Un parcours de questions éthiques au xxième siècle Ethique, commerce et consommation





télécharger 69.83 Kb.
titreUn parcours de questions éthiques au xxième siècle Ethique, commerce et consommation
page1/4
date de publication17.11.2017
taille69.83 Kb.
typeCours
m.20-bal.com > économie > Cours
  1   2   3   4


passez

à l‘acte

6 ème Causerie du cycle « L’éthique, une règle de vie »

Un parcours de questions éthiques au XXIème siècle



Ethique, commerce et consommation



Animateur : Francis WALBAUM

Autres intervenants : Sylvie JURION, Benoit BRAUNS et Benjamin DEVELEY


Lundi 19 Avril 2010

40 Personnes

Introduction par Marie-Hélène Wieczorek


  • Pourquoi se pencher sur le lien entre éthique, commerce et consommation ?

L’image caricaturale que l’on a d’un bon vendeur, c’est celle du marchand de réfrigérateurs capable de les vendre aux Lapons…Nous vivons une époque où nous cherchons à avoir toujours plus et même à le montrer…(si la possession d’un réfrigérateur représente pour les Lapons le signe de leur appartenance à une société développée, ils en auront sans doute envie). Nous cherchons à avoir des produits de plus en plus performants, le plus souvent sans considération pour les conditions dans lesquelless ils ont été produits et sans prise en compte des effets des modes de leur production sur la planète, ni des effets de leur fonctionnement à plus long terme. Nous cherchons également à les payer au moindre coût. On parle de Client-Roi. Les vendeurs sont parfois mis dans des situations de stress insoutenables. Les entreprises exigent d’eux de « faire du chiffre ». Les entreprises elles-mêmes sont prises dans un engrenage où leur survie dépend de leur chiffre d’affaire. Où est l’humain là dedans ? A-t-il une place dans ce système ? quelles sont les priorités ?

Si on se pose la question de la place de l’Etre humain dans cet engrenage, on se pose des questions d’ordre éthique. C’est l’objet du débat qui va avoir lieu.

  • Présentation de l’ordre des prises de parole :

Témoignage de Benoît Brauns sur ce qu’on attendait de lui, diamantaire puis vendeur de diamants de joaillerie, son amour pour son métier et pour les objets qu’il a vendus, la part de rêve que peut représenter un objet comme le diamant.

Témoignage de Benjamin Develey, qui travaille au Marketing de France-Télécom – Orange comme responsable de la stratégie marketing d’Orange. Où sont les limites qu’on peut se fixer (ou qu’on doit se fixer) quand on est dans un poste comme le sien ? Partage de sa réflexion sur la hiérarchisation entre le « pourquoi », le « comment » et le « avec quels moyens ? »

Témoignage de Francis Walbaum, dans la phase de sa carrière où il a travaillé dans des entreprises agro-alimentaires. Ce qu’on attendait de lui, comment il a vécu cette période de sa vie.

Francis Walbaum, magistrat puis Président du Tribunal de Commerce de Reims : l’aide aux entreprises puis le rôle du juge. « Une entreprise est faite pour embaucher des personnels » ? pour produire , pour créer des produits qui satisfont aux besoins des consommateurs ? pour répondre à un rêve ?

Témoignage de Sylvie Jurion, Conseillère en éducation sociale et familiale, psychologue clinicienne, chercheur et chargée du traitement des dossiers de surendettement. Comment elle veut redonner à l’individu son rôle plein de sujet dans la démarche d’achat, de gestion de budget, dans la relation à l’intérieur de la cellule familiale, face aux difficultés financières. Le rôle de l’argent : moyen ou fin ?, Dissolution de l’Etre dans l’Avoir.

Intervention de Benoît Brauns : Dans l'industrie diamantaire

  1. Présentation carrière.

Autodidacte puis approche du commerce au retour du Service militaire. Tourisme et Tours Opérateurs, Négoce d'armes de chasse et de tir pour une Manufacture de St ETIENNE puis Responsable d'une Boutique dans un Grand Magasin parisien. 10 ans à faire mes premières armes et à suivre des cours et formations diverses comme au CNAM afin de parfaire mes connaissances en techniques de vente mais surtout de découvrir le plaisir de la vente, d'établir une relation forte avec une personne en passant par 3 étapes : INFORMER, SEDUIRE ET CONVAINCRE mais toujours dans un esprit de respect de l'individu et de relations à long terme avec un souci permanent d'éthique et de morale.

A qui voulait bien m'entendre je parlais de mes 2 jambes honnêteté intellectuelle et rigueur morale.

Avant d'aborder mes 30 années d'activité dans le commerce du diamant permettez moi d'abord d'associer mon frère Eric BRAUNS Professeur agrégé de Philosophie à qui j'ai demandé d'une façon claire, simple et intelligible quelle était la différence entre Ethique et morale et s'il existait un commerce vertueux?

Il me répond je le cite: Ces 2 mots désignent tous les 2 l'étude du comportement, de la conduite, des mœurs dans le but de découvrir qu'est ce qu'une vie bonne? Qu'elle est la meilleure façon d'agir, la plus humaine, la plus honorable?

En fait cela veut dire qu'il y a 2 questions à résoudre:

  • Quel idéal d'homme voulons-nous atteindre? But ou finalité…

  • Quelles règles concrètes allons-nous observer? Que va-t-on interdire ou autoriser?

Et en fonction de ces 2 questions il me cite Paul RICOEUR, Philosophe et Protestant qui a proposé dans un article en 1990 la distinction éthique/morale avec comme contenu chacune des 2 questions:

L'éthique c'est la recherche d'un modèle d'homme, d'une excellence à atteindre, elle s'occupe du projet d'ensemble qui sera principe et fondement de toutes les règles, préceptes, impératifs. Paul RICOEUR dit: "Je définirai la visée éthique par les 3 termes suivants: visée de la vie bonne, avec et pour les autres, dans des institutions justes"

La morale comprend les maximes, les lois que nous nous imposons afin de créer en nous-mêmes l'homme éthique; elle détermine donc nos devoirs, nos obligations librement consenties en fonction de notre idéal éthique.

Et mon frère Eric rajoute: Une comparaison encore plus simple: l'éthique c'est le plan et la morale c'est la mise en œuvre sur le chantier.

Et bien voilà sans doute grâce à ces propos philosophiques une belle illustration de ce que je voulais dire avec mes mots pour l'avoir observé pendant toute ma carrière lorsque je vous parlais d'honnêteté intellectuelle et de rigueur morale dans ce merveilleux monde du diamant que j'ai côtoyé pendant 30 ans.

Vous parler des circonstances dans lesquelles je suis arrivé à Anvers en Mai 1979 par une belle après midi ensoleillée dans une salle de tri d'une taillerie de diamants serait trop long à vous expliquer……

9 mois de formation à ANVERS, 4 ans gérant d'une Société de négoce en diamants taillés à Paris puis 3 mois à TOKYO puis 10 ans Consultant Marketing à la DE BEERS Centre promotionnel du diamant puis 7 ans Directeur Commercial KORLOFF Paris puis 4 ans pour un autre Joaillier plus spécialisé en pierres de couleur puis de nouveau rappelé par KORLOFF Paris jusqu'à la fin 2009.

2. L'éthique dans le négoce du diamant (en amont)

La confiance ( les confiés de pierres, le "Mazal" pour signature)

La DE BEERS: Harry OPPENHEIMER Fils de Ernest OPPENHEIMER Fondateur de la ANGLO AMERICAN COMPANY ayant racheté à Cecil RHODES la Cie minière DE BEERS après la ruée du diamant en 1870 en Afrique du Sud. Aujourd'hui c'est Nicky OPPENHEIMER fils d'Harry qui préside le Groupe. Je reviens à Harry pour rester dans le sujet de notre table ronde pour vous préciser qu'il fut un grand défenseur de la réforme anti apartheid dans les années 70 et qu'il fut un Membre très influent dans le processus de libération de Nelson Mandela. L'industrie diamantaire emploie 300000 personnes dans le monde. Excellentes conditions de travail dans les mines. Ambiance retrouvée dans INVICTUS. Nous sommes à 100000 lieues des conditions moyenâgeuses et scandaleuses comme les conditions d'extractions des émeraudes en Colombie ou des rubis en Birmanie mais il ne faut pas se voiler la face un autre film a également défrayé la chronique "BLOOD DIAMONDS" montrant une image encore plus scandaleuse les diamants de sang ou les diamants de guerre.

La Convention KIMBERLEY ou le processus KIMBERLEY

Le processus de Kimberley est un régime international de certification des diamants bruts qui réunit gouvernements et industriels du diamant, dans l'objectif d'éviter l'utilisation des pierres par des mouvements rebelles pour financer leurs activités militaires. L'accord a débuté en Mai 2000 à KIMBERLEY en Afrique du Sud. Il a été signé le 1er Janvier 2003 par le Canada, les Etats- Unis, les pays de l'Union européenne et plus de 30 autres pays.

Exemple: le 3 Avril 2009 suite à plusieurs témoignages concernant les violations des droits de l'homme dans la région de Marange au ZIMBABWE, la Fédération des bourses de diamants ont décidé d'appliquer le système de certification du processus de Kimberley et ont prononcé une interdiction de vendre des diamants issus du ZIMBABWE. C'est toujours en vigueur aujourd'hui.

3. L'éthique dans la vente du diamant au détail (en aval)

  • Campagnes mondiales de Publicité "A diamond is for ever" accentuées surtout sur la bague de fiançailles "Diamond engagement ring" puis sur l'alliance en diamants "Diamond eternity ring" mettant en avant l'une des principales motivations d'achat le diamant symbole d'amour et ce en référence à Maximilien d'Autriche au XV siècle qui offrit la première bague en diamant à Marie de Bourgogne. Avant le diamant par décret était l'apanage des rois depuis Louis IX.

  • Le respect des critères de qualité et les circuits de distribution avec les fabricants mettant en avant la beauté du bijou en diamant.

  • Opération de promotion et de relations publiques (Un diamant pour un enfant)

  • Un énorme péché contre l'éthique: le diamant placement ou investissement le diamant n'étant pas un objet de placement contrairement à l'or mais une excellente valeur refuge dans le patrimoine familial.

  • Amour, beauté et patrimoine dans un circuit de distribution de vrais professionnels ne nuit aucunement à l'éthique.

4. Conclusion

Je me permets de revenir à la question que je posais à mon frère au début de cet exposé lorsque je lui demandais "existe-t-il un commerce vertueux?"

Voici sa réponse que je partage entièrement: "Sur le commerce vertueux, je n'ai rien à dire sinon que ce n'est pas sérieux comme formule pour des tas de raisons dont celles-ci: il n'y a qu'une seule vertu qui soit compatible avec le commerce c'est la justice. Un échange juste est celui où le produit est acheté à un prix juste à son producteur et revendue avec un profit honnête. On n'arrête pas de dire que Calvin est à l'origine du capitalisme sous prétexte qu'il aurait soutenu que la prospérité est le signe d'une bénédiction divine et aussi parce que le capitalisme a pris son essor dans des pays protestants (Angleterre, les Etats-Unis puis l'Allemagne). C'est faux tout simplement. D'autres facteurs ont joué et dans les écrits de Calvin il y a surtout une glorification du travail. Il n'y avait pas que des Bourgeois à Genève mais beaucoup d'artisans: travailler c'est faire fructifier la création donnée par Dieu et permettre ainsi la subsistance des hommes de même que l'assistance des pauvres.

Mesdames, Messieurs je me sens beaucoup plus en filiation avec Calvin qu'avec Madoff, le monde du diamant est peuplé d'individus avec plus ou moins de respect de l'éthique, j'ai entendu des commerciaux dire au sujet de leurs clients avant de partir en prospection "on va les saigner"…..ou alors dans le même contexte m'assurer "que tous les matins il y a un pigeon qui se réveille"; pour ma part je ne me considère pas mieux que tout le monde, tenaillé par la pression des objectifs j'ai du me battre pour convaincre et maintenir le chiffre d'affaires. Par contre et je ne suis pas le seul heureusement, je m'estime privilégié d'avoir pu pendant 30 ans faire partager ma passion pour cette parcelle d'éternité, symbole de lumière et de pureté, dans un réel souci d' éthique dans ma façon d'être et d'agir vis-à-vis de mes nombreux clients. J'espère l'avoir partagé également avec vous ce soir, je vous remercie pour votre attention.

Intervention de Benjamin Develey : Business et éthique

La vie professionnelle génère des moments éthiques, voire des conflits éthiques. Le marketing des produits de grande consommation consiste à apporter la plus grande satisfaction possible à ses clients pour la plus grande marge possible pour l'entreprise. Le cycle de l'innovation tel qu'il est pratiqué depuis une vingtaine d'années conduit même à tenter de créer de nouveaux besoins, de nouvelles envies chez les consommateurs. On voit bien le dilemme éthique possible lorsqu'un ménage modeste consacre 15 a 20% de son budget à des achats d'appareils électroniques.

On entend souvent dire que le but de l'entreprise, c'est la recherche du profit: c'est confondre l'objectif et la norme. Le profit, c'est la norme, le principe de fonctionnement d'une entreprise sans lequel elle ne peut survivre. Son but, me semble-t-il consiste à servir ses clients et à permettre à ses salariés de vivre dignement. Elle doit donc rechercher un équilibre entre la rémunération de ses actionnaires, de ses salariés et l'investissement pour préparer son avenir. En résumé, le but de l'entreprise c'est le service, la norme de l'entreprise, c'est le profit. Typiquement, ce débat est abordé dans la littérature sur la gouvernance d'entreprise par la distinction entre approche shareholder (celle de l'actionnaire) et approche stakeholder (celle de l'ensemble des parties prenantes: actionnaires mais également salariés, clients et partenaires)

J'aime la définition de Paul Ricoeur: "l'éthique, c'est la visée de la vie bonne, avec et pour les autres dans des institutions justes." Une approche éthique de l'entreprise et du monde des affaires appelle dans cette perspective plusieurs exigences:
 + contribuer sous un angle professionnel à la vie bonne des hommes qui la composent, finalement placer l'homme au centre de ses préoccupations
 + avoir le souci de l'autre et le montrer dans chacune des décisions des responsables
 + s'incarner dans des institutions justes: prise en compte de l'avis des comités, des organisations syndicales et plus largement du personnel

Cette éthique est portée par les individus, l'entreprise comme institution ne peut être par elle-même éthique ou elle ne peut l'être que par construction par les choix de ses dirigeants et le comportement de ses salariés. Les codes d'éthique sont utiles pour exprimer les règles choisies par les dirigeants et partagées par les salariés. L'éthique en entreprise est avant tout affaire de comportement individuel, le premier levier pour la faire progresser, c'est l'éducation et l'expérience des hommes. Disposer d'un bagage de culture générale minimal peut s'avérer d'un grand secours dans cette perspective...

Le monde économique permet de définir le champ des possibles: que peut on produire et a quel coût? L'éthique permet de poser des limites, de guider le champ des possibles en plaçant  l'homme au coeur et en suscitant le respect de l'autre. Attention toutefois au danger inverse qui consisterait a rechercher le tout éthique: le principe de précaution dans sa version étroite me parait nous faire courir ce risque. Laissons d'abord la science, la recherche même l'entreprise explorer le champ des possibles avec audace et passons exhaustivement ces options par le prisme de l'éthique pour les accepter ou les rejeter mais évitons de nous fermer des portes dès le départ.    


Intervention de Francis Walbaum :
  1   2   3   4

similaire:

Un parcours de questions éthiques au xxième siècle Ethique, commerce et consommation iconLes français travaillant en Suisse au xxième siècle

Un parcours de questions éthiques au xxième siècle Ethique, commerce et consommation iconBibliographie de la recherche en phase 2 du projet 25
...

Un parcours de questions éthiques au xxième siècle Ethique, commerce et consommation iconI victor Hugo, bien que poète, ou plutôt parce que poète, n'était...
«L'animal du xixe siècle» organisé par l'équipe “ Littérature et civilisation du xixe siècle ” de l’Université Paris 7 sous la direction...

Un parcours de questions éthiques au xxième siècle Ethique, commerce et consommation iconSecrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des Petites...

Un parcours de questions éthiques au xxième siècle Ethique, commerce et consommation iconLe debut du xxie siecle
«complicité de commerce d’armes illicites» dans l’enquête sur l’Angola, le fils aîné de l’ancien président reste placé sous contrôle...

Un parcours de questions éthiques au xxième siècle Ethique, commerce et consommation iconNote eprist sur le text et data mining
«moderne» essentiel, adapté à la masse croissante de données polymorphes (BigData), pour exploiter les données et produire de nouvelles...

Un parcours de questions éthiques au xxième siècle Ethique, commerce et consommation iconCaen Parcours «Le thème de l'eau dans la peinture»
«désert» qui au xvie siècle était un lieu éloigné des villes, à la campagne, en bord de mer ou à la montagne; l’histoire de saint...

Un parcours de questions éthiques au xxième siècle Ethique, commerce et consommation iconCours polycopies d’ethique medicale
«droits», «responsabilités», «vertus» et des adjectifs comme «bon» et «mauvais», «vrai» et «faux», «juste» et «injuste». Selon ces...

Un parcours de questions éthiques au xxième siècle Ethique, commerce et consommation iconLe Comité consultatif national d'éthique publie un avis sur les enjeux...
«Jusqu'où a-t-on le droit d'aller ?», traduit le Comité consultatif national d'éthique (ccne), qui présentait vendredi son dernier...

Un parcours de questions éthiques au xxième siècle Ethique, commerce et consommation iconLa Consommation de tabac en France Evolution de la consommation depuis 1950





Tous droits réservés. Copyright © 2016
contacts
m.20-bal.com