Aspects medicaux de la preparation des plaisanciers aux navigations hauturieres au travers d'une experience personnelle





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1.1.1.1.1.1.1UNIVERSITE DE BREST - BRETAGNE OCCIDENTALE

Faculté de Médecine

et des Sciences de la Santé

*****
Année 2008 N°
THESE DE

DOCTORAT en MEDECINE
DIPLOME D’ETAT
Par

M. DOLIVET GILDAS

Né le 10 octobre 1978 à Ploemeur
Présentée et soutenue publiquement le 10 novembre 2008
ASPECTS MEDICAUX DE LA PREPARATION DES PLAISANCIERS AUX NAVIGATIONS HAUTURIERES AU TRAVERS D'UNE EXPERIENCE PERSONNELLE.

Président Monsieur le Professeur DEWITTE.

Directeur de thèse Monsieur le Docteur LE GAC.

Membres du Jury Monsieur le Professeur CENAC.

Monsieur le Professeur MISERY.

SOMMAIRE



2 INTRODUCTION 3

3 CONTEXTE 4

4 Matériels et méthode 31

5 résultats 38

6 Discussion 59

10 CONCLUSION 92


2INTRODUCTION



La mer est à la fois un espace de liberté et de plaisir ; tous les plaisanciers le savent. C’est aussi un milieu dangereux et parfois très hostile ; moins de plaisanciers en sont conscients. Ces dangers sont liés à l’élément marin lui-même, à la vulnérabilité de tout navire, à la vulnérabilité des plaisanciers eux-mêmes. En quittant la terre pour naviguer, le plaisancier reste soumis aux petits « bobos » ( petits traumatismes, coupures…), mais les occasions de blessures deviennent beaucoup plus nombreuses . De nouveaux risques apparaissent : mal de mer, hypothermie, coup de chaleur. En mer, les moyens permettant de faire face aux problèmes sérieux de santé ne sont pas immédiats comme à terre : pas de pharmacie, pas de médecin, ni de service hospitalier d’urgence, pas de pompiers ni de SAMU, etc.. Cependant, pour résoudre un problème médical et bénéficier d’une assistance spécifique, le marin a à sa disposition des procédures et dispositifs qu’il lui faut connaître. Il doit apprendre la réglementation applicable aux navires de plaisance en matière de dotation médicale (recommandée ou obligatoire). Il lui faut surtout savoir utiliser la pharmacie de bord, savoir donner les premiers secours à tout membre de l’équipage, et savoir recourir aux services d’assistance médicale et de secours en mer.

La question de la sécurité en mer, on le voit, est complexe et ne s’improvise pas. Où se trouve le plaisancier dans ce système de soins et de sécurité maritime ?

Ce travail essaye d’apporter des éléments de réponses à cette question pour améliorer la préparation des navigateurs hauturiers dans leurs voyages.

Dans un premier temps, l’environnement médical de la plaisance est exposé au travers de son histoire, des réglementations maritimes, de l’organisation des soins en mer, et par rapport aux spécificités de ce type de navigation.

Puis une enquête est présentée concernant la démarche des plaisanciers pour se préparer et s’adapter à cet environnement, suivie de résultats sur ce qui a été observé en mer au cours d’une année.

A partir de ces éléments plusieurs points seront discutés, l’objectif étant d’aboutir à des recommandations utiles pour la qualité des voyages à la voile.

3CONTEXTE



3.1Historique de la médecine maritime

3.1.1Les chirurgiens navigans1



C’était l’appellation courante des médecins du Service de santé de la Marine, qui étaient à la fois médecins, chirurgiens et bien souvent apothicaires. Le premier journal de bord de chirurgien navigans retrouvé relate les faits médicaux sur les galères de Venise en 1414. Ils apparaissent en Hollande en 1600 puis en France vers 1700 (1). En effet, vers la fin du XVII° siècle et durant presque tout le XVIII° siècle, les capitaines marchands ou de pêche appareillant pour les voyages « aux lointains pays » embarquaient à leur bord des chirurgiens navigans conformément à l’ordonnance du 5 août 1681. Ceux-ci étaient chargés de soigner l’équipage et sur les navires de traite de choisir « les captifs puis de surveiller leur transport jusqu’aux îles dans les meilleures conditions sanitaires, c’est à dire les plus rentables pour l’armateur » (2). Ces chirurgiens n’étaient pas des docteurs en médecine mais des apprentis qui, après un stage de deux ou trois mois auprès d’un chirurgien-juré de ville, avaient passé un examen succinct dit de «  légère expérience » moyennant quoi, ils pouvaient briguer à bord des vaisseaux de commerce ou de pêche ce poste d’officier de santé.

La pharmacopée embarquée sur les navires est complexe et variée. Nous en avons un exemple avec celle embarquée sur les vaisseaux de la compagnie des Indes et notamment le Massiac qui appareilla de Lorient en février 1762 avec 168 hommes d’équipage, 42 soldats de la Compagnie de Bessan et 6 passagers avec leurs 2 domestiques, pour un total de 218 personnes, avec comme chirurgien de bord un dénommé Jacques Moujan de Mourgeau. La pharmacie met en évidence la richesse et la diversité des produits pharmaceutiques embarqués ; ceux-ci provenaient principalement de plantes et de produits naturels. Il y avait 181 médicaments sous des formes très variées telles les électuaires, les opiats, les extraits, les pilules, les trochisques, les pierres, les sels, les miels, les sirops, les eaux, les teintures, les esprits, les huiles, les baumes et les emplâtres. La pharmacie servait à soigner les maladies suivantes : le mal de mer avec l’eau de la reine de Hongrie ; les maux d’oreille avec l’anis ; le scorbut avec l’opiat antiscorbutique et l’esprit de cochléaria ; la syphilis avec les pilules mercurielles ; les maux de ventre et maladies digestives avec les yeux d’écrevisse (concrétion calcaire sécrétée par l’estomac des écrevisses lors de leur mue) ; les affections bronchiques et les maux de gorge  avec les miels et les sirops ; les blessures, les traumatismes et les séquelles de la chirurgie mutilante (amputation, trépanation) avec les baumes, les onguents et les emplâtres. Les plaies infectées étaient nettoyées avec l’aloès.

Certains médicaments étaient utilisés pour leur fonction émétique comme l’ipécacuanha, ou purgative comme l’esprit de casse, la rhubarbe, le jalab et le sel d’Epsum ; et d’autres pour leurs propriétés calmantes et antispasmodiques comme le laudanum, la thériaque, le diascordium et le camphre. Des produits étaient aussi utilisés comme stimulants : les toniques comme le quinquina et l’eau vulnéraire de Suisse2.

3.1.2Les médecins de papier



Dès le début du XIX° siècle, suite, notamment, à la réorganisation universitaire des études médicales, la Marine Marchande avait des difficultés à recruter des chirurgiens navigants d'où exemptions de lever l'ancre sans personnel médical embarqué. Devant ce fait, le ministre de la Marine, le baron Portal, intervient le 4 août 1819 en soumettant au Roi une ordonnance s'inspirant des règlements antérieurs mais en les adaptant aux nouvelles pratiques de la Marine. C'est ainsi qu'elle obligeait les armateurs à fournir à leurs capitaines un coffre à médicaments accompagné d'une instruction lorsque l'équipage était de 8 à 19 hommes. Cette dernière définissait les maladies maritimes les plus couramment rencontrées et était munie d'un formulaire indiquant les principales propriétés des produits médicamenteux embarqués, avec la manière de s'en servir et surtout de les administrer. Ce précis médecin-pharmacien fut très vite surnommé, avec ironie, par les commandants «le médecin de papier», surnom qui lui resta et qui fut adopté par un grand nombre de marines marchandes dans le monde. L’origine française de ce médecin de papier, peut être situé au milieu du XVIII° siècle, puisqu’en 1766 un certain Mauran de Marseille fait apparaître un opuscule intitulé : « Essai sur les maladies qui attaquent le plus communément les gens de mer ». Ensuite, 20 ans après la parution de son ouvrage, Mauran décide, compte tenu de l’évolution des sciences médicales et pharmaceutiques, de refondre son œuvre et fait publier un «  avis aux gens de mer et leur santé ». Ensuite, fut rédigé par un certain Henri Ducommun ( 1742-1820 ), médecin de l‘Amirauté puis chirurgien examinateur des aspirants navigans, un opuscule dont le titre est : « Avis aux capitaines navigateurs, Instruction courte et médicale ». Henri Ducommun présente chaque pathologie toujours de la même façon à savoir :

- position que l’on doit faire prendre au malade ou au blessé

- attitude médicale à adopter

- médication adéquate au cas présent avec le nom du ou des médicaments à employer, la manière de les faire prendre et la dose à administrer.
Bien entendu, Ducommun n’a pas envisagé tous les cas de figures pouvant se présenter à bord d’un navire, mais son médecin de papier fait vraiment figure de précurseur dans ce domaine. En effet, en 1826, parût un deuxième médecin de papier ayant pour titre « Instruction pour messieurs les capitaines du commerce qui n’ont pas de chirurgien ». Puis chaque port édita son médecin de papier comme à Bordeaux. Le médecin de papier bordelais fut édité en 1825. Il est signé par le docteur Grosset, le chirurgien Lafaye, et le pharmacien Lozé. C’est un livret de 24 pages intitulé : «  Instructions médicales pour les capitaines des bâtiments de commerce qui d’après l’ordonnance royale du 4 août 1819 ne doivent pas avoir de chirurgien ». Cependant, ces capitaines avaient-ils les connaissances suffisantes pour soigner chaque type de maladie ou de blessure ? Non évidemment, c’est pourquoi un enseignement de « secourisme des mers » fut obligatoire dans les écoles d’hydrographie ou les écoles formant les capitaines de navires de pêche qu’en 1910. C’est à dire pratiquement un siècle après la promulgation de la loi…C’est donc au capitaine qu’il appartient de soigner, en l’absence de chirurgien, ses hommes dans leurs maladies, et de panser leurs blessures (3).

3.1.2.1Exemples de médecins de papier



De la fin de la marine à voile au début du 20ème siècle, cette ordonnance du 4 août 1819 fut régulièrement complétée et améliorée selon les besoins, la spécialité des navires, les progrès de la médecine et du développement de la chimie. Ainsi, la notification d’un décret du 11 février 1896 du Bulletin Officiel du 29 février 1896 nous rapporte que le coffre de médicaments et l’instruction médicale sont désormais obligatoires à bord des bâtiments armés pour les grandes pêches de la mer du Nord (4),(5) :



NOMS

QUANTITES

USAGES

Médicaments pour l’usage interne.
Chlorate de potasse

Ipéca en poudre

Laudanum de Sydenham
Compte-gouttes

Sulfate de soude

Médicaments pour l’usage externe.
Acide borique


Alcool camphré

Diachylon (sparadrap)

Sinapismes (moutarde en feuilles)

Solution glycérinée phéniquée

Vaseline boriquée à 10%

Objets de pansement.
Compresses de gaze phéniquée

Petites

Moyennes

Bandes de gaze souple de 7 centimètres de large
Coton absorbant (dit hydrophile)

phéniqué

Bandage de corps
Triangles variés

Un grand

Deux moyens

Trois petits

Bande de caoutchouc de 3 mètres Gutta percha laminée
Ciseaux forts (de lingerie)

Cache-pot en treillis

Epingles

Droites

De sûreté

Instruction médicale

Coffre



12 grammes

(en 3 paquets)
5 grammes

(en 10 paquets)


15 grammes
1

120 grammes

(en 4 paquets)


60 grammes

(en 2 paquets)

250 grammes

½ rouleau

1 boite de 10

feuilles
150 grammes avec

l’étiquette : poison


120 grammes
10

10

10

750 grammes

(en 10 paquets)

1
6 triangles


1

½ mètre
1

1
25

12

1

1



Faire dissoudre un paquet dans un verre d’eau tiède. – Contre angine, maux de gorge.
Pour faire vomir. Prendre trois paquets à quelques minutes d’intervalle dans de l’eau. boire ensuite quelques verres d’eau tiède pour faciliter les vomissements. – Contre indigestion, empoisonnement.

20 gouttes dans un verre d’eau sucrée. – Contre toux, diarrhée, choléra.

Pour compter les gouttes de laudanum.

Pour purger. Faire dissoudre un paquet dans un verre d’eau tiède que l’on boit quand il est froid. – Contre embarras gastrique, constipation.

Faire dissoudre un paquet dans un litre d’eau. Cette eau boriquée sert à laver les plaies de la face, à laver les yeux en cas d’inflammation, à injecter dans l’oreille en cas de douleur (maux d’oreille).
En friction sur la peau au moyen d’un morceau de laine en cas de douleurs et pour réchauffer dans le choléra.
Coupé en petites bandelettes avec les ciseaux et chauffé légèrement ; sert à réunir les bords des plaies.
Tremper la feuille dans l’eau froide ou tiède et l’appliquer directement sur la peau ; la laisser 15 minutes.
C’est un poison et un caustique violents. Avoir soin de n’en pas laisser tomber sur les mains. Sert à préparer la solution phéniquée dont on doit se servir en versant 3 cuillerées dans un litre d’eau. c’est avec cette dernière solution qu’on lave les plaies, qu’on lave les pansements; elle sert aussi à faire des cataplasmes antiseptiques en y plongeant du coton que l’on applique sur les parties malades, en recouvrant le tout de gutta percha. On verse un verre dans les bains pour le pied ou la main en cas d’abcès.
Appliquée sur les engelures, les brûlures.

Pour faire les pansements des plaies.

Pour maintenir les pansements.

Entre dans les pansements des plaies. En tampon, sert à laver les plaies. On fait avec les cataplasmes antiseptiques.

Pour fixer les pansements surtout à la tête, maintenir les appareils de fractures ; enfin comme écharpes pour les bras blessés.

Pour arrêter les hémorragies.

Pour recouvrir le coton des pansements et les cataplasmes antiseptiques.
Peut être employé avec avantage dans les fractures du bras et de la jambe.

Tableau 1 : coffre de médicaments et d’une instruction médicale à bord des bâtiments armés pour les grandes pêches de la mer du Nord. 1896.
Un second exemple concernant l’évolution des réglementations des navires pratiquant la pêche à Terre-Neuve nous montre que de 1889 à 1897, à travers les 5 publications dans le Bulletin Officiel de l’époque, les modifications à la sécurité des navires Terre-Neuvas sont en rapport avec des préoccupations toujours d’actualité.
B.O. du 6 février 1889 : « Adoption d’une instruction médicale spécialement destinée aux navires pratiquant la pêche à Terre-Neuve. - Composition nouvelle des coffres à médicaments des bâtiments terre-neuviens. »

Cette nouvelle nomenclature a été élaborée dans le but de mettre à disposition des médecins de la Marine Nationale des moyens modernes et efficaces pour soigner les pêcheurs Terre-Neuvas. En effet les capitaines, sauf en cas d’urgence, n’emploient que très rarement les médicaments et objets contenus dans les coffres. De plus, elle critique la composition des coffres de médicaments des navires Terre-Neuvas : « A la composition des coffres à médicaments qui, pour la plupart, lui ont paru insuffisants, le commandant Humann ajoutait que bon nombre des substances pharmaceutiques que ces coffres renferment, n’étant pas renouvelées périodiquement, perdent leurs propriétés ou même sont de qualité si défectueuse, qu’elles ne peuvent être affectées à aucun usage thérapeutique. » Il donc est également souhaité que le contenu du coffre soit modernisé, afin de contenir les derniers médicaments découverts.
B.O. du 1er décembre 1893 : « Modification à la composition des coffres à médicaments des navires pratiquant la pêche à Terre-Neuve. Nouvelle instruction médicale destinée à ces bâtiments. »

« Les équipages des navires de pêche à Terre-Neuve n’ont, le plus souvent, de secours à attendre que de leurs capitaines. Ces navires ne peuvent guère, en effet être visités par les bâtiments de l’Etat, et les médecins de la Marine Nationale, qu’au mouillage de Saint-Pierre.[…]. Il devenait indispensable dans ces conditions, de donner à ces navigateurs des instructions plus précises que celles de la notice annexée à la circulaire de 6 février 1889, sur l’emploi des substances contenues dans les coffres et sur les soins à donner aux malades. Il importait également de modifier les quantités et la forme de certains médicaments ou objets de pansement afin d’en rendre le mode d’emploi le plus facile aux personnes étrangères aux manipulations pharmaceutiques. »

Par cette modification, le « médecin de papier » prend toute sa valeur. Il n’est plus une liste du contenu du coffre, mais un opuscule avec une partie médicale présentant les symptômes des maladies les plus courantes sur les bancs de Terre-Neuve et une partie pharmaceutique recommandant l’emploi du ou des médicaments adaptés à la maladie reconnue et la dose à laquelle il faut les employer. Ceci toujours avec un but de simplicité car les capitaines des navires Terre-Neuvas sont des marins et non des médecins.

.
B.O. du 30 avril 1894 : «  Application aux bâtiments pêcheurs d’Islande de la composition des coffres à médicaments et de l’instruction médicale adoptée pour les navires pratiquant la pêche à Terre-Neuve. »

La nouvelle nomenclature des coffres à médicaments et le médecin de papier destinés aux bâtiments Terre-Neuvas adoptés en 1893 s’appliquent désormais également aux navires pratiquant la pêche dans la mer d’Islande. Peu à peu se profile une uniformisation de la réglementation.
Décret du 15 octobre 1894

« Article 1er. - Les navires expédiés à la côte de Terre-Neuve doivent être munis de coffres à médicaments qui seront, suivant l’effectif de leurs équipages, de l’un des types n° 1, n° 2 ou n° 3 décrits dans la circulaire ministérielle du 1er décembre 1893.». « Les capitaines qui contreviendraient aux dispositions du présent article encourraient une suspension temporaire ou définitive de leur commandement. »
B.O. du 14 avril 1897 : « Lettre du Ministre de la Marine et des Colonies aux Préfets maritimes ; Chefs de service de la Marine et Commissaires de l’Inscription maritime. Modification à la composition des coffres à médicaments des navires pratiquant la pêche à Terre-Neuve. »

« Messieurs, à la suite de la dernière campagne de pêche à Terre-Neuve, j’ai reconnu la nécessité d’augmenter les quantités de solution phéniquée et d’alcool camphré, dont les bâtiments qui arment pour cette destination doivent être pourvus. » Avec cette modification on comprend l’importance que prennent les antiseptiques nouvellement découverts comme les produits phéniqués (6).
Simplifier, moderniser, guider, uniformiser, réglementer, adapter aux pathologies et à l’effectifs. Voilà les lignes de conduites concernant l’amélioration des coffres à médicaments sur les bateaux Terre-Neuvas il y a plus de 100 ans.

3.1.2.2Le médecin de papier aujourd’hui



Le médecin de papier existe encore aujourd’hui sur toutes les unités n’embarquant pas de personnel médical. Ainsi un dernier ouvrage a été conçu par le Dr J.Y Chauve : « Le médecin de papier pour le Vendée Globe 1996/1997 ». Bien entendu, le fossé ou le précipice qui existe entre le manuel de Mauran de 1766 et la conception des soins prônée par le Dr J.Y. Chauve est immense. Sans doute est-ce cette avancée qui a permis au navigateur Bertrand De Broc d’être surnommé « le Rambo des mers ». Seul sur son monocoque de 18 mètres, encerclé par les éléments déchaînés, il va se suturer lui-même la langue partiellement sectionnée par un bout, devant son miroir ! La presse et le monde de la course au large salueront unanimement la détermination du skipper. Cet exploit a été rendu possible grâce aux nouvelles technologies et surtout les nouveaux moyens de communications.3


3.1.3La télétransmission.



Depuis quelques années, les évolutions des moyens de communication ont permis un accès des navires vers Internet et à la messagerie électronique, rendant ainsi possible la transmission de fichiers data. Avec l’augmentation de la présence d’appareils photos numériques à bord (pour des raisons professionnelles comme personnelles), l’envoi d’images est venu compléter le tableau clinique, auparavant limité à la seule description téléphonique des lésions. Ce nouveau support de la consultation télémédicale est d’une utilité évidente pour la description de lésions dermatologiques, de plaies, de brûlures, de lésions bucco-dentaires ou ophtalmiques. Parallèlement, la mise à bord d’appareils d’électrocardiographie, a rendu possible la transmission de tracés per-critiques de douleurs thoraciques ou de troubles du rythme. Leur mise en place a été un progrès considérable, mais leur manipulation demeure encore délicate et leur évolution reste aujourd’hui une nécessité. La pratique de la téléconsultation s’appuie sur le trépied d’une compétence du responsable des soins à bord, d’une dotation médicale ad hoc, ainsi que d’une réponse adaptée au milieu et au patient (7).

3.1.3.1Les moyens de communication





  • La VHF et Le système ASN


La radio VHF-ASN (Appel Sélectif Numérique)  est un appareil répondant aux  normes internationales établies dans le cadre de la sécurité maritime, elle est obligatoire  pour les équipements de classe A et classe B installés sur les navires astreints à la convention SOLAS, tels les bateaux de commerce d’une jauge supérieure à 300 tonneaux, de pêche professionnelle,  ainsi que ceux transportant plus de 12 passagers et qui effectuent des voyages internationaux. La VHF-ASN de classe D s’adresse à la plaisance et ne représente pas une obligation à bord. Elle assure les fonctions  minimales des appels de détresse, d’urgence et de sécurité, ainsi que les appels de routine et de réception, en ondes métriques.

Avec la VHF traditionnelle, les navigateurs devaient communiquer oralement les détails d’une situation d’urgence sur les ondes du canal 16 ; grâce au contrôleur ASN les navigateurs peuvent maintenant envoyer de façon instantanée et sélective, des messages d’urgence et de détresse mais également des appels de routine de navire à navire et de navire à terre.

L’ASN assure aussi une veille automatique des appels de détresse sur le canal 70 afin d’alerter par une alarme sonore et d’informer sur la position, l’identification du bateau ainsi que la nature de la situation d’urgence, tous les navires et toutes les stations côtières équipés du même système.  

Pour profiter au maximum des avantages du système automatisé, la radio VHF/ASN  doit être raccordée à une antenne GPS et programmée avec un n° MMSI (identification du service mobile maritime) unique à neuf chiffres qui est attribué par l’agence nationale des fréquences, pour identifier un navire.

Il n’est pas obligatoire à bord des navires de plaisance pratiquant une navigation hauturière. Cependant, dans ce cas de figure, la présence de trois fusées parachute sera alors requise à bord comme moyen de communication de remplacement…


  • La BLU


La bande latérale unique ou BLU (en anglais : SSB – Single-sideband modulation) est un mode de modulation pour la radio qui consiste en une modulation d'amplitude dans laquelle on a supprimé la porteuse et l'une des bandes latérales. Il ne subsiste donc qu'une seule bande latérale, d'où le nom de la technique. Grâce à son efficacité en occupation de spectre radioélectrique et en énergie émise, la BLU est surtout utilisée pour les liaisons de téléphonie HF, dans le domaine maritime, militaire, aviation ou radioamateur.


  • Le système Inmarsat


Inmarsat (pour International maritime satellite organisation) est une compagnie de télécommunication internationale fondée en 1979. Inmarsat opère 11 satellites permettant d’assurer des moyens de communication tels que : Données Internet, Email, Fax, SMS, texte, Voix, Vidéoconférence, Prévisions météo, Télémédecine, par l'intermédiaire de 37 stations terrestres.4 Plusieurs systèmes sont disponibles plus ou moins  performant.


  • L’Iridium


Le système a été développé par Motorola initialement pour fournir la téléphonie mobile sur toute la terre, en particulier dans les zones non couvertes par le GSM. Un pari technologique fou : faire tourner 77 satellites à haute vitesse en orbite basse autour de la Terre pour téléphoner depuis n'importe où.

Le nom "Iridium" fut choisi par similitude entre la constellation prévue de 77 satellites et les 77 électrons de l’atome d'iridium. La mise en service a commencé le 1er novembre 1998. Contrairement à Inmarsat qui exploite un réseau de satellites géostationnaires, Iridium n'affiche aucune zone d'ombre : on peut téléphoner avec un petit combiné depuis le pôle Nord jusqu'au pôle Sud, en passant par l'équateur.

Cependant la rapide extension des zones couvertes par le GSM a très vite mis la société Iridium en difficulté financière, la vente des terminaux et des abonnements ne compensant pas l'énorme coût des lancements et de l'exploitation. Ainsi Iridium a bien failli sombrer dans l'océan : après sa banqueroute retentissante en 1999, les 66 satellites restants devaient être précipités dans la mer, comme spécifié dans les statuts de l'entreprise en cas de faillite. Heureusement, Iridium a été racheté in extremis pour la somme de 25 millions de dollars par une entreprise de Virginie. Après faillite et reprise, le système est toujours techniquement opérationnel, en particulier grâce aux applications militaires, qui utilisent la moitié de la capacité.

Pour la plaisance, ce moyen de communication devient incontournable : Les terminaux Iridium de coût similaire à une BLU marine, ont des prestations de service dédiées aux navigateurs, en particulier l'accès Internet bas débit et est la couverture des zones polaires.



  • Le téléphone portable ou GSM (Global System for Mobil communications)


Ce sont des téléphones portables. Ils sont un outil de communication universel et incontournable aujourd’hui. Cependant sa portée est faible et il ne peut donc être utilisé qu’à proximité des côtes.


3.1.4L’organisation des soins en mer.



La particularité du marin, qu’il soit professionnel ou plaisancier, est l’isolement géographique dans lequel il évolue, qui le met la plupart du temps hors de portée d’une assistance médicale à laquelle il est en droit de prétendre, au même titre que n’importe quel individu qui peut en tout lieu bénéficier des services d’un SAMU ou d’un SMUR. Le secours en mer a existé de tout temps, mais a toujours été une affaire de solidarité entre marins, ceux-ci s’accommodant de la précarité de leur situation vis à vis de la sécurité. Puis, peu à peu, de nombreux organismes, tant privés que publics, se sont investis dans l’assistance aux marins, souvent de façon désordonnée pour ne pas dire incohérente. C’est pour pallier cet inconvénient et pour assurer aux marins la meilleure assistance possible, alliant l’apport des dernières avancées techniques à la rapidité d’intervention, qu’une instruction interministérielle du 29 avril 1983 a mis en place un dispositif qui coordonne l’action des quatre intervenants principaux.

3.1.4.1Le système d’aide médicale en mer



Sous ce label, sont regroupés le CCMM, les CROSS, (centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage), chargés de l'organisation et de la coordination des secours en mer et les SAMU côtiers. En 1992, une directive européenne invite les états membres qui ne le seraient pas à se doter d'organisations similaires.


  • Le premier organisme concerné est le Centre de Consultations Médicales Maritime (CCMM) de Toulouse. Il assure une veille médicale 24/24 heures, et est chargé de la consultation médicale à distance. Il propose les éventuelles évacuations. Il peut être appelé par tout capitaine de navire confronté à un problème médical par liaison téléphonique ou par liaison satellite Inmarsat.

  • Le deuxième organisme concerné sont les Centres Régionaux Opérationnels de Surveillance et de Sauvetage (CROSS). Ils assurent une veille opérationnelle 24/24 heures et sont chargés, dans leur zone de responsabilité, de la coordination de l’ensemble des moyens publics et privés pour des tâches de service public (recherche, sauvetage, surveillance de la navigation maritime, des pêches et des pollutions marines).

  • Le troisième organisme est représenté par les SAMU de Coordination Médicale Maritime (SCMM) implantés le long du littoral, qui assurent eux aussi une veille permanente, et sont chargés de fournir les équipes médicales d’intervention.

  • Le quatrième organisme est le Centre Opérationnel de la Marine (COM). Il fournit, à la demande des CROSS, les moyens maritimes ou aériens de la Marine nécessaire à l’exécution de la mission de sauvetage (7),(8).

3.1.4.2Le CCMM (Centre de Consultations Médicales Maritimes)



Des îles Kerguelen ou Fidji, du nord des Hébrides ou du large de Sao Tomé, du Brest ou de Bastia, les appels reçus par le CCMM émanent du monde entier. C’est un service permanent et gratuit de consultations et d’assistance télémédicale. Professionnels ou plaisanciers, les marins consultent ces médecins sans visage pour des petits soucis ou de lourdes pathologies.

Dès les années cinquante, les opérateurs de Saint-Lys Radio, centre de transmission téléphonique des PTT, mettaient déjà en relation les capitaines des navires avec un médecin de l'hôpital Purpan à Toulouse. Mais il aura fallu attendre 1983 pour que le gouvernement organise le système opérationnel d'aide médicale en mer.

3.1.4.2.1Historique CCMM


On peut s’étonner de voir une Station Radio maritime à l’intérieur des terres pour communiquer avec des navires en mer, mais en raison de la portée des ondes courtes, cela n’a aucune importance. En réalité, l’implantation de cette station près de Saint-Lys résulta de la guerre 1939-1945. Dans les années 40, années noires, l’Administration des PTT décida de construire en «  Zone libre » les centres de Saint-Lys et du Vernet pour maintenir la liaison avec des territoires d'outre-mer totalement coupés de la métropole. Exploités à partir du Bureau Central Radio édifié à Muret, ils constituaient le "groupe radioélectrique du Midi".

La guerre terminée, Paris reprit peu à peu toutes ses liaisons avec l’Outremer. Finalement le Groupe Radioélectrique de Toulouse ne fut plus nécessaire. La station Radio maritime en ondes courtes utilisée avant la guerre aux Saintes-Maries-de-la-Mer ayant été détruite par l’occupant, la direction des services électriques (DSR) décida en 1946 d’utiliser le Centre Récepteur de Saint-Lys et le Centre Emetteur du Vernet pour en faire une station radio maritime en ondes décamétriques qu’on appela « Saint-Lys Radio ». Fin 1948, cet ensemble est affecté au service radio maritime. il assure à partir de cette date la totalité du trafic radiotélégraphique à grande distance avec les navires.

Saint-Lys Radio participe aussi à la sécurité de la navigation, en transmettant à heures fixes et sur des fréquences convenues, des avis urgents aux navigateurs et des bulletins de prévisions météorologiques (Méditerranée occidentale et Atlantique Est), et en relayant vers Météo France les messages d'observations des navires.

Dans le domaine de la sécurité de la vie humaine en mer, les opérateurs de Saint Lys Radio interviennent lors d'accidents de mer au grand large, en liaison avec les CROSS. Le service radio médical fonctionne par messages ou liaisons téléphoniques entre les navires et les médecins de l'hôpital Purpan de Toulouse. Il permet de prodiguer avec plus d'efficacité les premiers soins aux malades ou aux blessés à bord, et de conseiller avec pertinence un déroutement du navire dans les cas les plus graves.5

Au fil des années, devant l’amélioration du système d’aide en mer, et des systèmes de communications, et face au nombre grandissant de téléconsultations, le CCMM se constitua donc naturellement au sein du SAMU 31 de Toulouse.

3.1.4.2.2Les médecins


Tous les médecins du centre sont des urgentistes. De leur bureau, via les traditionnelles radios embarquées utilisant les fréquences hertziennes ou les plus modernes liaisons par le satellite Inmarsat, ils savent poser les bonnes questions et guider les premiers gestes. Mais surtout, ils décodent les propos et décident, ou non, de détourner le navire vers le port le plus proche ou de déclencher les secours depuis la côte (il existe des CROSS dans le monde entier).

Toute l'année le CCMM vient en aide aux marins professionnels, et aux plaisanciers. Les progrès des télécommunications ont permis d'optimiser ces consultations à distance puisque les bateaux sont équipés d'appareils permettant la transmission de photos, de radios et d'électrocardiogrammes en temps réel.

Les médecins du CCMM soulagent également la détresse des amateurs. Cependant,« Les plaisanciers sont plus difficiles à aider. D'abord, ils ne possèdent aucune connaissance médicale, contrairement aux capitaines des navires de pêche ou marchands qui, responsables de la santé de leur équipage, reçoivent une formation obligatoire aux premiers soins et au diagnostic. Ensuite, ils ne disposent pas d'une pharmacie suffisante », confie le docteur Michel Pujos.6

3.1.4.2.3La procédure opérationnelle



Figure 1 : schéma de l’aide médicale en mer

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