Celui de l’égalité et de l’unité du peuple !





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L’antiracisme, un défi à relever !

Celui de l’égalité et de l’unité du peuple !

Le Parti Communiste Français s’est fixé l’ambition, depuis plusieurs congrès, d’articuler la lutte contre l’exploitation capitaliste à la lutte contre toutes les dominations qu’elles soient liées à une prétendue « race », au genre ou à l’orientation sexuelle, en travaillant à l’unité des dominés et des exploités.

La commission Lutte contre le racisme et pour l’égalité des droits, sous la responsabilité de Maryse TRIPIER et Fabienne HALOUI, a élaboré la présente contribution au 37ème congrès du PCF pour que notre projet de société intègre mieux la mise en cause de toutes les dominations. Nous voulons insister sur la capacité d’entremêlement et d’auto-alimentation de ces systèmes de domination : pour les vaincre, une seule solution, les affronter de front.

Nous pointons nos analyses, nos avancées, les sujets qui font débat car nous avons parfois des discussions intenses sur la caractérisation de certains phénomènes et la manière d’envisager la lutte antiraciste.

Nombreux-(ses)- sont les militant(e)s engagé(e)s dans le combat antiraciste qui s’intéressent au travail de notre commission. Nous sommes attendus sur ce sujet par des associations, des collectifs et par des jeunes et militants des quartiers populaires. Nous sommes, de plus en plus, sollicités pour participer à des débats et conférences.

L’antiracisme -comme les luttes anticoloniales ou antifascistes l’ont été- devrait être une des portes d’entrée au PCF si ce dernier intégrait mieux, dans son combat, la lutte contre toutes les formes de racisme et de discriminations.

Le racisme, dans sa forme ordinaire comme dans sa forme institutionnelle, produit des fractures durables, structurelles.

Construire un nouveau rapport à l’autre, entre la République et le citoyen, entre les citoyens eux-mêmes, est indispensable, en particulier dans les quartiers populaires. Au-delà de la distance qui se creuse entre les jeunes et les partis, il est impératif de porter l’idée d’une société du « tous ensemble» forte de ce qui nous unit.

La condamnation du racisme relève du politiquement correct, pourtant il ne s’agit pas d’une affaire morale consensuelle. Des lignes politiques s’affrontent sur la qualification des formes de racisme, la façon de les combattre, de les nier ou de les instrumentaliser.

Nous citerons, souvent, dans cette note, la CNCDH, la commission nationale consultative des droits de l’homme. C’est une institution de référence créée en 1947 pour éclairer l'action du  gouvernement et du Parlement dans le domaine des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Depuis 25 ans, elle rend un rapport annuel sur la lutte contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme.

Cette commission a acquis une expertise qui lui permet de comprendre les évolutions et de les analyser. Cette commission est présidée actuellement par Christine LAZERGUES, ancienne députée socialiste.

LE RACISME UNE APPROCHE RENOUVELEE,

L’ANTIRACISME UN ENJEU ENCORE SOUS ESTIME 

La question du racisme touche à des questions connexes comme l’immigration, la laïcité, la ségrégation et l’ensemble des discriminations cependant notre commission a considéré qu’il fallait se centrer sur le combat anti raciste.

« Quand on parle d'immigrés de la deuxième ou de la troisième génération, c'est un non-sens : l'immigré est né étranger à l'étranger; ses enfants nés en France ne peuvent donc pas être immigrés. Ce n'est pas transmis par le sang, il ne s'agit pas d'une propriété dont on hérite! La confusion de vocabulaire est donc révélatrice de notre manière de « racialiser » l'immigration. Analyser cette racialisation, c'est éviter de confondre l'origine et le traitement. Car s'il y a bien sûr des immigrés noirs, il y aussi des Noirs français - nés en France, voire Français "de souche" ! Et les seconds sont victimes de discriminations raciales non moins que les premiers. Ce qui définit les Noirs, ce ne sont pas tant leurs origines que la manière dont on les traite (comme des étrangers) fondée sur leur apparence………. il me semble très important aujourd'hui de distinguer "question immigrée" et " et "question raciale" pour mieux comprendre comment xénophobie et racisme, loin de se confondre, se renforcent mutuellement » Éric Fassin1.

En même temps, un étranger né à l’étranger qui acquiert la nationalité française conserve le qualificatif d’immigré (définition INSEE). Il y a donc des immigrés français.

L’URGENCE

Les phénomènes racistes prennent de l’ampleur, on parle de discriminations systémiques. Nous devons intégrer le racisme ordinaire qui, au quotidien rabaisse, humilie et qui n’est pas seulement le produit d’actes, de paroles mais aussi le produit de silences, de regards, d’évitements et de comportements inconscients. Ce racisme ordinaire fait rarement l’objet de plaintes.

Les évènements dramatiques de l’année 2015 (les attentats du 7 janvier, la crise des migrants, les attentats du 13 novembre) posent avec plus d’acuité ces questions.

En 2014, la CNCDH concluait à une « hausse inquiétante de l’intolérance et une odieuse libération de la parole raciste ». Elle pointait les « arabo musulmans » et les Rroms comme les principales victimes du racisme au point que la CNCDH reconnaissait pour la 1ère fois la validité du terme « islamophobie » au regard de la résurgence de l’intolérance religieuse.

En 2015, la CNCDH actait une recrudescence des préjugés antisémites et la montée de l’intolérance à l’encontre des rites musulmans, la banalisation d’un racisme biologisant à l’égard des Roms l’émergence d’une conception dévoyée de la laïcité pour faire rempart à l’Islam. La laïcité n’est plus un outil d’apaisement mais un prétexte au rejet des différences.

Thomas Deltombe, dans « L’islam imaginaire : La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005 » explique comment, de la révolution iranienne de 1979 aux suites du 11 septembre 2001 et aux débats sur le « foulard », au cœur de la machine à façonner l’imaginaire, le petit écran a fabriqué un « islam imaginaire », sous l’effet conjoint de la course à l’audience et d’une idéologie pernicieuse de stigmatisation de l’« Autre » le musulman.

Le rôle des médias et l’appui de certaines personnalités publiques (Finkielkraut, Zemmour…) banalisent un racisme qui ne dit pas son nom et la parole politique finit de le légitimer.

Des études montrent que le débat sur l’identité nationale, en 2009-2010 fut un accélérateur de l’offensive idéologique désignant le musulman comme le nouvel ennemi de l’intérieur, l’islam devenant, après la chute de l’URSS, le nouvel axe du mal.

La droite est sur le terrain de l’extrême droite. Mais les dérives identitaires de Valls et les renoncements d’Hollande permettent d’opérer des fissures à gauche, alors que jusqu’en 2012, la CNDCH avait noté une résistance des électeurs de gauche dans leur rapport à l’étranger, les valeurs d’ouverture et de tolérance faisant partie intégrante de leur identité politique.

Il existe un vrai clivage entre la droite et la gauche sur le rapport à l’immigration, l’acceptation de la différence religieuse ou culturelle. La lutte contre le racisme et les discriminations est souhaitée par 75 % des électeurs de gauche et par seulement 54 % des électeurs de droite. (source CNCDH)
Ils disent combattre l’extrême droite en reprenant son discours. Au final, c’est l’extrême droite qui est renforcée. C’est la preuve qu’on ne combat pas sur le terrain de l’adversaire !

Parce que le racisme hiérarchise, stigmatise, méprise, exclut, discrimine, le PCF doit réaffirmer avec force le combat antiraciste comme une composante essentielle de son projet émancipateur.
Cela nous impose d’élever notre analyse dans plusieurs directions

1/ NOTRE VISION POLITIQUE RESTE TROP ECONOMISTE

Dans l’approche du racisme et des discriminations, trop de camarades pensent le racisme comme une mauvaise idéologie, une simple division, un écran à la lutte de classes et non un rapport de domination, comme le sexisme…

Le racisme s’inscrit dans l’interaction entre une société et ceux qui y sont “récemment” venus, ou qui y sont maintenus en situation d’extériorité (une “frontière intérieure”) au nom de leurs origines, de leur nationalité, de leur culture, de leur religion, de leur apparence. 

Le racisme n’est pas forcément lié aux phénomènes migratoires récents (antisémitisme, Martinique, Guadeloupe, La Réunion, Mayotte, Guyane, gens du voyage…).

Le racisme, un rapport social spécifique de domination

Il n’existe pas de peuple naturellement colonisé, c’est le colonialisme qui fait le colon et le colonisé (Fanon, Memmi, Césaire).

C’est aussi le rapport social raciste qui crée le raciste et le racisé et non l’existence de supposées races biologiques. C’est pourquoi nous parlons de racisés qui s’incarnent dans différentes figures au cours de l’histoire (le juif, l’indigène, l’esclave, l’immigré, le musulman...) 2 (De Rudder)

En même temps, si le racisme est une construction sociale découlant d'un positionnement dominant, il existe des phénomènes de concurrence, de xénophobie, de repli haineux entre racisés.

Des Rroms sont parfois agressés par des personnes elles aussi stigmatisées. (Affaire Darius août 2014, quartiers nord de Marseille sept 2012).

Les derniers arrivés sont parfois victimes de descendants de migrants plus anciens, les avant-derniers considérant que les derniers nuisent à leur intégration.

Il y aussi les oppositions créées par la concurrence entre communautés

2/ RACISME ET NEO LIBERALISME

Le maintien de la domination capitaliste passe par des politiques néolibérales qui aggravent les inégalités, privatisent, réduisent la dépense publique, remettent en cause les droits sociaux, licencient, installent des populations dans le précariat.

La désagrégation de la société par l’aggravation des inégalités et le démantèlement de l’Etat social, poussent l’individu à se constituer une « protection » symbolique en cherchant des identifications compensatoires (identité nationale, préférence nationale, repli communautaire).

En l’absence d’alternative politique, l’individu pris au piège de l’ultra concurrence devient plus vulnérable aux discours racistes, xénophobes, populistes, l’identité se substituant à la classe !

Les boucs émissaires peuvent changer de figure dans l’histoire, le racisme peut muter (arméniens, italiens, juifs, arabes, noirs, musulmans).

Il existe un lien entre capitalisme et racisme, entre esclavage et accumulation primitive du capital. Mais il faut distinguer le racisme de deux notions connexes, l’ethnocentrisme et la xénophobie :

L’ethnocentrisme : Surestimation de son groupe d’appartenance, tendance à regarder le monde avec comme seule référence sa propre culture ou sa norme sociale

La xénophobie : hostilité à l’égard des personnes désignées comme étrangères, extérieures au groupe d’appartenance.

3/ LE RACISME CULTUREL, UN NOUVEAU RACISME

Sommes-nous prêts à accepter que c’est le racisme qui fait la supposée « race » et non l’inverse ?

Le racisme : un rapport social, même logique, nouveaux habits

La matrice commune

Le racisme « classique » postulait l’existence de races distinctes : la race biologique supérieure s’accompagnait d’une supériorité psychologique, sociale, culturelle et spirituelle. Cette supériorité légitimait des rapports de domination.

Ce sont ces rapports de domination qui ont justifié la traite négrière, le code de l’indigénat dans les colonies et la politique très hiérarchisée de l’immigration en France.

Après les horreurs concentrationnaires de la 2ème guerre mondiale et l’évolution de la science, les théories raciales se sont effondrées, l’antiracisme est devenu la norme en occident.

D’ailleurs, la dédiabolisation du FN a consisté à montrer qu’il n’était ni raciste, ni xénophobe, ni surtout antisémite. Louis Aliot, vice-président du FN le dit sans fard : « La dédiabolisation ne porte que sur l’antisémitisme. … le seul plafond de verre que je voyais, ce n’était pas l’immigration, ni l’islam… D’autres sont pires que nous sur ces sujets-là. C’est l’antisémitisme qui empêche les gens de voter pour nous. Il n’y a que cela… À partir du moment où vous faites sauter ce verrou idéologique, vous libérez le reste ... ». (Valérie Igounet, Le FN de 1972 à nos jours, Seuil)

Mais le racisme ne disparaît pas, il mute progressivement en racisme culturel. On ne parle plus de race biologique supérieure mais de culture, de civilisation. Ce néo-racisme est fondé sur le caractère irréductible et naturalisé de la différence culturelle. Les modes de vie et la culture se transmettent de génération en génération, la « race supérieure » étant celle qui porte et exporte sa civilisation, la « race inférieure » étant jugée en fonction de sa distance à la civilisation érigée en modèle et de sa capacité à s’assimiler. (Robert Castel)

Le nouveau racisme est un racisme de l’époque d’après la décolonisation, caractérisée par des déplacements de populations entre les anciennes colonies et les anciennes métropoles coloniales. C’est un racisme fondé sur l’irréductibilité des différences culturelles ; un racisme qui présuppose le danger de l’effacement des frontières, l’incompatibilité des styles de vie et des traditions. (Etienne Balibar 1998 Race, nation, classe, -Les identités ambigües)

L’essentialisation : l’individu « racisé » n’est pas autonome, il est un échantillon de son groupe dont il ne peut sortir : l’essentialisation actuelle des musulmans tendant à les globaliser.

La naturalisation : les traits supposés du groupe sont naturels et non construits par l’histoire, ainsi si les juifs sont commerçants c’est par nature et non par l’effet des discriminations qui leur interdisaient l’accès à la terre. Les stéréotypes deviennent intemporels, le Rrom est sale et voleur, le musulman dangereux, le noir naïf, le jaune sournois...

Le racisme implique la fermeture du destin individuel, contrairement à la xénophobie, même si ces deux contenus ont des traits communs et se renforcent mutuellement.

On ne peut échapper à sa race supposée, (pensons aux efforts désespérés de certains pour se blanchir, à ceux qui francisent leur nom ou changent de prénom lors des naturalisations) alors que l’étranger peut, en théorie, cesser de l’être.

En théorie car on cherche à trier les « assimilables » et les « non assimilables. » Les non assimilables (les Rroms, les musulmans, les arabes) rejoignent la cohorte des racisés dont on redoute la présence. Ce sont les thèmes de l’invasion, de la colonisation inversée, du « grand remplacement ».

Ce racisme permet la construction de l’« éternel immigré », si tu es « originaire de », d’autres sont de « souche », ta couleur de peau, ton patronyme, ton origine vraie ou supposée, ta religion ne font pas de toi un Français. C’est la construction du « eux » et du « nous », de l’altérité perpétuelle.

Quel sens donner à la suppression du mot race de notre législation ?

Le PCF a considéré qu’en supprimant la catégorie juridique de « race » nous cesserions de donner une légitimité juridique aux idéologies racistes et nous affirmerions qu’elles s’appuient sur un concept sans fondement scientifique.

Comme le disait le généticien Albert Jacquard : « Compte tenu des implications biologiques que tant d’écrits, de doctrines et de politiques ont accroché, de façon indélébile, au mot “race”, ne serait-il pas prudent de l’éliminer, comme on le fait d’un outil inutile et dangereux ? »

Cette position a conduit à l’adoption, en mai 2013, d’une proposition de loi des députés Front de Gauche visant à supprimer le mot « race » des textes législatifs (mais les décrets d’application n’ont pas été pris, cette loi n’est pas encore appliquée).

En même temps, ce vote a ré-ouvert des débats, des sociologues considèrent qu’en dépit de la biologie, de la génétique, un constat s'impose: le racisme existe et crée des rapports de « race ». La race est une construction sociale.

Citons ici Magali Bessone [2] lors d’un entretien : « Ma thèse, c’est que les races existent puisqu’elles sont socialement construites. En France, le terme est tabou. Refuser d’en parler, c’est s’interdire de diagnostiquer, puis de traiter une réalité sociale. C’est ne pas se donner les moyens de dire que les Français pensent, vivent, agissent, comme s’il existait des races différentes. Un prénom à connotation différente, une couleur de peau, un type de démarche ou d’accent fonctionnent comme des marqueurs raciaux qui suscitent un certain type de comportement. Par exemple, identifier quelqu’un comme d’une race différente et « inférieure » et lui demander deux mois de dépôt de garantie pour le loyer au lieu d’un mois. »

Au sein de notre commission, des camarades considèrent qu’il faut approfondir ces analyses.

EXPRESSION DU RACISME ET DE SES CONSEQUENCES

Le racisme peut conduire à déclasser un être humain, à l’assigner à un statut subalterne, à l’exploiter « légitimement », si ce n’est légalement : esclave, indigène, immigré.

Le racisme en France se déploie à différents niveaux :

Le racisme ordinaire porte atteinte à la dignité (insultes, évitement, regard, sous-entendus, inégalité de traitement).

Les minorités « visibles », celles qui n’appartiennent pas au groupe majoritaire d’apparence, sont celles qui doivent sans cesse répondre à la question de leur origine, de leur culture, de leur religion vraie ou supposée et supporter le poids des préjugés. C’est aussi cela le racisme ordinaire.

Les enquêtes d’opinion mettent en évidence une forme de mépris plus durable à l’encontre des descendants des immigrés des anciennes colonies. Si les immigrants italiens, espagnols, portugais, à leur arrivée en France, ont souffert d’un racisme violent, il n’en est pas allé de même pour leurs enfants et moins encore pour leurs petits-enfants.

On ne peut pas en dire autant des enfants et petits enfants d’immigrés maghrébins ou noirs-Africains, (confondus souvent avec les antillais ou les mahorais) seuls condamnés à l’appellation absurde, mais éloquente, d' « immigrés de 2ème ou 3ème génération » ou de « français issus de » quand les autres seraient des « français de souche ».

A situation sociale égale, ce « marqueur des origines » ne disparaît pas : des « noirs «ou des « arabes » très diplômés sont reconnus Français lorsqu’ils s’expatrient. Des familles sont considérées françaises en vacances à l’étranger.

Le racisme permet de se rehausser dans la hiérarchie sociale, (petits « blancs » anxieux du déclassement 3Beaud), les boucs émissaires sont les dérivatifs aux politiques inégalitaires : s’attaquer au concurrent potentiel, sans remettre en cause la mise en concurrence.

Le racisme institutionnel public ou privé se traduit par des discriminations directes ou indirectes à l’embauche, devant la justice, la police, dans l’accès au logement, à la culture, à son histoire, aux loisirs, à la vie syndicale, publique et politique.

Ces discriminations racistes génèrent frustration et colère, d’autant qu’elles sont supposées ne pas être légitimes dans le pays de la déclaration des droits de l’homme, elles dénaturent nos valeurs républicaines.

Racisme d’état, racisme institutionnel ou les deux ?

Des camarades préfèrent utiliser le terme « racisme d’Etat » pour qualifier ce racisme qui part du plus haut niveau de l’Etat estimant qu’il s’est exprimé de façon bruyante avec la création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale sous Sarkozy ou avec sa déclaration à Dakar, en 2007.

Il avait déclaré, alors, que la colonisation fut une faute tout en estimant que le « drame de l'Afrique » c’était que « l'homme africain n'était pas assez entré dans l'Histoire. […] Le problème de l'Afrique, c'est qu'elle vivait trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l'enfance. […] Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y avait de place ni pour l'aventure humaine ni pour l'idée de progrès ».

L’Etat, pratique souvent des discriminations basées sur l’origine ou la religion sans jamais l’avouer. C’est le débat actuel sur la déchéance de la nationalité, les expulsions des roms et la non-scolarisation de leurs enfants, la circulaire Chatel sur les sorties scolaires, le fait que le CSA joue insuffisamment son rôle vis-à-vis des medias. 

L’utilisation de ce terme ne fait pas consensus dans notre commission.

Des camarades pensent que l’utilisation de ce terme ne permet pas de se faire comprendre du plus grand nombre. En effet le racisme d’Etat est souvent assimilé à la notion de racisme total, à une idéologie officielle comme le nazisme ou l’apartheid sud-africain.

Il faut donc s’interroger sur la façon de qualifier ce qui se passe dans des institutions comme l’hôpital, l’école, le sport, les transports, les bailleurs sociaux, les entreprises, les municipalités, qui mettent en jeu des acteurs liés directement ou indirectement à l’Etat : il existe bien des pratiques discriminatoires qui reproduisent silencieusement les inégalités ethniques de façon aveugle.

Peut-être s’agit-il d’avoir une vision large du racisme institutionnel, qui n’est ni le racisme ordinaire parce qu’il entraîne des pratiques discriminatoires, ni un racisme d’Etat avec ce que ce terme signifie pour beaucoup ?

Le terme « politique de la race » (Eric Fassin) fait aussi débat dans notre commission en raison de la référence à la « race », alors qu’est consensuelle l’utilisation du terme « xénophobie d’Etat » pour qualifier le quinquennat Sarkozy ou la politique du gouvernement Valls Hollande

La politique gouvernementale actuelle, les lois 2015 relatives au Code d' Entrée et de Séjour des Etrangers et au Droit d'Asile s'inscrivent dans la continuité de celles de la droite (précarisation, xénophobie, expulsions..)4. La solidarité avec les migrants, les luttes pour la régularisation des sans-papiers, la liberté de circulation et d'installation, l'égalité des droits entre travailleurs entre citoyens français et étrangers constitue une dimension indispensable de la lutte contre le racisme.

Racisme et classes populaires ?

Le racisme n’est pas l’apanage des classes populaires, comme certains le font croire.

Cependant, ce sont dans les lieux de vie des classes populaires que se fait l’accueil des immigrés et des racisés qui n’entrent pas dans une France abstraite et, en dépit des difficultés, c’est aussi dans ces lieux de vie que se construit le « vivre ensemble » (école, mariages mixtes, culture.) 5Verret
L’existence sur des territoires ségrégués de groupes racisés entraîne une disqualification générale de toute la population, ce qui renforce le sentiment d’abandon de ces territoires.

En même temps des luttes et des initiatives rassembleuses permettent de renverser cette spirale perverse, comme le montrent les actions d’enseignants et de parents d’élèves contre l’abandon de l’école publique, en Seine Saint Denis. Il y a urgence à créer du commun !

4/ LES DIFFERENTES FORMES DE RACISME

Nous avons besoin d’affiner nos analyses.

Le racisme anti-Rroms (romophobie) ou anti- gens du voyage

Les Rroms

Ceux qui focalisent toutes les haines sont des migrants roumains et bulgares qui vivent principalement dans des bidonvilles autour de plusieurs grandes villes de France. Ils sont évalués de 15 à 20 000, c’est-à-dire environ 0,025 % de la population française, on ne le dit pas assez !

Le racisme qu’ils subissent est d’une rare violence. Les préjugés sur ces femmes et ces hommes, persécutés, discriminés, en situation de grande marginalisation sont multi séculaires (voleurs, clochards, mendiants, exploiteurs d’enfants, nomadisme inhérent à leur culture)

Ils sont vécus « hors système », on les traite de « sous-hommes », de déchets, de parasites, de vermine sans que cela choque. Nous atteignons la logique extrême du racisme, la déshumanisation. Les Roms souffrent d’un « racisme culturel biologisant » inquiétant.

La seule politique de l’Etat est celle des expulsions. Des fonds européens existent mais sont peu utilisés, le ministère de l’Education nationale ne respecte pas l’obligation de scolarisation.
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