Le Dr J. F. Jeannel, réalisateur de la première poste aérienne





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Le Dr J. F. Jeannel, réalisateur de la première poste aérienne



LE DOCTEUR Julien François JEANNEL (1814-1896) PHARMACIEN EN CHEF DE LA GARDE IMPÉRIALE, RÉALISATEUR DE LA PREMIÈRE POSTE AÉRIENNE.

(METZ 1870)

J.M. Rouillard - P. Fauveau
L'anniversaire de la douloureuse période de 1870 a été également l'occasion de rappeler le rôle joué par la poste aérostatique.

Tout le monde connaît l'histoire glorieuse des ballons de Paris. «Grâce aux aéronautes du Siège, les évènements auraient pu connaître une autre issue» (J. Lasserre - 14). «Sans eux, la défense nationale n'aurait pas existé, le sort de la France aurait été tout d4fférent et en conséquence, la face du monde aurait été changée». (Ch. Dollfus 6-7).

Mais ce n'est pas minimiser le rôle des aéronautes du Siège, si nous rappelons que les premiers ballons postaux sont partis de Metz investie près de trois semaines avant les premières tentatives parisiennes.

Après les publications de Monsieur Ch. Oehmke dans le «Pays Lorrain» (23), de Monsieur Louis Lutz (16-17) dans «Mes amis Mosellans, puis dans le Bulletin des, amis du Musée postal, et celle faite ici même par Monsieur Dreyfuss (9), ce fut l'exposition philatélique et historique de Metz en 1970 qui révéla au grand public et à la presse non spécialisée, la priorité de notre cité dans l'aventure de la poste aérostatique. (Voir Républicain Lorrain du 21-3-7 1).

En effet, précise Monsieur Lutz (18) dans la brochure de cette exposition, ce eut le 5 Septembre 1870 que fut créée à Metz la première poste aérienne officielle et régulière, qui tout en restant modeste, remplit parfaitement son service. Elle était officielle, car le 2 Septembre 1870, le Maréchal Bazaine, Commandant en Chef de l'Armée du Rhin, approuva la suggestion de Jeannel. Elle était régulière, car chaque jour, si le temps le permettait, un ballon quittait Metz. Enfin, elle était la première, car Paris assiégé ne fit partir son premier ballon postal que le 23 Septembre.
F,arcot assistant ce jour à l'ascension du Neptune avait donc tort d'écrire . «La poste aérienne était désormais fondée et nous avions l'honneur, en même temps que la joie, d'en avoir fait partir le premier courrier». (Dolfus - Maincent-- Cohn - 7). A sa décharge, il ne connaissait vraisemblablement pas à cette date l'aventure des ballons de Metz. Mais à la rigueur, il aurait pu en être informé car des papillons de Metz étaient arrivés à Paris le 18 Septembre, la veille de l'investissement et, certains bénéficiant cette fois-ci de la poste aérostatique de Paris et de la première «correspondance postaie», devaient être réexpédiés en province le 25 Septembre 1870 par le «Citta di Firenze» 2c ballon du Siège. (Doilfus - Maincent - Cohn - 7).

S'il est difficile de déterminer qui est le premier à avoir imaginé, ou... rêvé la poste aérostatique, il est bien établi dorénavant que le premier réalisateur en fut le Docteur Jeannel, Pharmacien en Chef de la Garde Impériale pendant le blocus de Metz.
Pourquoi plus de cent ans après ces événements, désirons-nous rappeler quelques étapes de la vie de Julien-François Jeannel ?

Nous avouons, qu'attachés par des liens familiaux et amicaux à Jeannel et à sa famille, ayant ainsi, grâce aux traditions et documents familiaux, l'occasion de mieux cerner sa personnalité, nous avons eu la tentation d'évoquer la vie et la carrière d'un officier du Service de Santé, qui participa d'une façon positive et originale à la vie de notre cité à une des périodes les plus tragiques de son histoire.

Nous pensons que l'Académie de Metz est le lieu privilégié pour le faire, nous souvenant que Grellois, qui fut son dernier Président avant la tourmente de 1870, et dont la vie a été retracée ici en 1972 par notre Confrère Bolzinger (2), estimait que Jeannel «s'était acquis des droits particuliers à la reconnaissance de la population Messine» (1 1).

Nous avons en outre jugé que dans la malheureuse histoire du Siège de Metz, il pouvait être intéressant d'insister sur un des aspects non décourageant qui fut une petite victoire de l'imagination, de l'ingéniosité et une victoire remportée par le Service de Santé sur un terrain qui n'était cependant pas le sien.

Enfin, nous croyons le moment venu de réparer un oubli, une erreur et une injustice. Depuis 195 1, une des rues du Sablon rappelle l'histoire des ballons de Metz. Elle porte une plaque «G. Robinson, créateur de la poste aérienne - Blocus de Metz, 1870». Or, il est bien établi par les travaux de L. Lutz (1 6-17-1 g-), de Dreyfuss M.G. (9) et plus récemment encore par ceux de Cohn E.M. (4-5) que Robinson s'est attribué indûment l'invention des ballons postaux dont il n'eut ni la priorité -d'idée, ni celle de la réalisation.

Comment résumer la vie d'un homme aux multiples dons et aux activités très diverses :

Il fut à la fois pharmacien militaire, médecin, éminent chimiste et hygiéniste écouté. Il se distingua dans plusieurs campagnes, où, sorti de son Laboratoire, il lut comme à Medea et à Metz un «bricoleur de génie». Philosophant à la fois contre le rationalisme, la superstition et les charlatans, il sut être un redoutable polémiste, à l'humour acide. Il fit également un universitaire et contribua par ses préoccupations pédagogiques et ses publications au développement et au renom des Ecoles et Facultés dans lesquelles il enseigna. Il fut parmi les créateurs d'un Organisme de solidarité médicale qui prospère encore aujourd'hui. Enfin, au soir de sa vie, il se lança dans l'analyse littéraire et ... l'écologie.

Nous avons pensé qu'après une brève revue de sa vie familiale, le mieux était de reprendre en le complétant un exposé de titres et travaux qu'il avait lui-même rédigé en 1870 en vue, sans doute, d'une candidature universitaire, compromise par le déclenchement des hostilités. De cette façon, nous risquerons moins d'être responsable d'une trahison à titre posthume.

Julien François Jeannel (1 814-1896), était le second fils de Charles François Jeannel (1 780-184 1) modeste employé à Paris et de Marie Anne Vasseur (1 781-185 1).

Le Fils aîné s'appelait Louis Charles (1 809-1886). Il devint professeur de lettres à la Faculté de Montpellier. Il eut treize enfants de Marie-Thérèse Abribat.

Louis Charles et Julien François firent d'excellentes études secondaires à Paris et reçurent une instruction générale très poussée.

Julien François épousa en 1846 à Bordeaux Anne Renée Ruelle (1 826-192 1). lis eurent deux fils : Charles Gabriel (1 846-1913) qui devint Lieutenant-Colonel d'Artillerie, et François Louis Maurice (1850-1918) « Carabin Rouge » de Strasbourg en 1870, puis chirurgien et professeur à la Faculté de Médecine de Toulouse, qui épousa en 1876, Berthe Legay, dont il eut neuf enfants.

Leur fils aîné, René Jeannel (1 879-1965) naturaliste distingué, fut un des promoteurs des études spéléologiques en France. En 195 1, il était Directeur du Muséum d'histoire Naturelle à Paris, après avoir occupé la Chaire de Cuvier.
Une des filles, Yvonne, épousa en 1902 à Toulouse, un officier forestier, sorti de l'Ecole de Nancy, Joseph Fauveau, qui devint Conservateur des Eaux et Forêts à Besançon et finit Inspecteur Général.

Outre ses enfants, Julien François Jeannel éleva trois neveux orphelins ; et ceci, bien que sa position de fortune eût été fort modeste, si l'on en croit un rapport de police qui Figure à son dossier de Légion d'Honneur.

Dans le Larousse Encyclopédique de 1962, la carrière de Jeannel est résumée de la façon suivante:

« Pharmacien militaire né à Paris en 1814, décédé à Villé@franche- .@tIr-Mer, Alpes Maritimes en 1896. Il s'est distingué en Algérie (Medea, 1840) et pendant le Siège de Metz (1870), où il fabriqua l'hydrogène nécessaire aux aérostats ».

Il s'agit bien ici d'une biographie sommaire, destinée à un grand dictionnaire, que nous allons essayer de compléter en suivant, comme nous l'avons dit plus haut, son exposé de titre arrêté en 1870, tout en mentionnant ce qui concerne la période postérieure à cette date, et qui présente un grand intérêt.

C'est par une thèse de Doctorat en Médecine, dédiée à son frère, Professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier, que Jeannel inaugure en 1 838 sa carrière universitaire, complétant ainsi son titre de Pharmacien militaire acquis en 1835 comme Lauréat (premier prix) au concours de fin d'année.

Cette thèse, soutenue à Paris, est selon toutes les apparences, une thèse de circonstance, portant sur. « La guérison des hernies abdominales des adultes par simple application de bandage ». On peut être certain que les préoccupations développées dans cette thèse n'entraîneront aucune insomnie au cours de la carrière de Jeannel, qui, en tant que militaire, fut un Pharmacien et dont l'activité médicale civile a été essentiellement celle d'un hygiéniste, d'un pédagogue, d'un mutualiste et d'un... syndicaliste. Mais dans cette activité civile, il est évident que Jeannel, non possesseur d'officine, se considéra beaucoup plus comme un médecin que comme un pharmacien.

Entre deux campagnes et détachements, il effectue l'essentiel de sa carrière universitaire à l'Ecole de Médecine de Bordeaux, comme Professeur suppléant de chimie et, de matières médicales ; puis, comme titulaire de la chaire de thérapeutique et de matières médicales.

En 1845, nous le retrouvons comme attaché temporaire à l'Hôpital Militaire d'instruction de Strasbourg, où il est chargé par intérim du cours de Chimie et de Physique médicale.

Il ne semble pas qu'il ait professé à l'époque à la Faculté proprement dite.

Mais il faut noter, que dès 1838, alors qu'il était en garnison dans l'Est à Colmar, Sarreguemines et Phalsbourg, il avait rédigé un mémoire pour un concours d'agrégation ouvert pour la chaire de chimie de la dite Faculté de Strasbourg, mémoire portant sur: « Les lois générales communes à la chimie organique et à la chimie anorganique».

Il n'est peut-être pas abusif de penser qu'il soutint peu auparavant sa thèse de Doctorat en Médecine pour essayer d'accélérer à un grade dans la Faculté de Strasbourg, qui à l'époque, était, rappelons-le, une des trois, seules Facultés de Médecine de France avec Montpellier et Paris.

Nous ignorons ce qu'il advint de ce concours ; peut-être ses obligations militaires consécutives à la Campagne d'Algérie, vinrent-elles mettre fin à ses ambitions universitaires strasbourgeoises.

Car, après la campagne de 1840 en Algérie, nous le retrouvons presque aussitôt à Bordeaux où lui furent confiées des fonctions professorales. Et c'est là qu'il se maria, en 1846 avec la Fille du Directeur des Contributions Indirectes.

Après la Campagne de Crimée (1854-1855), c'est toujours à Bordeaux, où résidaient sa femme et ses enfants, qu'il retourna jusqu'en 1869 ; il y accomplit la partie la plus féconde de sa carrière scientifique et le Journal de Médecine de Bordeaux, dont il était Membre du Comité de rédaction lui servit de tribune pour une grande partie de ses publications.

En 1869, il était nommé Pharmacien en Chef à l'Hôpital St-Martin à Paris, où il rédigea et fit imprimer son « Exposé de titres » Services et Travaux Scientifiques (12), ce qui laisse supposer dans son esprit de nouvelles ambitions universitaires, que la guerre de 1870 allait inter- rompre une fois de plus.

Et c'est ainsi que nous le retrouvons à Metz, comme chef du Service Pharmaceutique au Quartier Général de la Garde Impériale, commandée par Bourbaki.

Jeannel reprendra des fonctions universitaires en 1876 comme Professeur de la thérapeutique et de matières médicales à la Faculté libre de Médecine et de Pharmacie de Lille. Elu Sénateur par ses collègues, il les représenta pendant deux ans au Sénat Académique. C'est à Lille qu'il terminera sa carrière universitaire en 1884, comme Professeur honoraire.

Selon le Doyen Liefooghe qui a eu l'amabilité de nous communiquer ces renseignements, il prit une place prépondérante dans la mise en route des activités universitaires et hospitalières de la Faculté de Lille. Il fut chargé de la direction du Service Pharmaceutique de l'Hôpital Sainte- Eugénie, en cette ville, tout en étant égaiement Président de la Commission des Dispensaires.

D'après tout ce qui précède, chacun pourra se rendre compte que ce n'est pas un simple bricoleur qui devait lancer dans le ciel de Metz, en Septembre 1870, les premiers ballons postaux, mais un chimiste et un universitaire éminent, dont la curiosité d'esprit toujours en éveil, savait s'appliquer selon les circonstances à des domaines apparemment étrangers à sa discipline, où sa compétence étendue et sa culture générale très poussée, lui permirent d'être original et efficace.

Mais n'oublions pas que Jeannel fut aussi un militaire et que c'est la raison de sa présence à Metz aux jours sombres de 1870. Ce fut un des nombreux officiers qui honorèrent le Service de Santé en menant parallèlement une carrière scientifique et militaire.

La vie militaire de Jeannel commence comme pharmacien élève de l'Hôpital d'instruction du Val de Grâce, en 20 Novembre 1832. Il est lauréat (deuxième prix) du concours de fin d'année en 1833. Il est lauréat (premier prix) à celui de 1835. Il est alors Pharmacien sous aide à Lille. On le vit, durant les années qui suivirent, séjourner dans plusieurs garnisons de Lorraine et d'Alsace.

Sa première campagne eut lieu, en Algérie, en 1840. Il devait d'emblée s'illustre : le 18 Février, il se voyait affecté au Service des Ambulances dans l'Armée du Maréchal Valée (1 773-1846).

Voici comment l'attention du haut commandement devait se porter sur le jeune pharmacien aide-major Jeannel, âgé de vingt six ans.

Le 12 Mai 1840, le Général Duvivier livrait le combat du col de Mouzaia. Ce fut une glorieuse victoire, à laquelle participèrent Lamoricière, le Due d'Aumale, et le Duc d'Orléans. Elle permit au Maréchal d'occuper la ville de Medea, sans coup férir, car tous les habitants s'en étaient enfuis. Le Général Duvivier se vit confier la charge de la garder avec deux mille hommes comprenant de l'infanterie (le 23e de ligne), de l'artillerie, du génie et des services administratifs.

Nous tirons principalement nos renseignements sur cette campagne, d'un récit manuscrit en provenance du 23e de ligne et précieusement conservé.

Le gros de l'armée s'éloigna en direction de Miliana. Medea fut alors attaquée en force par Abd-el-Kader et encerclée. Les arabes rirent preuve d'une intrépidité extraordinaire, mais ne purent enlever la place -

« On vit des Chefs à pied ou à cheval, venir se faire tuer sur les ouvrages. Deux d'entre eux portaient des décorations d’Abd-el-Kader. Et ces décorations furent offertes par la suite au Due d'Orléans par le 23e de ligne ».

L'ennemi n'ayant pu s'emparer de Medea, tint cependant la place très étroitement bloquée.

Or, les assiégés ne disposaient que de faibles ressources alimentaires. Il y avait 528 têtes de bétail, mais nul fourrage pour les nourrir. Ce fut alors, qu'intervenant dans le domaine de l'intendance, le Pharmacien aide-major Jeannel proposa d'abattre les bête encore saines et d'en faire de la viande fumée ; et de produire avec les boeufs morts ou malades, des tablettes de bouillon. S'inspirant de ce qui se pratique dans le Nord de l'Europe, et en particulier dans nos campagnes lorraines, où l'on rend imputrescible, par fumigation lente, de grandes quantités de viandes, son idée est de réaliser une fumigation rapide par carbonisation sur bois, en tranches minces. Le Général Duvivier donna son accord. Jeannel installa des chambres à fumigation dans les bains maures et comme combustible, il utilisa des matériaux prélevés sur les maisons abandonnées. En outre, il fabriqua à partir des boeufs morts, une sorte de gélatine, qu’il ne faut pas confondre avec le produit nommé gélatine par les chimistes. La gélatine de Medea est un extrait de bouillon préparé avec tout ce que le boeuf mort, ou sur le point de l'être, peut céder à l'eau bouillante.

Ainsi, selon le rapport de Jeannel, (CF. le « Recueil de Médecine et de Pharmacie Militaire », Paris, 1841, chez Maquet p. 263 à 209) se développa.- « L'activité d'une grande usine en pleine exploitation, derrière un rempart que l'on se hâtait d'élever... ». L'usine réussit à produire: 16 quintaux de viande fumée ou d'extrait de bouillon. La viande fumée permit à la. garnison de se maintenir pendant 45 jours. Quant aux tablettes de bouillon, réalisées à Medea dans les circonstances les moins favorables et avec les moyens les plus imparfaits, elles ont été une ressource alimentaire importante et les ravages de la famine en furent diminués. Quand le Général Changarnier débloqua la place le 29 Août

1840, après trois mois de siège, la colonne de ravitaillement trouva une garnison exténuée, mais qui tenait encore grâce à ces « rations de survie ».

L'Historien du 23e de ligne conclut modestement par ces mots: « Chacun avait fait son devoir ».

Jeannel fut à l'honneur. il reçut une lettre de félicitation du Ministre de la Guerre, le Maréchal Jean de Dieu Soult, Duc de Dalmatie, lettre ainsi conçue:

« Il ma clé rendu compte, Monsieur, des services que vous avez rendus à Medea, en août dernier. J'ai lu avec le plus vif intérêt les détails qui m'ont été, fournis sur l’énergie et le dévouement éclairé avec lequel, mettant à profit vos connaissances en chimie, vous avez créé des ressources pour alimenter la garnison de Medea et la préserver dit désespoir. Je vous en témoigne toute ma satisfaction et je chercherai en toute occasion à vous tenir compte de voire belle conduite ».

Au bas de l'acte on lit

Le Président du Conseil, Ministre de la Guerre, Marcchai Duc (if-, Dalmatie, Paris, It, 15 Janvier- 1841.

Peu après, en 1842, Jeannel était nommé Pharmacien Major à Toulouse. Il fut sensible à cette promotion. Le 16 Mai 1843, il est Pharmacien en Chef à l'HÔpital Militaire de Bordeaux, où il poursuit ses activités universitaires et scientifiques et ne peut s'empêcher, dans certaines polémiques, de laisser s'exercer son esprit combatif.

Devenu Pharmacien Principal de seconde classe, il est nommé en Mars 1854 : Pharmacien en Chef de l'Armée d'Orient. Nous trouvons dans l'ouvrage de Balland (1) qui fut aussi Pharmacien Inspecteur de l'Armée dans la rubrique consacrée à Jeannel, un passage relatant son action en Crimée: « Jeannel écrit-il, se.fil remarquer pendant lts.joiir.@ ait, deuil qui jetèrent la consternation dans le camp de Varna... ».

Le 20 Septembre 1854, c'est la bataille de l'Alma. Français et Anglais battent les Russes. Le lendemain, 21 Septembre, Jeannel reçoit là croix de chevalier de la Légion d'Honneur, en récompense des services rendus depuis le commencement des hostilités.

De retour en France, Jeannel revient à Bordeaux et en profite pour

écrire un petit opuscule, où il ne relate ni sa campagne, ni ses exploits militaires, mais où il décrit sur un ton, en général badin, des récits anecdotiques sur son « Excursion en Circassie » (Bordeaux, 1856, Imprimerie Générale de Madame Crugy).

C'est tout de même l'occasion pour l'hygiéniste confronté avec les ravages des épidémies, en particulier celle du choléra, d'exposer sa doctrine sur l'hygiène des hôpitaux, doctrine qu'il développera à plu- sieurs reprises dans ses conférences ou ses publications, y compris lors du Blocus de Metz.

Visitant l'Hôpital russe de leni-Kale et admirant ses installations, Jeannel explique. « J'ai constaté que les châlits en bois peints à l'huile nitraient aucune trace de vermine - et que les salles étaient propres et bien aérées. Jinsiste sur un détail qui me paraît particulièrement intéressant : c'est que dans cet Hôpital, il n'existait pas de grande salle ».

Les malades étaient dans des chambres de dix à douze lits. C'est là précisément tc, système le plus avantageux, sous le double rapport du bien- être du malade et de-la bonne exécution du service. Et chez nous, le vieil usage, des salles nombreuses est loin malheureusement d'avoir fait son temps... ».

« Les Hôpitaux les mieux construite n'offrent jamais assez d'air pur aux malades,- et sij'étais le maître, j'ordonnerais d'enlever pendant l'été, le châssis des fenêtres de tous les Hôpitaux. Je suis persuadé que par cette seule ordonnance, je sauverais la vie à plus de malades. Pour un malade qui mourait de fluxion de poitrine, je serais scii- de sauver cent cholériques et autant de diphtériques, sans compter les amputés, que 4air des salles closes empoisonne infailliblement... L'hiver, je fermerais les fenêtres, à une condition, qid'il'me fût possible d'introduire dans les salles, par les poêles des cheminées d'appel de Pechei, une telle quantité d'air modérément éf@hat@ffé, que l'odeur du malade y fut toujours insensible... Pour certains économistes, la perfection hospitalière, c'est la réunion des malades et plus grand nombre, dans le plus petit espace. Pour moi, l'idéal de la perfection, c'est l'isolement des malades, afin qu'ils ne s'in cteni pas .fe les tins les autres... ».

En commentaire, notons que malgré l'évolution de la technique, ces questions sont toujours d'actualité. On a récemment sous prétexte d'économie d'exploitation, construit d'immenses « forteresses hospitalières ». Mais de plus en plus triomphent les partisans de cités hospitalières plus modestes, mais aussi plus humaines.

En 1869, à la veille du conflit franco-allemand, Jeannel reprend une théorie analogue dans une conférence faite à la Faculté des Sciences de Bordeaux, et curieusement intitulée: « De la régénération de vers à soie par l'éducation en plein air et de l'hygiène des hôpitaux en temps d'épidémie » ; publiée à Paris chez J.B. Baillière en 1869. Dans cette Conférence, Jeannel s'élève contre certains principes de Pasteur, concernant l'élevage des vers à soie. Il semble que Pasteur se soit opposé à la méthode d'élevage en plein air, à fenêtres ouvertes, que Jeannel préconise et il se fait violemment attaquer par celui-ci. Nous ne prendrons pas parti dans cette querelle ; et nous n'aurions pas mentionné ce travail, si dans un deuxième volet, l'auteur n'eut présenté ainsi sa thèse à la veille du conflit Franco-Prussien: « Les considérations générales dans lesquelles je suis entré au sujet de l'élevage des vers à soie, offrent dans l'hygiène publique, une connexité frappante, dont je voudrais effleurer devant vous une question bien autrement importante, celle de l'hygiène publique en temps d'épidémie ».

Et Jeannel en revient à la campagne de Crimée où à Varna en Août 1854, on avait converti en Hôpital une vaste caserne turque qui contenait 500 lits. Cet Hôpital était devenu un foyer cholérique si terrible qu'il y mourait cent vingt cinq malades par jour, sans compter le personnel administratif et médical. Au plus fort de cette épidémie, 1.200 cholériques nouveaux sont débarqués par la flotte ; et l'administration complètement débordée, organise au bord de la mer, un hôpital sous tentes, tout en déplorant cette misère... On était ainsi obligé de loger sous des abris incomplets tant de malheureux, qui semblaient voués à une mort certaine. Mais l'évènement ne justifia point ces craintes ; bien au contraire, car dès les premiers jours, la mortalité était bien moindre sous les tentes que dans la caserne. Fort de cette constatation, l'hygiéniste de l'Armée M. Michel Levy, décide aussitôt l'évacuation de la caserne ; et l'installation des malades sous la tente. Le lendemain, le chiffre des morts n'était plus que de cinquante. Et, le surlendemain, de vingt cinq. Dix jours après, le chiffre tombait à cinq ou six.

Jeannel poursuit en rappelant ce qu'il écrivait de Varna le 15 Août 1854 :
« Si tous les cholériques étaient soignés sous des tentes, à raison de deux à trois malades par tente de 16 soldats, il est évident que les pertes de l'armée eussent été diminuées de moitié...
Cela n'empêchera pas, que si dans quelques années, le choléra reparaît parmi nos troupes, ou dans nos populations des villes de France, on s'empressera d'entasser les malades, comme dans le passé, dans de beaux hôpitaux en maçonnerie, bien que l'air en soit empesté ; et si quelqu'un des témoins de ce qui vient de se passer ici, ose conseiller de faire des camps-hôpitaux à l't4sage des cholériques, civils ou militaires, prétendant que, d'après la grande expérience de Varna, c'est le moyen le plus sûr de diminuer la mortalité parmi les malades et de sauver le personnel, il ne manquera pas d'administrateurs décorés de plusieurs ordres, qui élozifferoni sa voix, et qui prouveront au public, à la majorité des suffrages, que ce serait chose absurde et inhumaine de faire coucher sous un misérable abri de toile, des cholériquesjioids et cyanosés. (Voyez le Journal de Médecine de Bordeaux, 1858, p.57).
Jeannel, il est bon de le souligner, reconnaît dans sa conférence de 1869, que l'administration militaire n'a pas mérité les reproches qu'il lui adressait d'avance et qu'elle s'était empressée depuis peu d'organiser des Hôpitaux dans des baraques, particulièrement en Algérie. Et, il rap- pellera également que la Commission Administrative de l'Hôpital de Bordeaux n'a pas hésité à procéder à l'évacuation de la maternité et à la dissémination des femmes en couches toutes les fois que l'Hôpital a été envahi par des épidémies de fièvre puerpérale.

S'appuyant sur les expériences des Anglais en Crimée, des Américains pendant la guerre de sécession et des Prussiens pendant la Campagne de 1866, Jeannel croit pouvoir conclure :

« L'isolement dans des habitations saines et bien aérées est l'idéal hygiénique pour les malades, les blessés ou les opérés. Les grands hôpitaux en maçonnerie sont condamnés à disparaître. Les petits hôpitaux, aussi peu peuplés que possible, valent beaucoup mieux que les grands - lorsqu'on est obligé de soigner à la fois un grand nombre de malades, les baraquements ou les lenteç sont préférables aux édifices en maçonnerie, les baraques pouvant être chauffées pendant l'hiver. En temps d'épidémie tous les hôpitaux doivent être remplacés par des tentes ou par des baraques.

Bien sûr, cent ans ont passé depuis ces affirmations. Il n'y a plus de grandes épidémies, du moins en Europe, et il ne viendrait plus à l'idée de personne d'installer, sauf en temps de guerre, des hôpitaux « flottants ». Mais s'élèvent encore en Chambière, les baraquements édifiés au début du siècle lors d'une épidémie de variole et qui étaient occupés jusqu'à ces dernières années. Nous avons réussi, mais dans une certaine mesure seulement, à juguler les épidémies hospitalières, mais nous avons encore connu le pronostic mauvais de la rougeole soignée à l'Hôpital, alors qu'elle était bénigne à domicile. Les antibiotiques ont transformé la situation ; mais nous voyons à nouveau se développer des menaces d'infection hospitalière par suite de la résistance accrue de certains germes à ces mêmes antibiotiques. Et tout récemment, la grande presse a révélé comment l'infection hospitalière a obligé l'administration à fermer certains secteurs d'un grand C.H.U.

En Juin 1869, Jeannel est nommé Pharmacien en Chef à l'Hôpital Militaire Saint Martin à Paris.

Il y prépare, vraisemblablement, une candidature à un poste au Val de Grâce où à l'Université, car nous l'avons vu, il fait imprimer à cette époque son exposé de titres.

Mais survient le conflit franco-allemand, en Juillet 1870. Jeannel se retrouve à Metz, Chef du Service Pharmaceutique du quartier général de la Garde Impériale. C'est en tant que tel qu'il tiendra, à l'école d'instruction' durant le siège, une conférence où il exposera ses théories sur l'hygiène des hôpitaux et la meilleure manière d'enrayer une épidémie. Le 29 Octobre 1870, après la capitulation, il est pharmacien en chef de la caserne du Génie. Le 4 Novembre 1870, Jeannel est devenu chef du Service Pharmaceutique des Hôpitaux de Metz ; ville qu'il est autorisé à quitter le trois décembre, en vertu de la Convention de Genève. Il terminera la campagne comme Pharmacien en chef de la 2ème armée de la Loire, avant d'être réaffecté à l'Hôpital Militaire Saint Martin à Paris,. le 12 Mars 18 7 1, à la veille de la Commune.

Mais revenons à ce séjour qu'il fait dans notre bonne ville de Metz, puisque c'est la raison même de notre propos.

Des circonstances exceptionnelles, le Siège de la Ville par les troupes allemandes, allaient lui permettre d'exercer ses connaissances en chimie et en physique pour l'amener à communiquer avec la France, par dessus les lignes ennemies, en établissant pour la première fois dans l'histoire un moyen régulier de communication postale par air.

L'épisode est celui des « Ballons de Metz », ou plus précisément celui des « Ballons des Pharmaciens ».

L'histoire complète de ces ballons a déjà été faite en France et à l'étranger et exposée ici même, par des personnalités, plus qualifiées. Notre intention n'est pas de revenir sur les détails de l'opération, mais d'en faire ressortir tout l'intérêt, en précisant le rôle joué par Julien Jeannel.

Il y a querelle sur la primeur de l'invention, mais la question semble définitivement réglée aujourd'hui. Voici quelques témoignages choisis parmi les plus récents :
« Nous croyons pouvoir affirmer que c'est bien le Pharmacien Jeannel avec le Docteur Papillon, qui sont les inventeurs el les premiers réalisateurs de la poste aérienne,- el que Metz afail à Monsieur Robinson, un honneur immérité en donnant son nom à une rue de la Ville. (Louis Lutz 1953-16)

Et du même en 1968, « Il est difficile de déterminer, qui le premier, a envisagé 1.utilisation de ballons pour le transport des lettres. Est-ce le Docteur Papillon, le Capitaine Schultz, Robinson, ou tout autre ?

Par contre, nous pouvons déclarer, sans crainte de nous tromper, que le premier réalisateur était bien le Pharmacien en Chef Jeannel ; et que Robinson, peut-être très bon journaliste et adroit constructeur de ballons, était toutefois peu scrupuleux quand il écrivait ses lettres clandestines sur l'enveloppe des ballons, el quand après son retour en Angleterre, le 10 Novembre 1870, il rédigea ses mémoires. Robinson n'est pas le créateur de la poste aérienne. Je crois que ce point devait être fixé ». (1 7)

Reprenant cette argumentation dans la préface de la « poste pendant le Siège » dans la plaquette de l'exposition Philatélique et Historique de Metz, des 26 et 27 Septembre 1970. Lutz ajoute: « Nous insistons sur ces .faits, parce que la ville de Metz a donné en 1951, sur la proposition de Monsieur A. Bellard, à une rue de Metz , le nom de « Georges Robinson - créateur de la poste aérienne, Blocus de Metz 1870 ». Nous n'avons rien contre une rue Georges Robinson, mais un Georges Robinson correspondant de « The Manchester Guardian » pendant le Siège de Metz et non créateur de la poste aérienne. L'inventeur de la poste aérienne fut le Docteur Papillon, Médecin aide-Major à l'ambulance de la Garde Impériale et le premier réalisateur fui le Pharmacien en Chef Jeannel, et tous les deux étaient bien français ». (1 8)

Ajoutons, quant à nous, français et... médecins... Notre Collègue M.G. Dreyfuss en 1966, ici même, relatait
« C'est noire bonne ville de Metz, qui témoigna d'ailleurs la première de cet esprit inventif Dès le 6 Septembre 1870, en effet, soit moins de trois semaines après le début du Siège, le premier ballon poste imaginé par 'un Pharmacien nommé Jeannel, fut lancé avec l'approbation de Bazaine » (9)

Enfin, plus récemment, Monsieur E.M. Cohn (5), haut responsable de la N.A.S.A. en collaboration avec Ch. C. Harmer après avoir fait un sort aux prétentions de Georges Robinson, explique comment après délibération du Conseil Municipal de Metz, en date du 2 Juin 1950, sur proposition de Monsieur André Bellard, fut approuvé par le Ministre de l'intérieur par décret du 23 avril 195 1, la dénomination de la Rue Georges Robinson.

Mais il est temps de laisser maintenant la parole à Jeannel, lui-même:

Il écrivit ce qui suit dans le « Feuilleton de l'Union Médicale n' 1 8, du ler Avril 1871 » : « Le premier Septembre 1870, je devisais avec le Docteur E. Papillon, Médecin aide-Major à l'ambulance de la Garde, esprit aventureux et frondeur, - vif et cultivé, grand porteur je nouvelles, polémiste à tout vent ; en somme, aimable et gai compagnon... Je ne conçois pas, me dit le Docteur Papillon, que l'on n'ait pas songé à envoyer des dépêches chiffrées, au moyen de quelques aérostats ; mais une grande ville comme Metz doit offrir des ressources industrielles de toutes sortes, ce serait à faire à vous, Monsieur Jeannel Je répondis que l'on ne pouvait devenir aéronaute du jour au lendemain et notre conversation se détourna sur d'autres sujets ».

Jeannel explique ensuite comment l'idée d'entrer en communication avec la France au moyen d'aérostats s'empara de son esprit, et cç)ii-iment il se mit à réfléchir aux moyens de réaliser ce projet. C'est durant la nuit qu'il ébaucha son programme ; il le soumit dès le lendemain matin, 2 Septembre, par écrit, au Général Jarras, Chef d'Etat-Major à l'Armée du Rhin. Le soir même, il recevait l'approbation du Maréchal Bazaine. Le Général Jarras mit à sa disposition un crédit de mille francs, pour procéder aux expériences nécessaires. Jeannel se mit à l'oeuvre immédiatement. Il s'adjoignis' le Pharmacien Aide-Major Vidau. Tous deux travaillèrent dans les greniers de l'Hôpital Militaire du Fort Moselle, avec le concours d'un troisième Pharmacien Militaire, Monsieur Le Prieur. Après quelques essais infructueux, Jeannel put se présenter le 5 Septembre, au Maréchal à qui il expliqua qu'il avait « deux petits aérostats, tout prêts à partir, comme deux chevaux à l'écurie... »

Bazaine, récusant le système pour l'acheminement de ses propres dépêches, l'autorisa à utiliser ses ballons pour la transmission des correspondances particulières des officiers de l'armée. Jeannel ajoute -. « J'ai conclu que le Maréchal Bazaine ne goûtait pas mon système de communications aérostatiques - et ne le jugeait pas assez sûr pour sec dépêches. J'appris bientôt, sans beaucoup de surprise, que d'excellents Confrères consultés par lui, sur le degré de confiance que méritait mon entreprise, lui avaient démontré queue était absurde, que mes petits ballons n'étaient que des jouets d'enfants; ils ne devaient pas aller au delà de trois ou quatre kilomètres et pouvaient tout au plus servir à livrer nos secrets aux prussiens ».

Il est probable, comme le signale Monsieur Lutz, que les deux premiers ballons de Jeannel furent lancés le 6 Septembre. « Cette date marque les débuts modestes autant que fortuits de la poste aérienne dans le monde ». (Jacqueline Caurat - 3).

Quatorze ballons devaient être lancés par lui et ont transporté en tout 3 000 lettre sur papier pelure. Ces ballons transportaient la correspondance des officiers; et bien qu'aucune publicité n'ait été faite, ni en ville, ni dans l'armée, on confiait au Capitaine Marchand, Directeur des Postes, plus de courrier que Jeannel ne pouvait en envoyer. Sur quatorze ballons lancés par lui, sept au moins sont arrivés à bon port.

Dans son article de l'Union Médicale, dans lequel Figure un extrait du rapport adressé au Ministre de la Guerre, Jeatinel propose de doter dorénavant les places fortes d'un système analogue:

« Il est évident dit-il, que les ballons montés, pareils à ceux qui ont mis Paris assiégé en communication avec la France, coûtant fort chers, et exigeant l'habilité, l'expérience et de dévouement des aéronautes, ne peuvent être renouvelés qu'à de rares intervalles, tandis que les ballons perdus, de petite dimension, construits de manière à rester dans l'atmosphère pendant cinq oit six heures, pourraient être lancés en grand nombre, chaque jour. Ils seraient sans doute plus exposés à tomber entre les mains de l'ennemi que les ballons montés ; mais en somme, les dépêches qu'il serait dangereux de livrer à l'ennemi, pourraient être chiffrées, et les communications journalières se trouveraient assurées ».

Plus loin, Jeannel explique comment la poste aérienne lui créa personnellement quelques embarras:

« Une lettre que, j'avais adressée à l'un des membres de ma famille par voie aérostatique, en date du 9 Septembre, a été publiée dans les .journaux. Dans cette lettre, j'appréciais à mon point de vue, le Maréchal Bazaine ; et faisais pressentir la catastrophe de Metz. Evidemment, si mon correspondant avait su que le moyen de communication dont je m'étais servi était dû à la libéralité du Chef d'Etat Major Général, il eût réfléchi au devoir imposé par la discipline militaire, et se fut abstenu de livrer ma lettre aux journaux. Mais, il crut faire oeuvre de bon citoyen, en jetant dans le public comme un cri d'alarme, qui devait, hélas, rester sans écho ».

Voici cette lettre qui, à vrai dire, était quelque peu imprudente, puisque non chiffrée et que finalement nous ne savons pas si elle est parvenue à destination, après avoir été récupérée par les Prussiens ou les Français. Nous reproduisons également le commentaire qui accompagnait sa publication dans le Courrier de la Gironde du 28 Septembre 1870, article dont nous avons eu communication, grâce à l'amabilité de Madame Avisseau, Conservateur aux Archives Départementales de la Girondes:
CHRONIQUE LOCALE - UNE LETTRE DE M.J. Jeannel « On sait qu'on a reçu par voie aérienne, des nouvelles de Metz. Un des ballons, lancés dans celle ville, contenait une lettre écrite à son frère, à Montpellier, par un médecin militaire, le Docteur J. Jeannel, l'honorable et savant praticien qui dirigeait naguère le service pharmaceutique de l'Hôpital militaire de Bordeaux. C'est lui qui a imaginé et expédié ces ballons.

La lettre de M. Jeannel sera lue avec un vif intérêt. La voici: Metz, le 9 Septembre Mon cher frère, Cernés depuis vingt quatre jours par des forces supérieures, nous commençons à craindre que l'inertie ou l'ineptie de nos généraux ne donne une fâcheuse issue à notre situation. Nous avons successivement gagné trois ou quatre victoires qui se sont toujours résumées dans notre retraite et la perte de nos communications. Paris, débarrassé de son funeste empereur, pourra-t-il nous envoyer, avec une armée, un homme capable de la conduire ?

Dit reste, notre moral est excellent. Nous sommes ici au moins 150.000 hommes ; mais les approvisionnements deviennent rares, et nous mangeons nos chevaux, que dans. huit jours, nous ne pourrons plus nourrir.

Notre état sanitaire est excellent, et notre armée possède tous les éléments moraux et matériels de succès, sauf le commandement, qui est mou et absurde.

Je me porte bien. J'ai imaginé de fabriquer, avec le papier dont ceci est un spécimen, un grand nombre de petits aérostats qui emportent des correspondances au petit bonheur. Cette invention a le plus grand succès dans l'armée.

Lorsque le vent est favorable, j'expédie ainsi chaque jour 150 à 200 lettres du poids moyen de 5 décigrammes

Envoie cette lettre à ma femme, puis à ma soeur et à mes enfants. Le maréchal a, jusqu'à présent, refusé de se servir de ma poste pour ses correspondances. Nous sommes absolument sans nouvelles de Paris ou de Mac-Mahon.

Je vous embrasse tous ». J. Jeannel

Il est à noter que cette lettre adressée à son frère à Montpellier parut dans la presse Girondine sans doute parce que Jeannel, personnalité bordelaise, y était connu et introduit et peut-être aussi parce que « l'indiscrétion » venait de son épouse, femme intelligente et avisée, Jeannel avait demandé que lui fut transmis un message, sans doute imprudent, mais qui confirme, dès le début de Septembre 1870, la valeur du jugement de Jeannel sur les opérations militaires et les hommes qui les décidaient.

L'expérience tentée et réussie par le Pharmacien Militaire Jeannel parut suffisamment probante pour que le Général de Division Coffiniere de Nordeck, Gouverneur de la place, décidât de mettre la poste aérostatique à la portée de tous les civils et militaires bloqués dans Metz. Dans ce but, il était nécessaire de l'organiser sur une grande échelle et par conséquent de construire des ballons plus importants, capables de porter un poids plus considérable de correspondance. Et c'est ainsi, qu'aux « Ballons des Pharmaciens » lancés de l'Hôpital Militaire de Metz, succédèrent, à partir d-u 16 Septembre, les « Ballons de l'Ecole d'Application de l'Artillerie et du Génie ». La presse messine fit une large propagande à leur sujet et l'on pouvait lire dans le « Moniteur de la Moselle » du 22 Septembre : « Les abords du quartier général sont assiégés par la foule de personnes qui veulent poster leur correspondance à la poste aérostatique. Par contre, on voyait hier une araignée lisser sa toile en toute sécurité, à l'ouverture de la boîte de la poste aux lettres ».

Mais plus loin, dans le même numéro, on trouve paradoxalement, cette contradiction : « Depuis deux jours, il n’y a plus de ballons, faute de poids suffisant de correspondance. Deux aérostats sont prêts en attendant le chargement ». Mais Oehmke (23) suppose que les lettres ont été retenues quelques jours par l'autorité militaire, par suite d'un désaccord entre Bazaine et CofFiniere de Nordeck. Mais il ne peut s'agir comme il le suggère, de l'incident que nous relatons ci-dessous et qui n'est survenu que le 28 Septembre.

Les ballons du « Génie » construits sous la direction du Colonel Goullier pouvaient transporter chacun, outre des pigeons voyageurs, des milliers de « papillons » alors que les ballons de Jeannel ne pouvaient en transporter que quelques dizaines ... ! Par ce nouveau moyen, on estime à cent cinquante mille, les lettres qui furent ainsi acheminées vers l'intérieur.

Mais il faut avouer que les ballons du Génie connurent le même sort que ceux de Jeannel. Certains arrivèrent à bon port, d'autres se perdirent avec leur correspondance ; ainsi en arriva-t-il de toutes les lettres que le Général Lapasset (1 3) adressa à sa famille. D'autres ballons, comme celui du 28 Septembre percés de balles tombèrent, après « steeple-chase » aux mains de cavaliers allemands, ce qui permit au Prince Frédéric Charles, qui ne manquait pas d'humour, de renvoyer à Bazaine, après en avoir souligné en rouge certains passages, des lettres du Général Cofrinieres qui critiquait la conduite de son Chef et une lettre clandestine du journaliste Robinson, qui parlait de la situation tragique de la population de Metz. Aussi, Bazaine, qui avait toujours douté de l'utilité de la poste aérienne, qui ne s'en était jamais servi lui-même, et dont les craintes venaient de sic justifier, décida de la supprimer au moment même où le JOURNAL DE METZ du I cl Octobre se félicitait de l'organisation et de la régularité de celle-ci. Et du 3 Octobre jusqu'à la capitulation du 27 Octobre, aucun' ballon ne quitta la place de Metz, sauf peut être des clandestins, lancés par des particuliers dont un au moins a dû partir entre le 23 et le 26 Octobre.

Ici quelques réflexions s'imposent.
Pourquoi la première poste aérienne réalisée à Metz n'a pas connu la notoriété dont a profité celle de Paris, et comment se fait-il que la primauté de la réalisation des ballons ait pu être, sinon contestée à Jeannel, du moins, attribuée à d'autres acteurs du drame de Metz ? Le Conservateur du Musée Postal, Monsieur G. Rigol, tente une explication dans la préface du numéro spécial consacré aux « Papillons de Metz » du Bulletin de la Société des Amis du Musée Postal (24).

« La première poste aérienne n'a pas connu la notoriété dont a profité celle de Paris. Ce demi échec s'explique par l'inqualifiable indifférence dont elle fui l'objet dès l'origine. Elle ne bénéficia pas, dès l'abord, de grandes marques d'intérêt de la part du commandement, de trop faibles moyens firent mis à la disposition des inventeurs et constructeurs, nt cependant, ni l'imagination, ni le zèle ne sauraient être mis en cause. C'est pourquoi, avec le recul du temps, une question doit être posée : Le Maréchal Bazaine tenait-il vraiment à entrer en contact avec le Gouverne- ment de la Défense nationale et maintenir élevé le moral de ses troupes, lentement sapé par l'isolement et l'inaction ? La suite des événements semblerait entraîner une réponse négative et ce n'est pas l'histoire des « Papillons de Metz » qui modifiera la version générale admise à cet égard ».

En réalité, si les autorités faisaient preuve d'indifférence, 1"idée fut accueillie avec un enthousiasme certain par l'armée et la population, à tel point que certains ont accusé le Commandement Militaire d'avoir autorisé l'expérience uniquement pour créer un dérivatif aux appréhensions de la Cité (Spoil-2 5) - (D. de Loniay- 1 5). Les extraits de presse de l'époque en font foi et rendent compte de l'impact qu'avait sur le moral des Messins, la possibilité ou du moins l'espoir, de communiquer avec le reste du pays.

A titre d'exemple, voici quelques articles de presse déjà abondamment cités dans des publications précédentes, mais qu'il est peut être émouvant pour des Messins de rappeler une fois de plus. Dans: « L'INDÉPENDANT DE LA MOSELLE » du 21 Septembre 1870, en première page, on lit sous la signature d'Aviau de Polliant: « lis sont partis deux déjà: à l'heure où je trace ces lignes, un troisième traverse peut être l'espace, seule et unique route qui soit restée libre pour nous. Les deux premiers ballons se sont envolés vers ces provinces de notre France assez fortunées encore, espérons nous, pour avoir échappé à l'invasion. Puissent les courants élevés qui règlent la marche des nuages être favorables à nos chers messagers ! Plus légers que l'air, ils emportent avec- eux, un souvenir, une joie, une douce consolation pour tant de coeurs dévoués et brisés par les angoisse; Précieuses estaties du bonheur. Ah ! tombez entre des mains amies ! Là-bas, loin de nous qui sommes exilés du reste de la patrie, il y a des mères, des soeurs, des épouses, des fiancées, qui pleurent et qui prient à genoux. Parvenez jusqu'à elles. Vous leur direz que nous vivons et que nous aimons toujours ».

« Vaillant dans le Voeu national - Echo du Pays Messin » écrit ses « Impressions du Jour »... au jour le jour « Il paraît qu'on a lancé de Metz des ballons porteurs de nouvelles. Où iront tomber ces fragiles messagers ? Les feuilles volantes qu'ils portent dans leurs flancs arrondis, iront-elles dire à nos amis de là-bas que les Messins sont constants dans leur énergique volonté de faire leur devoir et de le faire jusqu'au bout ? Leur raconteront-elles que nous n'avons perdu ni notre foi dans la patrie, ni notre confiance dans ses efforts patriotiques, ni même notre gaîté dans ce queue a de décent, de, compatible avec la gravité des événements: Nous sommes la France, tou tirs la France, rien que la France, autour de celte Prusse avide de nos dépouilles et campée à nos portes el le drapeau français, nous le tenons d'une main ferme et indomptable. Nous avons autour de nous l'élite du pays puisque nous avons l'élite de l'armée. Nous sommes inaccessibles aux défaillances. Voilà ce que les petits ballons iront proclamer partout où la destinée les fera descendre et s'il leur arrive malheur, si c'est au milieu d'un camp prussien qu'ils iront s'épâter.. Eh bien ! tant mieux encore, ils lui apporteront le témoignage de notre fermeté et de nos résolutions viriles ... » (15 Septembre 1870).

« La Discrétion aussi, doit présider aux épanchements qui prennent la route des nuages, et la phraséologie en est sévèrement bannie... Espérons queue (la poste aérienne) formera à Metz une pépinière n'écrivains sobres, et qu'il en sortira un Tacite.. » (23 Septembre 1870).
« Les petits ballons continueïit à peupler les espaces aériens, les seuls hélas qui soient libres autour de nous... S'il en eut quelques uns qui aient ii-ahi la pairie et qui soient tombés ailleurs que sur une terre ait pouvoii- des Français, espérons que MM. les prussiens feront parvenir à desttination les lettres dont ils sont pourvus. C'est un dépôt confié à la bonne foi publique et si quelque chose doit être du genre neutre en ce monde, la nouvelle que donne de lui, un fils à sa mère, une femme à son mari », et plus loin: « Il est regrettable que cette boîte à lettres des idées ne puisse avoir son facteur attiré sous forme d'aéronaute ». (25 Septembre 1870).

« L'homme vraiment s'est arrêté trop tôt dans ses découvertes, oui trop pour notre génération... Il n'a pu trouver le moyen de se diriger dans les airs. Supposez le point d'appui aérien trouvé, et rien de ce que nous redotitons ne serait possible. Si les routes de l'air étaient libres, les convois de vivres pourraient littéralement nous tomber du ciel et les nouvelles, ce pain de l'esprit, nous arriveraient à jour figée par la poste aérostatique... (23 Octobre 1870).

Nous savons comment se sont réalisées les anticipations de Vaillant: Le « facteur aéronaute » s'était déjà élevé du ciel de Paris, la veille du jour où il écrivait ces lignes. Quant à l'appel à l'humanité des ennemis, il ne devait pas rester systématiquement sans réponse et l'exemple venait de haut:

Cohn (5) relate comment la Princesse Radziwill réexpédia de Berlin à la veuve Denot de Rennes un message qui lui avait été adressé « en souvenir » après avoir été capturé le 25 Septembre par les soldats de la 6ème Division d'Artillerie Prussienne. Le papillon arriva à sa destinatrice dans une enveloppe avec la mention : '« insuffisamment affranchie ». Mais la poste Française eut tout de même le bon goût de transmettre le message.

Les ballons de Metz eurent également leurs chantres et nous ne résistons pas à l'envie de reproduire le poème qui parut, non dans « L'INDEPENDANT DE LA MOSELLE » du 26 Septembre, comme l'écrirent Oehmke et Louis Lutz, mais dans le « JOURNAL de METZ » du 28 Septembre 1870. (Mais poète pour poète, signalons que dans l'indépendant du 26, paraissait un appel aux Français... en prose, mais néanmoins sanguinaire de Victor Hugo).

Les ballons perdus -

Partez, allez à votre but

Petits ballons pleins de nouvelles

Nul ne pourra guider vos ailes

Mais Dieu veille à votre but.

Au travers de vos chemins bleus

Mon regard aime à vous poursuivre,

Mon coeur que vous faites revivre

Vous accompagne de ses voeux.

Interprétant mon désir

Va dire à nos frères de France

Qu'en attendant la délivrance

Nous saurons combattre et souffrir.

Dis à tous qu'en notre Cité

Ce qui relève et grandit l'âme

C'est de voir ce qu'un coeur de femme

Peut contenir de charité.

Metz remplit une mission

Qui doit ajouter à sa gloire

Et nous attendons la victoire Du réveil de la Nation. Prosper Suzanne

Sapeur - ler Génie - Fort de Queuleu.

Dick de Lonlay, (1 5) mais bien plus tard en 189 1, dans son ouvrage: « Français et Allemands » se laissera encore aller au lyrisme à propos des ballons de Metz. Après avoir rappelé comme Spoli, (25) qu'on essaya de créer une diversion aux trop légitimes appréhensions de la Cité en autorisant le départ de petits ballons postes, construits par les « Pharmaciens de la garde » et deux anglais, l'un Monsieur Robinson, correspondant du « Manchester Guardian », l'autre Monsieur Ward, Médecin... il poursuivit: « Un officier distingué, le Colonel Fay, ne peut assister à ces départs, sans se r appeler chaque fois, les magnifiques strophes que Schiller met sur les lèvres de Marie Stuart » : « Et les nuages qui courent vers le midi, ils vont chercher de la France les lointains rivages. Nuages légers, voiliers des airs, qui pourrait s'élancer avec vous dans l'espace ! Qui pourrait vous suivre dans voire marche rapide ! Saluez amicalement pour moi le pays de ma @jetinesse. Je suis prisonnière ;je suis dans les fers hélas. Je n'ai pas d'autres messagers que vous. Rien n'entrave la liberté de votre course, vous n'êtes pas soumis à cette reine ».

Mais il faut noter que ces articles et poèmes, de même que tous les communiqués officiels concernant la poste aérostatique de Metz, parais- sent après le 15 Septembre et donnent des renseignements sur les « ballons du Génie », ou, sont la gloire de ceux-ci. En effet, l'armée ne fut pas officiellement prévenue des essais de Jeannel et la presse Messine, sauf trois entrefilets dans le « Journal de Metz du 9 et du 13 Septembre, et dans le « Courrier de la Moselle » du même jour, ignorera jusqu'au 14 Octobre le lancement des « ballons des Pharmaciens ». A cette date tout de même, « l'Indépendant de la Moselle » donnait des nouvelles des ballons n', 7 et n', 14 de « Jeannel et Videau », d'après des articles parus dans « l'indé- pendant Beige » du 20 Septembre, et la « Gazette de Magdebourg » du 21 Septembre. Pour la première fois aussi, elle citait les noms des constructeurs de ballons partis avant le 15 Septembre.*

Bien plus, la presse messine attribua à Schultz, à Breguet, à Ward, à Robinson, le mérite exclusif de la création de la poste aérostatique.

« L'emploi de ballons comme courriers postaux devant figurer plus tard dans l'histoire du Blocus de Metz, elle se crut autorisée à divulgué des noms qui ne doivent pas être laissés dans l’oubli». (daviau de Polliant « Indépendant de la Moselle » du 21 Septembre). Mais aucun article ne fut consacré ni à Jeannel, ni à Papillon qui, sans doute moins connus des journalistes que Robinson, lui-même correspondant de presse, n'avaient pas le sens de la publicité de celui-ci.

En vérité, il était impensable que dans une ville investie, personne n'ait songé à communiquer par air avec le territoire non envahi. L'idée vint-elle d'abord de Papillon, c'est vraisemblable, ou de Schultz, ou de tout autre peu importe.

Dès le début des hostilités, avant le Siège, Eugène Godard, Fondateur d'une Dynastie d'aéronautes qui s'illustra ensuite à Paris, se rendit à Metz où il mit, pour les observations aériennes, son matériel aérostatique à la disposition de Le Boeuf, demande qui resta sans résultat, (Maincent 20). Or, le VOEU NATIONAL dans son édition du 2 Septembre, (parue ,vraisemblablement le 3 Septembre), exposait l'idée d'un Messin anonyme qui proposait l'emploi d'un ballon destiné à faire sortir de Metz des pigeons voyageurs. Le Journaliste était sceptique: « Ce n'est pas mal imaginé, mais cela rappelle un peu lafable du charlatan qui promettait de faire parler un âne... dans 10 ans. Quand les ballons seront construits, quand l'aéronaute sera trouvé, quand le dressage des oiseaux sera fait, quand.. tous les obstacles seront vaincus, il y a de grandes chances pour que le Blocus étant levé, les nouvelles nous arrivent à flot. A cela près, la proposition est ingénieuse. C'est avant la guerre qu'il fallait organiser ce petit service aérien. Mais on ne s'avise jamais de tout... ».
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