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Retour sommaire ts29 « Le Kremlinois »: Quand l’histoire devient mémoire. Après une brève présentation de nos démarches et de la ville du Kremlin-Bicêtre, nous avons sélectionné des extraits de la postface d’un livre sur l’histoire de cette ville. Il y apparaît clairement que, pour le maire actuel Jean-Luc Laurent (auteur de cette postface), favoriser la création d’une identité de ville pour les habitants semble important. Allons-nous retrouver ces idées dans le corpus des journaux de cette ville ? Nous allons tout d’abord procéder à une analyse globale du corpus sélectionné. Qu’est-ce qui, à première vue, semble ressortir de cet ensemble pour affirmer une identité collective : de l’histoire ou/et de la mémoire ? Assez rapidement, une dynamique se dégage : volonté de création d’une identité (se séparer pour mieux exister) ; faire appel au passé comme aide à l’ancrage au sol, à la compréhension du présent, et à la projection vers l’avenir ; le développement du vivre-ensemble et de la citoyenneté ; pour enfin élargir la notion de territoire à l’agglomération du Val de Bièvre. Cette dynamique fait l’objet d’une analyse de contenu plus approfondie. 1-Préambule
De passage au Kremlin-Bicêtre, je requiers un numéro du journal municipal : celui de mai 2005. Un encart, page 20, propose sur environ une demi page l’historique de l’avenue de Fontainebleau dans une rubrique intitulée « La gazette des rues du Kremlin-Bicêtre ». Ma curiosité est éveillée par la dernière page (22) où dans une rubrique intitulée Notre Histoire, promenades à côté de chez vous, l’article porte sur la commune de Boissy-Saint-léger. Lors d’une seconde visite, je récupère trois autres numéros. Les deux rubriques citées sont toujours présentes aux mêmes pages. La rubrique Notre Histoire étant consacrée à d’autres communes (Gentilly et Champigny-sur-Marne). Pourquoi dans un intitulé Notre Histoire le sujet en est d’autres municipalités que la sienne ? Au service communication de la mairie du Kremlin-Bicêtre, on me laisse accès libre à l’archivage des journaux municipaux. Je récupère le corpus sur dix ans des numéros intéressants notre recherche. En effet, depuis 1995, chaque numéro du bulletin municipal « Le Kremlinois » a été répertorié et classé par année au sein d’une petite remise. « Kremlinois » désigne les habitants du Kremlin-Bicêtre. L’article défini « le » peut être interprété de diverses manières. Il est personnifié. Il peut faire référence à une seule personne (le journal aurait pu s’intituler « Les Kremlinois »). Cela lui procure une notion d’unicité : c’est « le » ; il n’en existe qu’un seul. En somme, c’est LE journal se voulant rassembler, symboliser tous les habitants de la ville. Veut-il représenter l’identité de la ville ? Au sujet de ce journal, peu de renseignements me sont donnés par les agents administratifs. J’apprends uniquement qu’un comité de rédaction se réunit avant chaque parution au sein de la municipalité. Par la suite, je découvre que le premier numéro du Kremlinois coïncide avec l’arrivée en fonction du maire actuel Jean-Luc Laurent (Mouvement Radicaux de Gauche) élu en Juin 1995. En effet, le premier numéro du Kremlinois est paru en octobre 1995. Cette nouvelle version du journal municipal coïncide donc avec un changement de municipalité. Le précédent maire de 1983 à 1995, Claudine Decimot était élue de droite. Auparavant, ont existé différentes formules du bulletin municipal. Le Directeur de la publication du Kremlinois se trouve être Monsieur le Maire Jean-Luc Laurent et la conception du journal est organisée par la Commune (sans autres indications). Je découvre aussi, dans les archives un livre intitulé « Histoire du Kremlin-Bicêtre, l’identité d’une ville », de l’historienne Madeleine Leveau-Fernandez, édité par la ville en janvier 1997. J’en fais l’acquisition, la postface du maire Jean-Luc Laurent me semblant intéressante. Il y aurait apparemment une volonté de la part de la municipalité d’afficher, de revendiquer une certaine identité de ville (et de la conserver) : changement de journal municipal, ligne éditoriale entre les mains du maire, rubriques régulières au sein de celui-ci traitant de la mémoire et de l’histoire de la ville, participation à l’édition d’un livre historique sur la ville, archivage de chaque numéros de ce nouveau journal. 1-2 Présentation du Kremlin-Bicêtre La commune du Kremlin-Bicêtre est l’une des plus petites communes du département du Val-de-Marne et s’étend sur 154 ha. Elle est limitrophe à la ville de Paris par la Porte d’Italie. C’est une ville moyenne de 23 724 habitants1 à la population relativement jeune : 14,3 % de la population a entre 60 et 75 ans, et 63,3 % entre 20 et 59 ans. L’augmentation de la population est due à degré équivalent à la fois au solde naturel et au solde migratoire (+ 2 122 habitants pour le premier, + 2 254 habitants pour le second entre 1990 et 1999). En ce qui concerne les ménages, selon les mêmes sources, 68,2 % de la population sont des ménages de 1 à 2 personnes, 26,6 % de 3 à 4 personnes et 5,1 % de plus de 5 personnes. Ainsi, en 1999, les couples et célibataires sont surreprésentés par rapport aux familles. Ce qui indique une évolution des caractéristiques des ménages par rapport à l’origine de la ville. Le taux d’activité pour les 20/59 ans représente 84 % toujours pour 1999 et celui du chômage est de 9,5%. Parmi les catégories socioprofessionnelles, les employés représentent 34,1 % de la population, les professions intermédiaires 27,3 %, les cadres et professions intellectuelles 21,5 %, les ouvriers 13,3 % et les artisans, commerçants et chefs d’entreprises 3,8 %. Selon ces chiffres nous observons une évolution de l’activité professionnelle qui de dominance ouvrière est devenue à dominante employés avec une augmentation de la catégorie des cadres et des professions intermédiaires. La commune naît en décembre 1896 d’une scission d’avec la ville de Gentilly. Elle se peuple à l’origine de familles surtout ouvrières. Jusqu’en 1983, la ville conserve une couleur politique de gauche. Néanmoins, de 1947 à 1983, le maire Antoine Lacroix aura des amitiés à droite. A noter, qu’en 1945, le maire socialiste Georges Gérard sera exécuté par les partisans sous soupçons de collaboration. En 1983, le maire Claudine Decimo représente la droite, majoritaire au conseil. Le Kremlin-Bicêtre voit une partie de ces quartiers anciens du centre détruits au profit de nouveaux quartiers avec une population renouvelée. « Ces bouleversements non encore achevés font du Kremlin-Bicêtre un ensemble contradictoire, une ville à la recherche de son identité », Carlos Escoda (historien), 1994. Les élections de 1995 et les suivantes amènent Jean-Luc Laurent (MRG) à la tête de la municipalité. 1-3 L’identité d’une ville2 Jean-Luc Laurent, maire depuis juin 1995 du Kremlin-Bicêtre, est très explicite dans sa postface du livre « Histoire du Kremlin-Bicêtre, l’identité d’une ville ». « L’ouvrage répond à mon souhait (souligné par nos soins) de donner aux Kremlinois un beau livre d’histoire de leur ville pour mieux la connaître, mieux la comprendre et mieux l’aimer ». Si on ne connaît pas sa ville, son histoire, on ne peut la comprendre. On y est donc étranger et il peut être difficile de « l’aimer » comme il se doit. De plus être étranger à sa ville ne favorise pas son implication en tant que citoyen et ne favorise pas le développement d’un sentiment d’appartenance à cette ville. Il peut paraître alors nécessaire pour un élu de vouloir (re)créer ce sentiment d’appartenance. Et pour mieux connaître sa ville, il paraît nécessaire de se pencher sur son passé. La volonté de la municipalité est très affichée quant à ses objectifs : « Il s’agissait tout d’abord de bâtir un ouvrage sur notre passé et sur notre mémoire. …/…Notre souhait est que la prise de conscience de leur histoire amène les citoyens du Kremlin-Bicêtre à construire l’avenir de leur commune et à s’appuyer sur elle pour bâtir ce qui leur manque cruellement : une identité. » Tout est dit : le passé et la mémoire de la ville doivent aider les « citoyens » à se construire une identité pour aller de l’avant. « Avoir une identité, c’est être capable de faire le lien entre hier et aujourd’hui. » La mise en avant de la citoyenneté et de la volonté de créer du vivre-ensemble est aussi clairement affichée : « …l’évolution rapide et non maîtrisée du Kremlin-Bicêtre de ces dernières années…/…a cassé le sentiment d’appartenance de ses habitants…/…Elle est aussi le résultat d’une évolution de toute notre société qui a conduit à une dilution du « vouloir vivre ensemble » …/…l’identité d’une ville, c’est aussi le moyen pour ses habitants d’être en mesure de déterminer leur avenir collectif et d’être pleinement des citoyens. …/…Pour retrouver son identité, notre commune a besoin de retrouver le sens de la vie quotidienne et de se donner un projet. » Ces extraits de la postface reflètent assez bien les mutations sociétales. La société salariale, au Kremlin-Bicêtre comme dans beaucoup d’autres villes, est en pleine évolution. A dominante ouvrière à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, elle se trouve être aujourd’hui beaucoup plus diversifiée avec l’émergence de ce que l’on appelle la classe moyenne qui est devenue dominante quantitativement. Le Kremlin-Bicêtre était une commune à majorité ouvrière. Cela a du engendrer une forte identité collective. Elle gravitait aussi autour de l’hôpital et de sa « population » qui attirait nombre de visiteurs que ce soit pour les départs des « enchaînés » ou pour le pittoresque de son marché aux puces. Aujourd’hui, la conjugaison de la disparition de cette prédominance ouvrière, de l’augmentation du nombre de chômeurs et de la diversification salariale (augmentations des cadres et professions intermédiaires) a pu engendrer une perte d’identité, de cohésion sociale et une dilution du vivre-ensemble au sein de la commune. De plus, le réaménagement urbain sous les précédents mandats, (construction d’immeubles de standing entraînant des augmentations de loyers) tout en favorisant la venue d’une nouvelle population, a sans doute aussi contribué sinon à cette perte du moins au délitement de l’identité de la ville, une perte de repères aussi bien du point de vue urbanistique que de celui de la population. Le maire a donc besoin de rassembler cette population. Pour cela, il semble qu’il veuille à la fois faire appel à la mémoire des gens « retrouver le sens de la vie quotidienne » plus affective et populaire et à l’histoire, plus objective et scientifique. L’histoire en effet, a aussi pour vocation de faire revenir l’oubli, donc le passé. L’histoire et la mémoire devant assembler et rassembler la diversité des habitants autour d’une base commune, aide à la formation d’une identité. L’histoire de la ville peut offrir ce socle. Un cadre permettant une assise afin de se poser avec plus d’assurance au sein de ce présent. Une meilleure assise favorise la projection vers l’avenir. Il rend ainsi hommage à l’historienne pour son travail de recherche car la documentation s’avérait éparse voir inexistante dans la ville même. Indication intéressante pour notre étude. Si les documents relatifs à l’histoire de la ville sont difficiles d’accès, les articles traitant de la mémoire et de l’histoire au sein du journal municipal auront demandé un effort de recherche, de création…ou seront sans doute extrait de cet ouvrage pour les années suivant sa parution. Allons-nous retrouver ces principes, cette volonté de créer une identité de ville et du « vivre-ensemble » au travers des articles sélectionnés du journal municipal ? 2-Analyse d’ensemble du corpus 2-1 Sélection des articles retenus Dans un premier temps, tous les articles faisant mention, dans l’intitulé de la rubrique, du titre ou dans le résumé de l’article, d’histoire et de mémoire de la ville du Kremlin-Bicêtre ont été retenus. Par la suite, ont été supprimés de ce corpus les articles se rapportant uniquement au présent de la ville et ne faisant aucune référence au passé même si la rubrique s’intitule « Mémoire », « Centenaire » ou « Notre Histoire ». Nous pouvons donner comme exemple un article de l’année 1996, dont le titre s’intitule « La mémoire et l’avenir de la commune » mais dont le contenu est une information administrative sur le service de l’état-civil de l’époque (c’est-à-dire de l’année 1996). A partir de l’année 2002, la rubrique « Notre Histoire » en dernière page du journal va consacrer plusieurs articles aux communes de l’agglomération du Val de Bièvre.3 Ces derniers ont aussi été supprimés du corpus car ne se rapportant pas directement à la commune du Kremlin-Bicêtre. Mais, cet élargissement d’appartenance au territoire est néanmoins intéressant à souligner. En effet, il semble, au regard du nombre d’articles consacrés avant et après la formation de cette agglomération née en décembre 1999 que cela fut un enjeu pour la municipalité. « …la Communauté d’agglomération du val-de-Bièvre devraient dynamiser le développement économique »4. « …cette communauté n’est pas une énième création administrative, mais un territoire qui se développe autour d’un projet fondé sur la solidarité »5. On y retrouve les mêmes valeurs (la solidarité) mises en exergue auparavant dans les articles consacrés à la ville du Kremlin-Bicêtre. Ce que nous allons voir plus loin. Qui dit création de territoire dit création d’une identité territoriale « constituant un patrimoine commun fort » afin d’initier une même sphère d’intérêts, une valeur commune. C’est pour ce faire que dans ce même numéro de 2000, un article de cinq pages, s’intitule « Le val de Bièvre, une identité territoriale ancestrale ». Une fois la base donnée avec un lien commun : la Bièvre, va se développer dans les numéros suivants toutes une série d’articles sur un pan de l’histoire de chaque ville6 constituant cette agglomération. L’histoire est donc mise à contribution pour asseoir et développer un sentiment d’appartenance à l’élargissement au territoire…Il serait intéressant de voir si les autres communes concernées sont inscrites dans la même démarche…Autre sujet… Nous n’avons pas analysé en profondeur tous les articles sélectionnés (le nombre en étant trop important au regard de la place impartie). Comme il s’est avéré qu’une dynamique se dégageait de ce corpus, les articles ne s’y insérant pas complètement en ont été écartés. Ils ont néanmoins été conservés pour les tableaux. Le lecteur trouvera la topographie de ces articles (numéro, années, titres, pages) en annexe. Par la suite, la référence aux articles étudiés se fera par leur numéro. 2-2 Description générale Le journal municipal se présente comme un magazine en format A4 avec une couverture en couleur (comptant comme la première page). Le titre du journal « le Kremlinois » se trouve en haut de la page et les titres des principaux dossiers du numéro (généralement deux) en bas de couverture. Une photographie couleur en relation avec un des dossiers du journal s’étend sur les trois-quarts de la couverture. Sur 41 numéros retenus dans ce corpus, 10 couvertures sont en rapport avec des articles sélectionnés. Ses numéros sont également répartis sur l’ensemble du corpus. Le dos du journal est toujours consacré à de la publicité. L’intérieur du Kremlinois se trouve être en noir et blanc jusqu’au numéro 26. Ce numéro de novembre/décembre 1999 amène la couleur dans les pages intérieures, le nouveau logo de la ville apparaît sur la couverture en haut à droite (il sera à gauche sur la couverture du numéro de janvier 2004 et des suivants). De 1996 à 1999, le Kremlinois comprend 22 pages (y compris la couverture). L’éditorial du maire se trouvant toujours en page trois qui correspond à la première page intérieure. A partir du numéro 26 (nov./déc. 99), le journal passe à 26 pages (il retournera à 22 pages en 2004). Jusqu’à ce numéro 26, les articles retenus pour ce corpus se trouvent en milieu de journal mais pas encore à un endroit spécifique. Avec le numéro de nov./déc. 99, apparaît une rubrique régulière à la dernière page intérieure intitulée « Notre Histoire ». En 2004, l’apparition d’une chronique sur l’histoire des rues du Kremlin se retrouve toujours en page 20. Depuis 1999, un puis deux (en 2004) rendez-vous réguliers sont offerts aux lecteurs en ce qui concerne l’histoire de la ville et de l’agglomération. Une volonté de fidélisation du lecteur est mise en œuvre. « Le Kremlinois » est bimensuel jusqu’en 2004 année où il devient mensuel. Le recueil des numéros pour ce corpus s’est arrêté au numéro 66 de mai 2005. Tableau représentant le nombre de numéros et d’articles retenus en fonction des années :
Au vu de ce tableau, nous pouvons affirmer que mis à part les années 95 et 98, « Le Kremlinois » accorde toujours une place conséquente à l’histoire de la ville et à sa mémoire. Il semble donc que ce thème ait son importance pour la municipalité et qu’il existe une réelle volonté de l’inscrire au sein de ce bulletin d’informations. L’année 1995 peut être mise en parenthèse. Elle ne concerne que les deux premiers numéros de ce journal qui se met en place. Peu d’explications au sujet de 1998. Le peu de matière est-il dû aux élections régionales de mars ? La sortie du livre de Madeleine Leveau-Fernandez en 1997 remplace-t-il pour l’immédiat les articles susceptibles d’être consacré à l’histoire de la ville ? La première lecture de ce tableau nous informe sur les années clés en ce qui concerne notre sujet : l’année 1996 et les années 2000-01. Tous les numéros de ces années citées consacrent un à deux articles dans des rubriques intitulées mémoire ou centenaire pour 1996 et histoire pour 2000-01. Sur l’ensemble du corpus, en moyenne, cela concerne le maximum de pages. Pourquoi passe-t’on de la mémoire à l’histoire ? En fait, nous allons voir que bien que les rubriques soient intitulées « mémoire », il s’agit de l’histoire de la ville à laquelle il est fait le plus souvent référence, de sa naissance et de l’anniversaire de son centenaire. En effet, on ne fait guère appel aux témoignages de personnes, nous ne sommes pas dans de l’affectif. Mais existerait-il une volonté de transformer de l’histoire en mémoire ? Faire en sorte que chacun puisse s’approprier cette histoire de ville et la transformer en mémoire collective ? A noter que pour l’année 2003 nous n’avons retenu que deux articles (six autres traitant de l’agglomération du Val-de-Bièvre) mais ces articles couvrent chacun cinq pages, ce qui est conséquent. Il s’agit du Kremlin-bicêtre dans la littérature et Portes ouvertes sur la mémoire de la ville ; le centenaire de la mairie. Nous reviendrons sur ce dernier article qui insiste fortement sur la valeur de « citoyenneté ». En ce qui concerne les signatures des articles retenus, elles n’apparaissent qu’à partir du numéro 26 de novembre/décembre 1999. La majorité est signée de l’historienne Madeleine Leveau-Fernandez : 6 sur 9 pour l’année 2000 ; 6 sur 7 pour l’année 2001 pour exemple. Quand elle ne les écrit pas, les différents auteurs lui font souvent référence. L’impact de son livre édité par la ville, une volonté politique de s’appuyer sur le gage de sérieux d’une historienne en sont vraisemblablement quelques mobiles. Mais, on peut se demander pour quelles raisons il n’est pas fait, sauf exceptions, appel aux témoignages d’habitants, à leurs mémoires ? Les élus auraient-ils peut confiance en ces paroles ? Est-ce une façon d’avoir une emprise sur ce que l’on veut bien montrer (et démontrer) de l’histoire de la ville ? Il apparaît que l’histoire semble plus propice pour cette municipalité, du moins jusqu’à 2004, pour asseoir un sentiment d’appartenance à la ville. En quelque sorte, il y a utilisation et sélection de l’histoire par le politique pour forger une mémoire collective en direction des lecteurs-habitants. L’utilisation de la mémoire des habitants est plus exploitée par l’association « La grange aux Queulx »7 dans l’historique des rues du Kremlin qui apparaît sous forme de gazette en 2004. Cette association créée en 1995 (la même année que l’élection de Jean-Luc Laurent et celle de la création du nouveau journal municipal) se charge à travers diverses manifestations (expositions, rédaction de la chronique des rues du Kremlin-Bicêtre…) « de transmettre les souvenirs plutôt anecdotiques qu’historiques aux générations suivantes », Andrée ?. Avec, l’Histoire, ce sont maintenant les petites histoires qui sont mises en avant. Une façon de se rapprocher des habitants et de les rendre « acteurs » de la mémoire de la ville. En effet, c’est en allant interviewer les habitants, en les sollicitant directement par le biais du journal, en faisant régulièrement un appel à leur témoignage, documents etc., que cette association rédige chaque mois sa gazette depuis 2004. En fait, à partir de l’année 2004, on fait appel à l’histoire pour ce qui concerne les communes du Val-de-Bièvre (dont il s’agit de développer le sentiment d’appartenance au territoire) et à la mémoire pour la gazette des rues consacrées à la ville du Kremlin dont on peut estimer que le développement du lien est plus ou moins établi et que l’appel à la mémoire est utilisé pour le maintenir et le développer. Dans les tableaux qui vont suivre, nous avons juste répertoriés le nombre de fois où se trouve être utilisés, dans les articles sélectionnés, les mots histoire, mémoire, identité et ceux pouvant y faire référence sans vérifier, dans l’immédiat, s’il s’agit effectivement de mémoire ou d’histoire. |
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