en indiquant la nature de la modification. Vélocipède /vélo/ vélo tout terrain /VTT /vététiste Retenons : « Les mots disparaissent (vélocipède), se réduisent (vélo), naissent (VTT, vététistes). » Observation 3 : Qu’est qu’une souris ? Questionnement oral à la classe pour faire émerger la polysémie (le mot « polysémie » n’est pas à ce moment indiqué ni enseigné aux élèves). Une souris : -petit mammifère rongeur. Faire produire une (des) phrase(s) oralement - en informatique petit mobile que l'on fait bouger manuellement pour désigner un point ou une zone sur l'écran. Faire produire une (des) phrase(s) oralement Faire formuler ce que montre cet exemple : « Un mot peut prendre un sens nouveau, peut avoir plusieurs sens. » Comment comprendre la phrase « Ma souris m’attendait sagement sur mon bureau » ? Retenons : « Un mot peut prendre un sens nouveau, avoir plusieurs sens. Une « souris » est un petit rongeur et un outil informatique. » Conclusion de la séance - Ecriture du titre de la leçon : « Le français, une langue vivante » (faire explorer « vivante » souvent confondu par les élèves avec « étrangère » : qui vit, évolue) au-dessus de la leçon du jour - indication du travail pour la prochaine séance Relire et savoir la leçon Résoudre l’énigme du jour : Qu’est-ce qu’un « pourriel » ? Qu’est-ce qu’un « maliciel » ? - interrogation orale finale à la classe : Pourquoi peut-on dire que vous allez devenir des « jardiniers des mots » ? Leçon 2 : Familles de mots (construction régulière sans changement de radical) Présentation de la leçon Objectifs -entraîner les élèves à reconnaître une famille de mots et son radical, à développer un radical en une famille de mots - faire acquérir l’habitude de recourir au radical pour comprendre le sens d’une expression dans une phrase Remarques complémentaires : « Une famille de mots est l’ensemble des mots dérivés et des mots composés construits à partir d’un mot de base » : on n’entrera pas avec ces jeunes élèves sur la différence entre « dérivés » et « composés ». On commence, de manière à être accessible à tous les élèves, par les familles de mots régulières, c’est-à-dire sans changement de radical. La notion de mot de base, « radical » est présentée après celle de famille de mots, (« C’est la famille du mot…), plus facile pour les élèves. Le but n’est pas de faire apprendre « par cœur » des définitions (« famille de mot », « radical », etc.) mais de rendre les élèves capables d’utiliser cette appartenance d’un mot à une famille, pour, en reconnaissant le radical, mieux comprendre un texte et mieux s’exprimer à l’écrit. On rappelle ici que la notion de famille de mots présente de nombreux intérêts qu’explorent les exercices proposés : * Intérêt orthographique (souvent traité actuellement en classe) - un même mot conserve la même base écrite d’un mot à l’autre : « cœur », « écœuré » - grâce aux mots d’une même famille on peut trouver par quelle lettre muette finit un mot. “marchand” prend un « d » comme “marchander” * Intérêt en compréhension de texte et en expression écrite (plus rarement mobilisé en classe) La nominalisation, l’adjectivation, l’adverbialisation, le retour au verbe de base sont à la fois des moyens de comprendre dans les textes des énoncés complexes, et en écriture d’enrichir l’expression. = = = = = = = = = = Démarche pédagogique proposée pour la séance On propose des exercices : les professeurs y puiseront de manière que les trois temps de la séance (du radical à la famille/de la famille au radical/intérêt de sens de la famille de mots) soient traités. Le contrôle de leçon et la correction du travail à faire ne doivent pas durer… 1. Contrôle du travail donné Contrôle oral rapide de la précédente leçon Pourquoi peut-on parler de « jardinier » ? Qu’avons-nous appris la dernière fois ? Ne pas demander une « récitation par cœur » mais poser des questions (Qui peut redire l’histoire de vététiste ? d’avion ? Etc.) Résolution de l’énigme du jour « Un maliciel est un logiciel malveillant, qui veut du mal à un ordinateur. Le mot a été formé à partir de « mal » et de « logiciel », et vient de naître. Pour les professeurs : Un maliciel (malware) est un logiciel développé dans le but de nuire à un système informatique. Les maliciels, ou logiciels malveillants, sont conçus afin d’infiltrer un ordinateur et d’y effectuer des activités non autorisées. Par logiciel malveillant on entend, par exemple, les virus, les vers, les chevaux de Troie, les logiciels espions. « Le pourriel, ou spam en anglais, désigne les messages électroniques qui envahissent les messageries, souvent pour des publicités.» Courrier ↘courrier +électronique = courriel ↘pourri + courriel = pourriel Pour les professeurs : Le pourriel par courrier électronique est le type de pollupostage le plus répandu. Le coût d'envoi d'un courrier électronique étant négligeable, il est facile d'envoyer un message à des millions de destinataires. Les destinataires assument le coût de réception et de stockage en boîte aux lettres, ce qui peut causer des coûts non négligeables aux prestataires de services, à cause du volume pris par le pourriel. Contraction (mot-valise) des mots courrier et électronique, permettant l’apparition du suffixe -iel, ce qui crée une sonorité semblable à celles d’autres termes informatiques (logiciel, ludiciel, plugiciel, etc.). Ce terme a été proposé par l’Office québécois de la langue française dans les années 1990. |