«Amis du peuple» ? «Médecins du peuple» ?





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« Amis du peuple » ? « Médecins du peuple » ?

Deux destins montagnards :

Jean-Paul Marat, François-Michel Lantrac

La médecine comme l’action révolutionnaire prétendent, chacune à sa façon, soulager les souffrances des hommes. Mais il y a une telle distance entre les objectifs et les moyens de l’une et de l’autre qu’il peut être pertinent de s’interroger sur la manière dont les médecins qui ont eu un important engagement révolutionnaire après 1789 ont concilié ces pratiques sociales.

Les deux exemples choisis — Jean-Paul Marat et François-Michel Lantrac — concernent des individus qui présentent de prime abord des profils assez différents. Ils ne sont pas de la même génération : Quatre-vingt-neuf est pour le quadragénaire Marat (1743-1793) l’occasion de mettre en œuvre des idées qu’il a rendues publiques depuis des années, alors que le jeune Lantrac (1760-1848), sorti frais émoulu de l’Université, est entraîné par des événements qui le surprennent autant qu’ils l’enthousiasment. Très vite l’un devient un personnage national de tout premier plan, tandis que l’ascension de l’autre reste confinée dans sa région natale, le nouveau département du Gers ; elle est aussi plus lente, puisqu’elle atteint son apogée au moment où le premier est assassiné. Car si le destin de Marat est brisé alors que la Révolution est encore dans sa phase dynamique, la longue vie de Lantrac sera confrontée aux vicissitudes de plus d’un demi-siècle de soubresauts politiques.

Mais au-delà de ces différences, Marat et Lantrac ont des traits communs qui retiendront notre attention. Ils sont médecins l’un et l’autre. Médecins en un temps où une grande partie de la société se contente de « remèdes de bonnes femmes » ou, au mieux, des services d’« empiriques » sans réelle formation, alors que les meilleurs praticiens se concentrent dans les villes et tirent l’essentiel de leur clientèle des classes les plus fortunées. Ce sont ensuite des dirigeants montagnards ; autrement dit des représentants d’un des courants les plus radicaux de la Révolution. Ils appartiennent à l’aile gauche des jacobins, celle qui a prôné l’instauration du gouvernement révolutionnaire et de la terreur, pour écraser les oppositions internes et concentrer toutes les énergies de la jeune république à la défense de « la patrie en danger ». Cette radicalité n’est pas seulement politique. Elle est également sociale. Les révolutionnaires modérés — des fayettistes aux girondins — incarnent surtout les aspirations de la bourgeoisie montante et témoignent de beaucoup de mépris et de crainte à l’égard de la plèbe ; les montagnards, eux, se sont montrés plus attentifs aux revendications populaires et ont recherché l’appui des sans-culottes des villes pour transformer en profondeur la société.

Cette prise de parti a-t-elle eu des incidences sur leur conception de la pratique médicale et de la santé publique ? À partir de l’étude des textes qu’ils nous ont laissés et de leur carrière de praticien et par une confrontation de celle-ci avec les principes qui ont guidé leur engagement politique, nous allons tenter de déterminer si ces hommes de l’art de la fraction montagnarde ont mis autant de soin à apparaître comme des « médecins du peuple » que comme des « amis du peuple »...
« Je n’aime guère que les maladies

où il y a peu à faire et beaucoup à gagner »

Jean-Paul Marat

Parler de la relation entre la médecine et la Révolution à propos de Marat ramène à l’épure suivante : Marat médecin et savant, puis révolutionnaire1. Car, il y a deux Marat. L’entrée dans la lutte militante, à partir de 1789, s’accompagne en effet d’un changement total de vie. Le premier Marat est avant tout un praticien et un savant en quête de reconnaissance sociale et intellectuelle. Le Marat journaliste et tribun d’après la Bastille a cessé toute activité thérapeutique comme scientifique. Il se donne corps et âme à la Révolution. Comment expliquer cette rupture et surtout le caractère exalté qu’elle prend immédiatement ? Problème d’autant plus délicat que rien de ce qui touche à ce singulier personnage ne laisse indifférent. « Dans la galerie des portraits de la Révolution, Marat occupe la place de l’énergumène », clame sans appel Mona Ozouf2. À l’opposé, Michel Vovelle estime que « sa véritable grandeur vient à la fois de la place unique qu’il a assumée comme théoricien du mouvement révolutionnaire, comme du rôle de porte-parole des masses populaires que son activité de journaliste lui a permis d’exercer »3. Toute la postérité de cette figure, qui déjà de son vivant déchaînait les passions, tient dans la tension résumée par les jugements contradictoires de ces deux éminents historiens de la Révolution.

Pour compliquer les choses, ce n’est pas à un médecin que la mémoire collective associe spontanément Marat, mais à un grand malade. Marat souffre d’une dermatose inflammatoire accompagnée de fortes migraines. Son état s’aggrave au début de l’été 1793 et l’oblige à s’éloigner des travées de la Convention. Il cherche quelque soulagement dans cette baignoire où vient le frapper Charlotte Corday et qu’un tableau de David a rendue si célèbre. Un tel renversement d’image serait de peu de conséquences pour l’historien de la médecine, s’il n’avait donné lieu à des tentatives d’explications pathologiques de la radicalité — et de la violence — des positions révolutionnaires de Marat et, par conséquence indirecte, de son abandon de la médecine.

Faut-il évoquer, comme l’ont fait Michelet ou Taine, une corrélation entre dérèglement humain et social4? L’hypothèse — qui peut se justifier dans le contexte idéologique du XIXe siècle — résiste peu à l’examen. Conformisme ou marginalité, acceptation de l’ordre social ou révolte contre lui, ne peuvent se traduire en termes médicaux simplistes : sain ou malade, normal ou fou... Un siècle de travaux sociologiques et historiques a réduit à néant les tentatives hasardeuses d’importer dans les sciences humaines ces fragiles paradigmes biologiques5.

À moins de postuler que le mal et les épreuves de la vie ont transformé à ce point la personnalité de Marat, que ce dernier en est devenu brutal et haineux6. L’appel au soulèvement populaire et à l’instauration d’un gouvernement révolutionnaire énergique n’auraient-il ainsi d’autres déterminations que la recherche d’un exutoire à des souffrances physiques et morales insupportables ? Il faudrait alors étayer une telle affirmation par des arguments solides et pouvoir surmonter quelques objections majeures. Ainsi, ce n’est pas sans raisons que Marat a pu dire : « J’arrivais à la Révolution avec des idées faites ». Il a rédigé, dans les années 1760, Les chaînes de l’esclavage, ouvrage publié pour la première fois en Angleterre en 1774. En 1780, il tente de faire paraître un Plan de législation criminelle, en dépit de la censure qui bloque sa diffusion en France. Deux textes où il se pose en penseur politique et en réformateur social hardi, prônant la révolte des peuples contre les tyrans7. Comment, porteur de telles attentes, se serait-il contenté des mesures en demi-teinte de la Constituante ou de la Législative et des compromis ambigus des hommes qui dirigeaient le pays ? Il suffit de lire ses livres et l’on se convaincra aisément que leur auteur ne pouvait que nourrir les plus vives préventions à l’égard de choix politiques si éloignés de ses vues. Nul n’a besoin de psychopathologie pour cela !

Faut-il alors sortir « de la rationalité biologique pour la rationalité sociopsychologique » (M. Ozouf) ? Deux séries d’arguments plus solides sont alors couramment avancés. Le délire de la persécution et la volonté de revanche sociale d’un savant méprisé.

On ne saurait nier que le rousseauiste Marat ait cultivé un sentiment de solitude et d’incompréhension pouvant déboucher sur la hantise de la persécution. Il s’est souvent présenté, à titre personnel, comme un prophète brimé et a étendu cette crainte obsidionale à la Révolution tout entière. Sa vision politique est pessimiste, le nouveau régime avant même d’être complètement installé est déjà entouré d’ennemis et sous la menace de leurs complots. Il n’a qu’une confiance très limitée dans ce peuple, dont il se proclame avec une certaine condescendance l’ami et dont il redoute pourtant la crédulité et la versatilité... Mais, encore une fois, la prudence s’impose avant de considérer un tel schéma univoque comme la clé de sa personnalité. Le révolutionnaire s’est vécu comme un persécuté. Soit. Cela en fait-il pour autant un délirant hanté par des fantasmes ? Un bref examen de quelques épisodes saillants des dernières années de sa vie nous convaincra aisément qu’il avait quelques bonnes raisons de craindre pour sa sécurité. L’engagement de Marat se manifeste précocement par la publication de trois pamphlets entre janvier et août 1789 et par la parution, le 12 septembre, du premier numéro de l’Ami du peuple . Il s’y pose en défenseur intransigeant des classes populaires auxquelles les constituants refusent le suffrage universel. Le roi, la cour et Necker sont vigoureusement attaqués, mais les héros d’alors, La Fayette, Mirabeau, Bailly, ne sont pas épargnés. Aussi, dès cette époque, sa sécurité est-elle compromise : le 8 octobre, il est décrété de prise de corps par la municipalité parisienne dirigée par Bailly. Il doit se cacher plusieurs mois dans la capitale, puis se réfugier à Londres, où il poursuit sa campagne de libelles. De retour à Paris, au printemps 1790, son activité journalistique redouble et trouve le soutien du club populaire des Cordeliers. Ses cibles sont les mêmes, mais la situation politique évolue rapidement. Au printemps 1791, il est le seul à révéler les préparatifs de fuite de la famille royale. Pour autant, après Varennes, tandis que La Fayette et Bailly ferment les clubs et font fusiller les pétitionnaires du Champ de Mars qui refusent la fiction d’un « enlèvement du roi », il est à nouveau contraint à la clandestinité et s’éloigne de Paris pendant quelques semaines. À l’automne 1791, il est encore isolé — avec Robespierre — dans son opposition à la politique belliqueuse que prônent, pour des raisons contradictoires, la cour, les fayettistes et les girondins. Élu député à la Convention en septembre 1792, à la tribune de l’assemblée ou dans les colonnes de son nouveau Journal de la République française, il dirige l’essentiel de ses coups contre les girondins. Ces derniers, maîtres du pays, tentent de l’éliminer en enclenchant contre lui seul un engrenage — celui de la mise en accusation par la Convention, suivie d’une comparution devant le tribunal révolutionnaire — qui, par une terrible ironie du sort, se retournera vite contre eux. Marat, en effet, s’en tire par un acquittement triomphal. La contre-offensive montagnarde s’engage peu après. En juin-juillet 1793, la lutte prend un tour tragique : les chefs girondins sont proscrits ou en fuite ; leurs partisans fédéralistes tentent — non sans succès — de soulever le Midi ; dans l’Ouest, la révolte royaliste des Vendéens s’étend ; aux frontières les assauts ennemies s’intensifient. Mais les montagnards, soutenus par les sans-culottes parisiens, prennent progressivement le dessus. Le 10 juillet, Saint-Just et Barrère entrent au Comité de salut public, le 11 la terreur, ressort du gouvernement révolutionnaire, est mise à l’ordre du jour... Le surlendemain, au moment même où le régime qu’il appelle de ses vœux depuis des mois se met en place, Marat est assassiné à son domicile. Est-ce un signe de délire que de se sentir menacé dans un tel contexte ? Comment concilier cette thèse avec la surprenante facilité avec laquelle sa meurtrière à pu l’approcher et le poignarder ? Quant à ses craintes pour la Révolution, force est de reconnaître que sa sagacité politique — soutenue par un efficace réseau d’informateurs bien introduits — lui a permis d’alerter l’opinion sur nombre d’affaires ignorées du public. Qu’il ait conçu de la déception de ne pas être suffisamment entendu et compris ne peut être considéré comme un signe d’anormalité mentale. En revanche, qu’il le clame de manière quasi obsessionnelle peut constituer un symptôme de « paranoïa », doublée de « mégalomanie », voire de « schizophrénie ». Cependant, il faut encore faire la part de la « mise en scène politique » qu’opère consciemment le tribun et tenir compte de multiples témoignages sur l’homme privé qui en font plus un « Dr Jeckyll » qu’un « Mister Hyde »8!

À la suite de l’historien américain Robert Darnton, l’on a enfin tenté de présenter Marat comme un intellectuel frustré, qui se lance dans la Révolution en y trouvant une occasion de régler de vieux comptes avec la société9. Discuter cette thèse implique que l’on fasse un point précis et nuancé sur la carrière de médecin et de savant de Marat avant Quatre-vingt-neuf et qu’on évalue exactement la part de reconnaissance qu’il en avait reçue.

Marat est né en 1743 dans la principauté de Neuchâtel d’un père sarde et d’une mère de souche française et huguenote. Il a une enfance heureuse et très studieuse10. Il fréquente le collège de la ville et quitte sa patrie vers 1760. Il devient précepteur dans une famille bordelaise enrichie par le négoce des îles. Rien ne permet de dire qu’il ait pu suivre des cours de médecine à Montpellier ou Toulouse. Deux ans plus tard, on le retrouve à Paris. Sans doute commence-t-il à pratiquer la médecine empirique, comme chirurgien ou vétérinaire. Il fréquente les milieux intellectuels de la capitale, influencés conjointement par le rayonnement des encyclopédistes et par les idées de Rousseau. De ses contacts avec les premiers, qui auraient sollicité en vain ses services — mais le contraire est plus probable ! —, il retirera pour le reste de ses jours un profonde aversion à l’égard de ces « prétendus philosophes »11. En revanche, son admiration pour Jean-Jacques — ainsi que pour Montesquieu — ne se démentira pas12. Cette première expérience n’est en tout cas pas probante : il s’embarque pour l’Angleterre où il séjourne douze ans.

À Londres, il s’établit comme vétérinaire et médecin et se constitue une clientèle honorable dans la moyenne société. On trouve également des traces de déplacements à Newcastle, Dublin et Édimbourg, ainsi qu’aux Pays-Bas. En 1775, soit longtemps après son installation, il réussit à se faire délivrer, par l’université de Saint-Andrew d’Édimbourg, le seul diplôme de doctorat qu’il semble avoir jamais obtenu. Il n’a pas suivi la procédure courante, mais a produit les certificats de deux praticiens écossais réputés, ce qui atteste une certaine notoriété professionnelle13. Il y a peu à dire sur cette période importante de sa vie. On n’en conserve guère de traces fiables. Le caractère autoglorificateur des témoignages de Marat suscite autant de réserves que la malveillance systématique de relations écrites tardivement, dans l’atmosphère de réaction antijacobine qui suivit Thermidor14. L’on sait cependant que Marat s’est affilié à la franc-maçonnerie et qu’il s’est passionné pour la politique anglaise. Il a fréquenté les clubs populaires de Londres, intervenant même dans le débat électoral au moyen de pamphlets anonymes qui dénoncent les insuffisances des institutions britanniques. C’est dans ce contexte qu’il publie, d’abord en anglais, Les chaînes de l’esclavage, ouvrages méthodique, dans lequel il clame son rejet de la monarchie et où il s’affirme comme un des tous premiers théoriciens de l’insurrection populaire.

Pour des raisons peut-être liées à la publication de son traité De l’homme, il se trouve à Paris en 1777. Les soins qu’il prodigue à Madame de L’Aubespine lui valent la tendre reconnaissance de la marquise et en font immédiatement un médecin à la mode. S’ouvrent alors devant lui les portes de la maison du comte d’Artois — le frère du roi, futur Charles X — qui lui décerne un brevet de médecin de ses gardes du corps du régiment des Suisses. Il conservera cette charge jusqu’en 1783. Une telle protection draine vers lui une clientèle relevée. Il s’installe dans le très chic faubourg Saint-Germain. Aux dires de Brissot, « on lui payait trente-six francs par chaque visite »15. Signe de son succès, on le consulte de loin et le tarif de ses actes par correspondance est celui de ses collègues les plus en vue de la capitale. « M. le docteur Marat me paroit un peu cher », constate, avec une touche de dépit, un des destinataires16: vingt-quatre livres, ce n’est rien de moins que le salaire mensuel d’un ouvrier ! Ses amis ne sont pas mieux traités. Brissot rapporte par exemple : « Il vendait de temps en temps des remèdes et des bouteilles dont il garantissait l’efficacité, et il était très soigneux d’en réclamer le prix. Je me rappelle d’une dartre à une main qui lui frappa la vue ; il m’envoya une bouteille d’eau fort limpide, je l’en remerciai et lui demandai le prix, c’était douze livres ; je n’en fis aucun usage »17. Nulle préoccupation sociale, on le voit, pour ce praticien hors de prix, qui goûte avec une certaine délectation et non moins de cynisme, les heureux effets de sa réussite mondaine18. N’intrigue-t-il pas auprès du prince pour obtenir son anoblissement ? Marat, en pleine force de l’âge, ne se fait pas scrupule d’être fier de son ascension sociale : « Le bruit des cures éclatantes que j’avais faites m’attira une foule prodigieuse de malades. Ma porte était continuellement assaillie par les voitures de personnes qui venaient me consulter de toutes parts. Comme j’exerçais mon art en physicien, la connaissance de la nature me donnait de grands avantages : la rapidité du coup d’œil et la sûreté du tact, des succès multiples me firent appeler le médecin des incurables »19. Sa pratique médicale n’est pourtant pas dénuée de principes éthiques. Il respecte scrupuleusement le secret professionnel et, ayant conscience des limites de son pouvoir contre la maladie, se refuse — ce qui n’était pas une attitude courante à l’époque — à engager un traitement aux effets incertains, car « si l’on ne peut pas toujours être l’heureux instrument de soulagement de la misère et du malheur, il faut au moins tout faire pour les empêcher de devenir plus graves »20.

Peut-on apprécier de manière moins subjective ses qualités de thérapeute ? Les sources sont quelques lettres de consultations à distance ainsi que des publications scientifiques. L’ensemble de cette documentation, étudiée de près par Jean-François Lemaire, révèle un Marat praticien, bien éloignée de l’image du charlatan raté qu’on lui a parfois attribuée21. Marat se comporte, en « pionnier » de l’observation clinique22. Sur ce terrain, qui est en train de transformer la pratique médicale, il souffre la comparaison avec Cabanis, Desault, Desbois de Rochefort, Leroux des Tillets ou Corvisart... Dans ses consultations, il recueille avec soin les informations les plus précises, avant de formuler un diagnostic et proposer des soins. Jean-François Lemaire insiste sur le fait que Marat a une vision thérapeutique de la médecine, ce qui n’était pas alors le cas de bien de ses confrères, toujours « empêtrés dans leur système ».

À côté de ses activités de praticien, Marat se livre, à Londres et dans les premiers temps de son séjour parisien, à des recherches médicales expérimentales. Il pratique l’anatomie et dissèque des cadavres humains qu’il se procure dans les hôpitaux grâce à une autorisation spéciale. Un temps vétérinaire en Angleterre, il conserve de l’intérêt pour l’expérimentation animale : moineaux, pigeons, poulets, rats sont sacrifiés lors d’expériences multiples, notamment d’électrothérapie. « Peut-être — s’excuse-t-il — trouvera-t-on que c’est payer bien cher des connoissances physiologiques, de les acquérir aux dépens de la pitié. Mais, sans le plus vif désir d’être utile aux hommes, pourroit-on se résoudre à tourmenter les bêtes ? Lecteurs sensibles, tirez le rideau sur les cruautés exercées dans les détails qui vont suivre, et n’y voyez que mon zèle pour l’humanité »23. Ces activités se font, semble-t-il, à grande échelle, puisqu’il avoue à un correspondant : « J’ai fait un arrangement avec un boucher du quartier qui me fournit des brebis, des veaux, des cochons, et même des bœufs, si j’en ai besoin. Comme il reprend le tout, je paie suivant le dégât que sa viande a souffert »24.

Auteur de travaux d’optique, Marat pratique l’ophtalmologie en associant étroitement optique géométrique et physiologie. Aux dires de Brissot, qui fut son ami dans les années 1780 avant d’être un des ces principaux adversaires girondins, Marat avait acquis « une grande célébrité dans la curation des maux d’yeux où il excellait ». Les diverses relations à caractère médical qui émaillent ses textes d’optique ont été étudiées par Pierre Amalric : « Marat aborde tous les sujets médicaux les plus différents, de la cornée à la rétine, de la réfraction au traitement médical ». Ses consultations de malades atteints d’affections rares supposent au préalable une pratique régulière et un examen clinique des maladies les plus fréquentes. En tous cas, « ses observations sont bien analysées et [...] rien n’est oublié »25.

Marat a, par ailleurs, été un des initiateurs de l’électrothérapie. Son
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