• Septembre 2016 • Numero 150 •
• L e s P u b l i c a t i o n s d e La Gauche C a c t u s ! • www.la-gauche-cactus.fr/SPIP
Sarkozy Pire que Le Pen ? Sommaire
L’édito de Jean-Luc Gonneau : Sarkozy pire que Le Pen ?
- « Le monde est parti, il faut que je te porte ». Où Jacques Broda s’appuie sur la poésie de Paul Celan pour dénoncer les horreurs du voyage des réfugiés vers l’Europe. Un texte qui touche à la fois le cœur et la tête.
- Chronique de la gauche en questions. Quatrième épisode des grandes et moins grandes manœuvres au sein de la gauche, par João Silveirinho en arbitre légendairement impartial des élégances (relatives) des turbulences en cours.
- Le sale air de la peur. Dans le climat de peur qui se diffuse dans la société, les violences parfois exercées par la police ou lajustice ne jouent pas un rôle négligeable. Ce que montre, avec rigueur, Yann Fiévet.
- La seconde mondialisation. La première mondialisation fut coloniale et judéo-chrétienne, nous dit Jacques-Robert Simon. La seconde est libérale et fait exploser les inégalités partout sur la planète. Le combat pour l’égalité est plus nécessaire que jamais..
- Stoppons nos frappes en Syrie et renforçons l’ONU.Un vœu pieux ? Mais y a-t-il une solution plus raisonnable, demande Chloé Maurel ?
- Le maître de Sainte Euphasie. Troisième épisode d’un mini feuilleton, savoureux, cocktail d’observations sociales acides, ou tendres, ou drôles avec, si, si, un zeste d’érotisme, par le nouvelliste Hervé Mesdon. Car la littérature, m’sieurs-dames, c’est vital.
- Rapport MacBride : Le nouvel ordre de l’Information et de la Communication.A la fin des années 1970, préoccupée par l’asservissement fréquent de la presse à des pouvoirs politique ou économiques, l’ONU commanda à Sean Mac Bride un rapport sur ce sujet. Qui fit quelque bruit avant de rejoindre quelque tiroir. Fernando Buen Abad Domínguez nous montre combien il demeure d’actualité.
- Bonus : Parce qu’il faut continuer à sourire, deux photos détournées par Patrick Mignard et un dessin glané sur le net par Florence Bray
Bonnes lectures.
Edito : Sarkozy Pire que Le Pen ?
Par Jean-Luc Gonneau
On espère bien qu’on ne vivra pas ça, mais ça pourrait bien arriver : ça, ce serait Le Pen contre Sarkozy le 7 mai prochain. On a déjà vécu Chirac contre Le Pen père en 2002, mais ce n’était pas pareil. Chirac certes réac, mais avec un vieux fonds républicain tendance rad-soc. Chirac certes menteur, avec sa fable de lutte contre la fracture sociale entre autres, mais capable de reculs quand ça tournait vinaigre dans la rue. Sarkozy certainement réac, mais sans fonds républicain aucun, quand bien même son parti ait la prétention de s’en attribuer les oripeaux. Un monsieur qui foule aux pieds dans ses discours la Constitution et même la notion de droit, républicain ? On rigole. Sarkozy menteur, bien sûr, qui ne connaît pas Bygmalion, entre autres. Sarkozy girouette, sur le mariage pour tous, sur l’immigration entre autres sujets. A lire les programmes, à écouter les discours, ceux de Sarkozy surtout car il est bavard quand Marine Le Pen dit peu, en ce moment (pas besoin, pense-t-elle), on se prend à penser que Marine Le Pen est au bout du bout plus sociale que Nicolas Sarkozy. Moins carpette avec le patronat, moins déférente avec le lobby libéral bruxellois, parangon de l’Etat de droit quand Sarkozy le balaie, et même, c’est récent, estimant que l’islam peut être compatible avec la République.
Ouais, mais, de part et d’autre, ce sont discours et programmes. Le discours de Marine Le Pen est lissé, le programme du FN beaucoup moins, la xénophobie y est présente par des projets discriminants concernant les étrangers. Au niveau du terrain, chez les élus en situation de gérer des communes, les thèmes identitaires apparaissent avec constance. Et pour le Front National, il semble que la liberté de la presse soit une notion très relative. Du côté de Nicolas Sarkozy, certains se disent que son discours actuel est purement opportuniste dans la perspective de l’élection présidentielle, qu’il s’agit uniquement pour lui de gagner la primaire de la droite et qu’après, le trop pusillanime Juppé éliminé, il pourra recadrer son discours dont certaines dispositions, il devrait le savoir (mais le sait-il ?), seraient inévitablement retoquées par le Conseil constitutionnel ou par les juridictions européennes.
Le drame politique que vit notre pays est que des thématiques mortifères fondées sur des mécanismes d’exclusion de pans entiers de la population (étrangers, « assistés », habitants des « quartiers difficiles », voire syndicalistes) initiées dans le champ politique par le Front National sont repris par une partie de la droite dite républicaine (mais cette partie là ne l’est plus) et même, dans certains cas, par une partie de la gauche. L’aberrante affaire de la déchéance de nationalité, les propos du Premier ministre sur le « burkini », entre autres en sont des exemples.
Une partie de la droite (Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Rama Yade parmi les candidats déclarés), le gros de la famille centriste (le Modem de François Bayrou, la majorité de l’UDI, le candidat Jean Lassalle), la gauche du PS, les autres partis ou mouvements de gauche, les écolos d’EELV échappent à cet engrenage délétère. Si leurs divergences sont réelles, et ne peuvent évidemment pas se traduire par une « union sacrée » de nature électorale, du moins ils n’entrent pas dans ce prurit identitaire qui pollue le débat politique et le rend chaque jour plus nauséabond. Certains (Clémentine Autain, François Bayrou, Karima Delli, Cécile Duflot, Pierre Laurent, Jean-Luc Mélenchon, Christiane Taubira…) l’ont dit fortement, d’autres plus mezzo voce. Il faut que ce « no pasaran » contre les idées des Le Pen, Sarkozy et consorts soit repris par le plus grand nombre. Et le plus tôt sera le mieux !
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