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Cette proposition de corrigé a été élaborée par les membres de la commission d’entente de l’Académie d’Aix-Marseille. EAF session 2007, série L : Eléments de corrigé
Montrez ce qui peut justifier le rapprochement de ces trois auteurs, dans leur vision de l’enfance comme dans la démarche qu’ils choisissent pour l’évoquer. Remarque préalable : si le terme de « vision de l’enfance » ne pose pas de problème de compréhension, le terme de « démarche » peut recouvrir aussi bien les thèmes choisis que les modalités d’écriture. On peut proposer les points communs suivants :
l’extrait de Colette (apostrophes aux fleurs ligne 1, évocation des sources dans les lignes 35 à 40, rythme dans les lignes 24 à 26), par instants dans l’extrait de S. de Beauvoir (description imagée des confiseries, lignes 9 à 14, ou évocation par synesthésies des sensations gustatives, lignes 16 à 19) ; opposition chez Cohen entre une prose volontairement dépouillée (accumulation de noms, simple parataxe) pour traduire la simplicité du bonheur vécu auprès de sa mère et des accents poétiques liés à la nostalgie d’un passé révolu (apostrophes qui scandent le texte : ligne 1, ligne 6 et lignes 16-17) et à l’évocation douloureuse de la mort de la mère et des petits bonheurs qui lui sont associés (rythme ternaire des invocations dans les lignes 16 à 18, métaphores des sons et des fumées pour exprimer le caractère fugace du bonheur, métaphore du voyage et de la mort). II. COMMENTAIRE LITTERAIRE : Texte d’Albert Cohen (texte B) Eléments de corrigé :
- une enfance évoquée par touches successives à travers des objets familiers : 1ère phrase, consacrée à la description de la chambre de l’enfant, constituée essentiellement de noms juxtaposés : la nomination construit l’existence d’un cadre et d’un univers particulier, celui d’un lieu protecteur pour un enfant qu’on devine de santé fragile. - une enfance évoquée par touches successives à travers des activités quotidiennes banales et répétitives : 2ème phrase toujours constituée de noms juxtaposés et qui présente des objets liées à des activités enfantines (par exemple : les journaux illustrés qui supposent une lecture, les lettres qui suggèrent une écriture, des balançoires qui suggèrent des jeux). Cohen cherche à faire revivre le passé de son enfance non dans ce qu’il a d’exceptionnel, mais au contraire dans ce qu’il a de plus simple et de plus banal. - une absence remarquable du sujet pour un texte autobiographique: Cohen ne cherche pas à relater la construction d’une personnalité, à faire le portrait de l’enfant qu’il a été, à décrire la naissance d’une vocation littéraire. Le « je » est singulièrement absent de son écriture : pratiquement pas de verbes, et de verbes d’action. La seule proposition indépendante qui présente un verbe d’action et qui a un « je » pour sujet est au centre du paragraphe (ligne 10 : « petites mains sales, genoux écorchés et j’arrachais la croûte toujours trop tôt ») : elle correspond à une image humoristique d’un petit garçon comme les autres avec des petits tracas quotidiens (chutes, genoux couronnés). La même distanciation humoristique apparaît dans l’évocation de l’apprentissage des récitations : « fables de La Fontaine idiotement récitées debout sur la table », ligne 8. L’insistance humoristique sur les différents plumiers et les différentes plumes (ligne 12 et 13) est sans doute une discrète allusion à sa vocation littéraire. On n’assiste à aucun épanchement personnel, à aucun sentimentalisme.
- c’est la mère qui est le véritable sujet, la figure centrale de l’évocation de son enfance, comme l’indique le titre même de l’œuvre, mais aussi le fait que les seules structures syntaxiques complexes et présentant des verbes d’action concernent la mère : elles apparaissent à la fin de la première phrase, lignes 4 à 6 : « baisers de Maman qui me disait, après avoir bordé mon lit, que maintenant j’allais faire mon petit voyage dans la lune avec mon ami écureuil », et au centre de la seconde phrase, lignes 10 -11 ) : « cirque Alexandre où elle me menait une fois par an et auquel je pensais des mois à l’avance ». - une mère qui scande de sa présence le texte à travers les anaphores : « petits baisers du soir, baisers de Maman » (ligne 4), « chansons de Maman » (ligne 14), « gâteaux de Maman, sourires de Maman » (ligne 16). La majuscule confère au terme un statut de nom propre : il s’agit de la figure maternelle par excellence, qui incarne et symbolise pour Cohen l’univers de l’enfance.
cet univers disparu avec elle. Mais la mort de la mère est aussi vécue comme l’expérience de sa propre mort, exprimée d’une façon poétique à travers la métaphore du voyage. Le choc de cette découverte est mis en valeur par le chiasme final
Remarques générales : la citation ne correspond qu’à une partie de la problématique posée (une manière de se préparer à la mort) et joue sur une image poétique dont les élèves n’ont peut-être pas les références. La problématique proposée utilise le terme « manière », on acceptera aussi l’emploi dans les copies du terme « moyen ». Eléments de corrigé : Introduction : on peut considérer que l’autobiographie remplit ces deux fonctions, et qu’il n’y a pas de réelle contradiction (« ou ») entre les deux propositions. I. L’écriture autobiographique est une façon de conserver la saveur de la vie : a) retrouver son passé, reconstituer son histoire, en se servant de la mémoire volontaire (Sartre, Leiris) ou involontaire (Chateaubriand, Proust) : sauver le passé à travers l’écriture qui lui donne un statut permanent, une existence qui transcende le temps. b) revivre et faire partager des souvenirs à travers des réminiscences et des sensations, agréables (épisode de la grive chez Chateaubriand, de la madeleine chez Proust) ou désagréables (opération des amygdales chez Leiris). c) revivre et faire partager des moments fondateurs dans une vie : l’enfance (thème dominant dans la plupart des autobiographies et dans le corpus), vie familiale, amoureuse (Proust), traumatismes vécus et exorcisés à travers l’écriture (Vallès), naissance d’une vocation littéraire ( Sartre, Sarraute) II. L’écriture est une manière de se préparer à la mort : a) écrire son autobiographie correspond à une introspection, à une réflexion (retour en arrière) sur ce qu’on a été, à une prise de conscience personnelle qui peut être considérée comme une « confession finale », une mise en ordre de sa vie ( Saint Augustin, Préambule des Confessions de Rousseau, Epilogue des Mémoires d’Outre Tombe de Chateaubriand) avant la mort. b) écrire son autobiographie conduit à découvrir le caractère inconstant de la mémoire (oublis), l’impossibilité de conserver l’intégralité de ce qu’on a vécu : des pans entiers d’une existence disparaissent avec le temps. L’écriture autobiographique est essentiellement une reconstruction imaginaire et artistique (Proust). c) écrire son autobiographie, c’est aussi parler de ceux qui ont disparu, c’est tenter vainement de conjurer la mort, celle des autres et la sienne. L’écriture est un moyen de laisser une trace, un témoignage pour ceux qu’on a aimés et pour soi-même (Proust, Cohen), et parfois de dresser sa propre statue funéraire pour la postérité (Rousseau, Chateaubriand). Conclusion : une œuvre littéraire aussi complexe dans son écriture que l’autobiographie ne se résout pas à une seule fonction. Toutes les grandes œuvres dépassent le stade du simple récit rétrospectif (conserver la saveur de la vie) pour aborder les questions existentielles : le sens de la vie, la relation au temps, la marche inéluctable vers la mort. IV. ECRITURE D’INVENTION : Eléments de corrigé : Une lettre ouverte comporte une argumentation solide et un registre polémique. On pourra attendre les points suivants : 1. une critique d’une conception trop intimiste et égocentrique de l’autobiographie :
2. préférence pour des récits de vie qui laissent une place à : - l’humour, par exemple en ce qui concerne la construction d’une image fictive de soi : contre laquelle réagissent Sartre («le petit génie » dont il parle avec dérision) et Sarraute (l’image convenue de son enfance, qu’elle dénonce à travers le dialogue entre les deux narratrices). - une ouverture à l’autre : l’image de la mère chez Cohen, celle du père chez Annie Ernaux (La Place) - une ouverture aux autres : l’histoire individuelle est prise dans celle d’une société (Musset, Proust, Vallès, Nothomb) - une ouverture sur l’histoire et le monde (Chateaubriand, Céline, les Lettres de Poilus) - une histoire individuelle qui relate une histoire familiale contemporaine et une ascension sociale: Cavanna, A. Begag |
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