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TOXICOLOGIE DU MERCUREJDV des 10-11-12 janvier 05NANCY Dr Sylvie BETTING Dr Brigitte Van DEN ABBEELE SOMMAIRETOXICOLOGIE DU MERCURE 1 SOMMAIRE 2 1- CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES : 3 2- EXPOSITION EXTRA-PROFESSIONNELLE : 4 A-L’eau contaminée 4 B- Semences empoisonnées 4 C- Thermomètres au mercure : 5 D- Les amalgames dentaires 5 3- EXPOSITION PROFESSIONNELLE : 6 4- REGLEMENTATION : 7 5- LE METABOLISME : 7 6- LA TOXICITE 9 7- LA METROLOGIE ET LA BIOMETROLOGIE 13 8- LA CLASSIFICATION ET L’ETIQUETAGE 14 A. Le mercure et ses composés minéraux 14 9- LES RECOMMANDATIONS 15 10- LA REPARATION 17 BIBLIOGRAPHIE : 18 1- CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES :Connu depuis l’antiquité, les alchimistes l’appelaient le « vif-argent « et le représentaient par le symbole de la planète Mercure d’où son nom. Son symbole Hg vient du latin hydrargyrum qui signifie argent liquide.
2- EXPOSITION EXTRA-PROFESSIONNELLE :![]() Le mercure est un polluant de l’environnement, provenant de rejets industriels. Dans l’eau des océans, il est méthylé par les microorganismes et transformé en méthylmercure qui s’accumule dans la chair des poissons et est ensuite ingéré par l’homme qui se contamine en le consommant. Les daurades, espadons, thons, requins sont particulièrement concernés. Un poisson contaminé pourra contenir jusqu’à 100 000 fois la concentration de l’eau environnante, c’est la bioaccumulation. Normalement, l’eau potable doit contenir moins de 1 µg/l. On peut citer la catastrophe de Minamata au Japon entre 1953 et 1956 : une usine chimique produisant du chlorure de vinyle utilisait du chlorure et sulfate de mercure comme catalyseur. Les rejets de l’usine ont contaminés l’eau de la baie de Minamata, et les poissons consommés par les populations locales de pêcheurs. Il y a eu des centaines de morts, et de nombreuses personnes atteintes de pathologies surtout neurologiques et de malformations fœtales. B- Semences empoisonnéesA partir de 1890 ont été utilisés des composés organo-mercuriels qui permettaient une meilleure conservation des semences de céréales. Cette pratique s’est généralisée à partir de 1915 et a donné de nombreuses intoxications suite à la consommation de pains fabriqués avec des grains contaminés. (Irak en 1971 : 459 morts) Ces produits ont été interdits en Europe de l’Ouest depuis 1982 . C- Thermomètres au mercure :Ces instruments de mesure sont interdits en France depuis 1999. D- Les amalgames dentairesLe mercure est utilisé pour la fabrication des amalgames dentaires que l’on nomme « plombages «, et qui seraient à l’origine d’une imprégnation excessive du mercure de l’organisme. Les études montrent des divergences d’appréciations entre les experts. 3- EXPOSITION PROFESSIONNELLE :Actuellement, le mercure est surtout utilisé dans trois domaines d’applications industrielles : Dans l’industrie chimique, électrique, fabrication d’instruments de mesure.
Dans l’industrie pharmaceutique, on l’utilise comme antiseptique externe (mercurochrome), comme laxatif… - dans l’industrie électrique : il est utilisé comme constituant de piles, lampes, tubes fluorescents, enseignes lumineuses,… - dans la fabrication d’instruments de mesure et de laboratoire : thermomètres, baromètres.… En dentisterie, il sert à la préparation d’amalgames dentaires. En joaillerie, on l’utilise pour la séparation de l’or et de l’argent. Pigment pour la peinture connu depuis l’antiquité, le sulfure mercurique (cinabre) est encore utilisé pour les matières plastiques, le papier, la cire. Fabrication des chapeaux en feutre : le nitrate mercureux était utilisé pour agglomérer les poils dans les opérations de feutrage. L’auteur d’ « Alice au pays des merveilles » se serait inspiré pour le personnage du chapelier fou du tableau d’intoxication chronique appelé hydrargyrisme. 4- REGLEMENTATION :Aucun pays d’Europe n’a formellement interdit l’amalgame dentaire mais des limitations d’usage commencent à se mettre en place. Sur l’environnement, du fait de la gravité des effets du mercure sur la santé et sur la contamination de l’environnement, des réglementations ont été adoptées à différents niveaux : national, européen, international, mondial (OMS). Jusqu’en 1998, seuls quatre pays Européens avaient pris des dispositions pour limiter l’utilisation de l’amalgame dentaire. Il s’agit de l’Autriche, de l’Allemagne, de la Suède, du Danemark. En France, l’Arrêté du 30 mars 1998 réglemente seulement les rejets d’amalgame en imposant aux cabinets dentaires de se doter d’un séparateur pour récupérer les déchets d’amalgame. Puis la décision de l’AFSSAPS du 14 décembre 2000 a imposé d’utiliser les amalgames sous forme de capsules pré dosées. L’implication des pays européens pour préserver l’environnement fait que l’on compte une trentaine de directives et règlements pour limiter l’utilisation et les rejets de mercure. L’OMS intervient en formulant des recommandations : aucune ne concerne l’amalgame dentaire mais de nombreux textes concernent la concentration du mercure dans l’air ambiant, le milieu professionnel, l’eau potable, les poissons… 5- LE METABOLISME :A- ABSORPTION : pulmonaire, cutanée, digestive.En milieu professionnel, la principale voie d’entrée du mercure métallique est la voie pulmonaire suite à l’inhalation de vapeurs. En effet, le mercure s’évapore à la température ambiante. Un mètre cube d’air saturé par des vapeurs de mercure contient 15 mg de mercure à 20°C, à 40°C il en contient 68mg/m3. 80 % des vapeurs inhalées sont absorbées au niveau alvéolaire, et passent rapidement la membrane alvéolo-capillaire grâce à leur liposolubilité. La voie cutanée est possible pour le mercure métal et les composés inorganiques. On a décrit des intoxications liées à l’application de crèmes ou de savons contenant du mercure inorganique. La voie digestive : concerne la population générale qui peut absorber des aliments contaminés comme des poissons. Le mercure métal est peu absorbé, les sels mercuriques sont également peu absorbés, mais l’absorption est presque totale pour les dérivés organiques. B- TRANSPORT et ELIMINATIONLe transport du mercure métal est effectué au 2/3 par les globules rouges et pour 1/3 par Le plasma, la distribution dans les organes est très rapide : 10 mn après la fin de l’exposition, 30 % du mercure reste dans les poumons. L’accumulation se fait surtout dans les reins et le foie, et 1% se retrouve dans le cerveau. L’élimination se fait par l’air expiré, par les urines, les selles dans les 3 jours qui suivent. La demi-vie est de 58 jours pour l’ensemble du corps, elle est de plusieurs années pour le cerveau. Pour les composés inorganiques, la distribution prédomine au niveau du rein, surtout au niveau du tube contourné proximal et l’anse de Henlé. L’absorption digestive peut atteindre 15%, très peu au niveau du cerveau. La demi-vie est de 40 jours. Pour les composés organiques, l’absorption digestive est importante (80 à 100%), l’absorption respiratoire également ( 80%), la voie cutanée est favorisée par la grande liposolubilité. Le transport se fait par voie sanguine sur les globules rouges sur les groupements thiols de l’hémoglobine. Le methylmercure s’accumule dans le système nerveux central (substance grise) grâce à sa stabilité et à sa liposolubilité il va être particulièrement toxique. L’élimination se fait pour 90% par les selles, une petite partie par la bile pour suivre le cycle entéro-hépatique et être ensuite éliminé par les urines. L’excrétion urinaire est très faible, les phanères, le lait, la salive sont des voies d’élimination mineures. La demi-vie est de 70 jours. 6- LA TOXICITEA – L’intoxication aiguëElle est exceptionnelle dans l’industrie et peut être provoquée par : Inhalation de vapeurs de mercure à fortes concentrations atmosphériques de 1 à 3 mg/m3 Cela peut survenir de façon accidentelle dans les espaces mal ventilés, lors de l’extraction du métal de son minerai ou le chauffage d’alliages à base de mercure (amalgame or mercure). Les troubles concernent :
En cas d’ingestion accidentelle de sels mercuriques et de composés organiques
L’ingestion de mercure métal est peu toxique car l’absorption digestive est négligeable. Par voie parentérale L’injection sous cutanée volontaire ou accidentelle de mercure entraîne des lésions locales inflammatoires. Les risques d’intoxication systémique sont rares. En cas de passage intraveineux, le métal peut se répandre dans l’organisme et causer des lésions nécrotiques. Le principal risque est constitué par l’embolisation pulmonaire qui peut être fatale. Par contact cutané
Par contact oculaire Les gouttes de mercure qui pénètrent accidentellement dans l’épithélium cornéen, sont éliminés rapidement sans réaction importante. B – L’intoxication chroniqueIl s’agit de la forme la plus fréquente en pathologie professionnelle et elle est le plus souvent due à une exposition prolongée à des vapeurs de mercure et / ou à des poussières de dérivés mercuriels.
Une exposition prolongée à des vapeurs de mercure et / ou à des dérivés minéraux entraîne des manifestations diverses regroupées sous la dénomination d’hydrargyrisme.
Une atteinte du système nerveux central, dont le tremblement dit mercuriel, est le signe essentiel. Une encéphalopathie d’installation insidieuse se développe avec troubles du comportement :
Une atteinte cérébelleuse à type d’ataxie associée à un tremblement dit mercuriel peut être observée. C’est un tremblement intentionnel qui débute généralement au niveau de la face, c’est-à-dire lèvres (commissures labiales, langue), paupières puis qui s’étend aux membres supérieurs, doigts, entraînant une modification particulière de l’écriture. Ce tremblement n’apparaît donc qu’à l’occasion du mouvement volontaire. Il augmente sous l’effet de la fatigue ou des émotions. Il progresse aux membres inférieurs.
Des polynévrites sensitivomotrices ont été décrites, souvent infra cliniques, se traduisant par une diminution de la vitesse de conduction de certains nerfs à l’EMG.
Cette atteinte rénale serait plus fréquente avec les composés minéraux, sous forme d’une glomérulonéphrite extra membraneuse généralement réversible à l’arrêt de l’exposition. Elle consiste en une simple protéinurie isolée avec possibilité d’évolution vers un syndrome néphrotique, l’atteinte tubulaire étant d’origine toxique alors que l’atteinte glomérulaire résulterait d’un processus immunologique.
Elle se traduit par :
Elle comporte :
Une atteinte oculaire est observée avec des opacités ponctiformes disséminées dans le cristallin ainsi que des dépôts brunâtres au niveau de la capsule antérieure du cristallin.
Il est décrit une interférence avec le système immunitaire dont les conséquences demandent à être précisées.
Si dans l’industrie, les voies pulmonaire et cutanée constituent les voies d’absorption les plus fréquentes (en raison respectivement d’une grande volatilité et d’une bonne liposolubilité), des épisodes extra-professionnels d’intoxication massive ont pu résulter de l’ingestion d’aliments contaminés par ces dérivés et en particulier le diméthylmercure. La cause de la « Maladie de Minamata » survenue dans une communauté de pêcheurs située dans la baie de Minamata au Japon fut finalement attribuée à la consommation de poissons contaminés par le méthylmercure suite au déversage dans la baie des déchets d’une usine utilisant du dichlorure et du sulfate de mercure. Le méthylmercure peut contaminer la chaîne alimentaire selon le processus suivant : dans les conditions anaérobiques existant au fond des rivières et des lacs, le mercure inorganique est transformé en méthylmercure par l ‘action de micro-organismes. • Les alkyl-mercures se fixent de manière sélective sur le système nerveux entraînant une encéphalopathie de gravité variable. Les symptômes apparaissent progressivement après plusieurs semaines de latence. Le début est marqué par un désintérêt, une apathie, une asthénie, des paresthésies des doigts et des lèvres lorsque les concentrations sanguines en méthylmercure atteignent 20 µg/100 ml. Il s’installe alors une ataxie cérébelleuse avec dysarthrie, tremblements, mouvements anormaux de type choréiforme et athétosique. Une atteinte sensorielle est fréquente avec diminution de l’acuité visuelle et rétrécissement visuelle entraînant une vision tunnellaire, avec surdité. Des troubles comportementaux avec dysphonie, indifférence totale, complètent le tableau. Celui-ci aboutit à une grabatisation du patient puis au décès. • Le méthylmercure est tératogène et traverse le placenta. Des lésions neurologiques graves et irréversibles ont été observées chez les enfants des mères exposées pendant leur grossesse à Minamata : ataxie cérébelleuse, retard mental, dysarthrie, chorée, tremblements. • Des altérations des chromosomes lymphocytaires ont été observées dans les lymphocytes de personnes consommant régulièrement du poisson contenant du méthylmercure à 0,5 à 7 ppm ( atteinte génétique, altérations chromosomiques). C. Effets sur la reproductionUne augmentation de l’incidence des avortements spontanés a été signalée chez des femmes exposées à des vapeurs de mercure. Des anomalies du cycle menstruel et une baisse de la fécondité ont été constatées. Des cas d’oligospermie et de stérilité ont été observés chez des travailleurs exposés à l’oxyde mercurique dans une fabrique des batteries. Les enfants nés de mères consommant du poisson contenant du méthylmercure pendant leur grossesse à Minamata présentaient de graves lésions neurologiques irréversibles. D. Effets mutagènesUn nombre anormalement élevé d’aberrations chromosomiques a été observé chez des travailleurs professionnellement exposés au mercure. E. La cancérogénicitéLe mercure métallique et les composés minéraux sont classés 3 par le C.I.R.C. Le méthylmercure est classé 2B par le C.I.R.C. 7- LA METROLOGIE ET LA BIOMETROLOGIEA. Métrologie d’ambianceLes concentrations atmosphériques maximales VME proposées en milieu professionnel sont de : 0,05 mg/m3 pour les vapeurs de mercure 0,01 mg/m3 pour les composés alkyles = composés organiques 0,1 mg/m3 pour les composés aryles et les composés inorganiques =composés minéraux. Il n’existe pas de VLE en France. Il convient de remarquer qu’à température ambiante, le mercure métal (liquide) et certains de ces composés émettent des vapeurs par sublimation. La tension de vapeur est telle, que la concentration atmosphérique de la valeur saturante est tout à fait en mesure de dépasser la VME de 0,05 mg/m3. B. Biométrologie
a) Dosage dans le sang
b) Dosage dans les urines
-Pour une exposition fluctuante, le dosage du mercure sanguin est préférable (si prélèvement réalisé en début de poste cela permet de diminuer le risque de contamination du prélèvement). -Pour une exposition ancienne et constante, le dosage du mercure urinaire est à privilégier. 2- Mercure organique a) Dosage dans le sang
b) Dosage dans les urines
-Pour le mercure organique seul le dosage dans le sang est utilisable. Le dosage dans les urines n’a aucun intérêt car le méthylmercure est éliminé par les selles. 8- LA CLASSIFICATION ET L’ETIQUETAGEA. Le mercure et ses composés minéraux1- Le mercure : T : toxique R23 : Toxique par inhalation R33 : Danger d’effets cumulatifs 2- Les composés minéraux autres que sulfure mercurique et que ceux nommément désignés : T R26/27/28 R33 B. Les composés organiquesTrès toxique : T+ R23 à 28 R33 9- LES RECOMMANDATIONSA- Au point de vue médical = surveillance médicale1- Réglementaire. a)Visites médicales
b) Mesure de l’exposition Mesures de concentrations dans l’atmosphère de façon régulière voir mesure en continu et lors de tout changement des conditions de travail susceptibles d’avoir des conséquences sur l ‘exposition. c) Fiche d’exposition Etablie par l’employeur et mentionnant :
2- Conseillée a)Visites médicales
b) Examens complémentaires
Mercure inorganique total dans le sang doit être 15 µg/l dans les urines 35 µg/l Mercure organique dans le sang 100 µg/l
B- DU POINT DE VUE TECHNIQUE1- Prévention collective
2- Prévention individuelle
10- LA REPARATIONLa réparation des manifestations provoquées par le mercure et les composés mercuriels se fait selon des délais variables aux tableaux n° 2 du régime général et n° 12 du régime agricole. ________________________________________________________ BIBLIOGRAPHIE :CATILINA P. Médecine et risque au travail. MASSON INRS. Documents pour le médecin du travail. N°93. 1er trimestre 2003. INRS. Mercure et composés minéraux. Fiche toxicologique n°55. JEAMBRUN A.S. Intoxication au mercure et à ses composés. JDV Strasbourg 2004 LAUWERYS R. Toxicologie industrielle et intoxications professionnelles. MASSON PETIET G. cours sur le mercure. www.senat.fr : effets des métaux lourds sur l’environnement et la santé. |
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