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Le coeur analysé en 2000 est-il celui de Louis XVII ou celui de son frère aîné ? Les analyses génétiques, pratiquées à mon initiative en avril 2000 par les laboratoires de Louvain et de Muenster établissent de manière irréfutable que ce coeur est celui d'un enfant apparenté par les femmes à Marie-Antoinette. Elles ne peuvent rien affirmer de plus. C'est à l'historien seulement d'apporter la preuve qu'il s'agit effectivement du coeur prélevé par le docteur Philippe-Jean Pelletan, le 9 juin 1795, sur l'enfant mort au Temple. Ces deux informations conjointes permettent alors de conclure. Car, si l'enfant mort au Temple était apparenté à Marie-Antoinette, il ne pouvait être que Louis XVII. Précisons d'emblée que mon enquête - conduite selon les règles méthodologiques les plus rigoureuses - a démontré qu'à aucun moment n'apparaît la possibilité d'un échange ou d'une substitution du "coeur Pelletan". A chaque étape de son "odyssée", depuis la tour du Temple jusqu'à la crypte de Saint-Denis, ce précieux viscère a fait l'objet de procès-verbaux officiels, de certificats d'authenticité, de déclarations sur l'honneur et d'actes notariés, que j'ai publiés in extenso dans mon livre Louis XVII la vérité (Pygmalion, 2000). Néanmoins, quelques irréductibles "survivantistes" ont continué de semer le soupçon. Le coeur de Saint-Denis est-il vraiment celui de Louis XVII ? Ne serait-il pas plutôt celui de son frère aîné, le premier dauphin Louis-Joseph-Xavier, déposé à l'abbaye du Val-de-Grâce en 1789 ? Telle est leur objection ultime, la seule interrogation qui pourrait éventuellement subsister aujourd'hui, et mettre en cause la validité de nos travaux. Cette question me surprend d'autant moins que je suis le premier à l'avoir formulée, dans mon ouvrage Louis XVII la vérité, pour y répondre aussitôt en ces termes : "Cet argument ne tient pas. [...] Les coeurs princiers, avant d'être déposés au Val-de-Grâce, subissaient un traitement de thanatopraxie. Ce qui n'est pas le cas du coeur de Louis XVII, qui a simplement été plongé dans l'alcool. "Le docteur Sucquet (in De l'embaumement chez les anciens et les modernes, et des conservations d'anatomie normale et pathologique, Aurillac, 1872), reproduit le procès-verbal de l'embaumement de la dauphine Marie-Anne-Victoire de Bavière, bru de Louis XIV, décédée en 1690. Ce texte macabre donne la recette du "baume" utilisé, et le sort réservé au coeur : [...] ""Le coeur, après avoir été vidé, lavé avec de l'esprit-de-vin et desséché, fut mis dans un vaisseau de verre avec cette liqueur ; et ce même viscère, ayant été ensuite rempli d'un baume fait de cannelle, de girofle, de myrrhe, de styrax et de benjoin, fut enfermé dans un sac de toile cirée de sa figure, lequel fut mis dans un coeur ou boîte de plomb, qu'on souda aussitôt pour être donné à madame la duchesse d'Arpajon, qui le mit entre les mains de monseigneur l'évêque de Meaux, premier aumônier de feu madame la Dauphine, qui le porta ensuite au Val-de-Grâce." "Le procès-verbal de l'embaumement du roi Louis XVIII, en 1824, décrit une méthode assez similaire (in Répertoire général d'anatomie et de physiologie pathologique, vol. 8, Paris, 1829) : ""Aujourd'hui, 17 septembre 1824, immédiatement après l'ouverture du corps du feu roi Louis XVIII, et conformément aux instructions qui nous ont été données par M. le marquis de Brézé, grand maître des cérémonies de France, nous, soussignés, avons procédé à l'embaumement de la manière suivante : ""1° Le coeur du feu roi, après avoir été lavé et macéré pendant quatre à cinq heures dans une solution alcoolique de deuto-chlorure de mercure ou sublimé corrosif, et avoir été rempli et environné d'aromates choisis, a été renfermé dans une boîte de plomb, portant une inscription indicative de l'objet précieux qu'il renferme..."" Nous savons en effet que depuis Anne d'Autriche, les coeurs de la plupart des princes de la Maison de France étaient déposés dans la chapelle Sainte-Anne du Val-de-Grâce, après avoir été embaumés et placés dans une double boîte de plomb et de vermeil. Les coeurs de Louis XIII et de Louis XIV subirent ce même traitement traditionnel, mais ils furent déposés à l'église Saint-Paul du Marais, d'où ils ne furent transférés au Val-de-Grâce qu'en 1791. L'embaumement des coeurs déposés au Val-de-Grâce est attesté par de nombreuses sources et études historiques. Ainsi, au cours de la séance du samedi 27 novembre 1920 de la Commission municipale du Vieux-Paris, Marcel Fosseyeux faisait une communication savante "sur les cérémonies qui accompagnaient les translations des coeurs dans les monuments parisiens". Il y évoquait notamment les reliques princières du Val-de-Grâce et y expliquait avec force détails "comment se pratiquait l'embaumement de ces coeurs". En 1958, dans Les 200 cimetières du Vieux Paris, Jacques Hillaret écrit : "C'est dans l'église de l'abbaye du Val-de-Grâce que furent déposés en grande pompe, après avoir été embaumés et enfermés dans une double enveloppe de plomb et de vermeil, les coeurs de trente-six princes et princesses de la famille royale depuis celui de la petite Anne-Elisabeth, fille aînée de Louis XIV, décédée en 1662, à 43 jours, jusqu'à celui du dauphin Louis-Joseph-Xavier, fils aîné de Louis XVI, décédé en 1789, à 7 ans." Jean Nagle, l'auteur de La civilisation du coeur, Histoire du sentiment politique en France du XIIe au XIXe siècle, Paris, 1998, confirme, dans un paragraphe intitulé L'inhumation des coeurs séparés au XVIIIe siècle : "On continua à apporter imperturbablement, quoique avec moins de cérémonie, les coeurs des princes de la famille royale, embaumés à l'ancienne, au Val-de-Grâce, qui en reçut plus d'une vingtaine dans le siècle." Les photographies ci-dessous, mieux qu'un long discours, illustrent la différence d'aspect entre - par exemple - le coeur de Louis XIII - retrouvé intact à la Restauration et déposé depuis à Saint-Denis -, et celui de Louis XVII qui, lui, n'a pas été embaumé, mais simplement conservé dans l'alcool. Le coeur de Louis XVII, seulement conservé dans l'alcool, puis desseché à l'air libre, n'a pas été embaumé. Il ne fait donc aucun doute que le coeur du premier dauphin, comme tous ceux qui l'ont précédé au Val-de-Grâce, a été embaumé. Pour nous en convaincre définitivement, rappelons d'abord les faits. Louis-Joseph-Xavier s'éteint le 4 juin 1789, à Meudon, des suites d'une tuberculose osseuse. Le lendemain, cinq médecins et quatre chirurgiens procèdent à l'autopsie. La Bibliothèque municipale de Versailles (coll. Panthéon Versaillais) possède l'Extrait du procès-verbal de l'ouverture du corps de Monseigneur le dauphin, daté de Meudon, le 5 juin 1789. On y lit que les viscères et le coeur ont été prélevés et placés à part. Le cadavre a ensuite été embaumé de manière à pouvoir rester exposé pendant une semaine, sans se décomposer, avant d'être transporté à Saint-Denis pour ses funérailles. L'ambassadeur d'Espagne, Fernan Nuñez, informe le même jour son Premier ministre Florida-Blanca : "Le Dauphin a finalement achevé sa brève existence dans la nuit du 3 au 4, à une heure et demie du matin. Aujourd'hui, on l'a embaumé et il restera exposé à Meudon jusqu'à samedi dans ce qu'on appelle ici la chapelle ardente." (Cité par Albert Mousset in Un témoin ignoré de la Révolution, le comte de Fernan Nuñez, Paris, 1923). Le coeur, pour sa part, également embaumé, est placé dans une double boîte de plomb et de vermeil, comme l'exigeait la tradition. Le 12 juin, ce funèbre colis sera porté au Val-de-Grâce par le jeune duc de Chartres, Louis-Philippe, futur roi des Français, qui relate l'événement : "Dans les premiers jours de juin, M. le Dauphin étant mort, je fus chargé en l'absence de mon père, que ses fonctions de député empêchaient d'assister aux cérémonies, d'accompagner son coeur au Val-de-Grâce. La cérémonie dura sept heures. (Mémoires de Louis-Philippe duc d'Orléans, écrits par lui-même, tome Ier, Paris, 1973). Dès 1793, les coeurs du Val-de-Grâce seront profanés, à l'instar des tombes royales de Saint-Denis. "Les coeurs des tyrans embaumés et déposés au Val-de-Grâce, déjà gisent pêle-mêle sur le pavé de la chapelle funèbre qui les renfermait, et dépouillés de leurs enveloppes d'argent et d'or", peut-on lire dans un journal révolutionnaire (cité par Philippe A. Boiry, in On tue encore Louis XVII, Charenton, 2000). On sait en outre, grâce aux récits postérieurs d'un certain Schunck de Geroltzheim - datés de 1819-22, et consultables aux Archives nationales sous la cote 03 629 - que plusieurs de ces coeurs embaumés furent subtilisés par des artistes avec l'intention d'être réduits en poudre pour en faire de la "momie" - "une substance très précieuse et très recherchée dans l'art de la peinture". C'est ainsi que le coeur de Louis XIII - et celui de Louis XIV en partie - seront sauvés du vandalisme révolutionnaire. Une autre pièce, également conservée aux Archives nationales - F7 4389 D2-4 - nous apprend que le coeur du premier dauphin, Louis-Joseph-Xavier, dans sa "double enveloppe de plomb et de vermeil" a également échappé à la destruction. Détourné lors du sac du Val-de-Grâce par le citoyen Legoy, secrétaire du comité de l'Observatoire, il réapparaît en 1817 à la mairie de l'ancien XIIe arrondissement de Paris - l'actuel Ve. Depuis lors, nous ignorons ce qu'il est devenu. Il n'a pas été redéposé au Val-de-Grâce, ni à Saint-Denis. Comme nous l'avons déjà signalé, seule la plaque gravée qui recouvrait l'urne (photo ci-dessous) est encore visible au musée Crozatier du Puy-en-Velay. C'est cette fugace réapparition du coeur de Louis-Joseph-Xavier en 1817, et sa redisparition immédiate, qui a laissé entrevoir aux partisans irréductibles du "survivantisme" une fallacieuse lueur d'espoir. Puisque le coeur analysé contenait l'ADN de Marie-Antoinette, c'est donc qu'il s'agissait de celui de l'autre fils de la reine, le premier dauphin ! Or, nous venons de voir que cette hypothèse n'était pas envisageable. D'abord à cause des procédés traditionnels d'embaumement, que le coeur de Louis XVII n'a pas subis. En 1795, après l'avoir "soustrait" sur le cadavre de l'enfant du Temple, le docteur Philippe-Jean Pelletan l'a simplement plongé dans de l'alcool éthylique - ou "esprit-de-vin" -, puis il s'est pétrifié à l'air libre. Le docteur Heidi Pfeiffer, qui a procédé le 15 décembre 1999 à son examen macroscopique, l'a trouvé intact, sans ouverture ni trace d'embaumement, tel que décrit dans les récits de Pelletan. Elle a également signalé la présence d'un morceau d'aorte, long de 2 cm, décrit dès 1830 par le fils du docteur. Plus généralement, les caractéristiques assez particulières de cet organe - couleur, forme, dimensions - correspondent aux procès-verbaux des médecins qui l'ont observé en 1895, de même qu'au cliché photographique pris à cette époque. En résumé, le fait est donc établi que leur aspect dissemblable n'aurait, en aucune circonstance, permis de confondre les coeurs des deux frères : celui de l'aîné ayant été embaumé, à la différence de celui de Louis XVII. D'ailleurs, quand bien même ce puissant critère de discrimination n'aurait pas existé, la probabilité mathématique eût été quasiment nulle qu'une confusion se fût faite par hasard, justement entre les deux seuls coeurs dont personne ne pouvait imaginer que des techniques d'analyse génétique - inventées seulement dans les années 1980 - se révéleraient incapables de les différencier ! Enfin, je répète que de très nombreux documents d'archives attestent qu'il n'y a jamais eu aucun échange ni aucune subsitution. Au terme de cette démonstration, je ne crains donc pas d'affirmer qu'il n'y a désormais plus d'énigme Louis XVII. Tous les historiens sérieux s'accordent aujourd'hui pour affirmer que le jeune prince est mort au Temple. Et le coeur qui repose actuellement dans le vase de cristal de la crypte de Saint-Denis est bien le sien, "soustrait" par Philippe-Jean Pelletan, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu. Je laisserai, pour conclure, la parole au regretté professeur Michel Fleury, directeur à l'Ecole pratique des Hautes-Etudes et ancien directeur des Antiquités d'Ile-de-France, archéologue de renom et grand connaisseur de la question Louis XVII. Au cours de la séance du mardi 2 mai 2000 de la Commission du Vieux-Paris qu'il présidait, il avait salué en termes définitifs "la solidité indubitable de la preuve apportée aujourd'hui par la science à la suite des recherches de M. Philippe Delorme." PHILIPPE DELORME |
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