Le TDA/H chez la femme : Un double handicap
Par: Alexandra Neufeldt
Le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est une maladie peu comprise par la majorité de la population Nord-Américaine. L’image stéréotypée d’une personne vivant avec un TDAH c’est celle d’un petit garçon perturbateur, toujours en train de crier ou de se bagarrer avec les autres. C’est une image qui sert à renforcer les présupposés courants dans notre société au sujet de la maladie; que c’est un trouble inexistant, dont les « symptômes » peuvent être attribués à un problème de comportement et l’inhabilité des parents de bien élever leurs enfants. Pourtant, le TDAH n’est pas du tout inexistant, ni dû à un problème de comportement; c’est une maladie provoquée par une anomalie cérébrale génétique, qui cause des difficultés à gérer l’attention et le comportement. De plus, ce ne sont pas seulement les petits garçons qui sont affectés par le trouble; la majorité des enfants qui sont atteintes d’un TDAH continueront de vivre avec la maladie à l’âge adulte, et elle affecte aussi souvent les femmes que les hommes. Cependant, les normes de genre dans notre société empêchent les femmes d’être diagnostiquées d’un TDAH, ce qui leur cause un double handicap dans la vie quotidienne. Elles sont moins aptes à se faire diagnostiquer pour deux raisons : l’absence chez les femmes des symptômes le plus connus et la stigmatisation de ces symptômes quand elles se présentent chez les femmes.
D’abord, les femmes avec le TDAH éprouvent souvent des symptômes du trouble qui diffèrent de ceux des hommes. Il existe trois sous-types de la maladie : le type inattentif, le type hyperactif, et le type combiné (qui comprend des caractéristiques des deux autres sous-types). Les femmes souffrent le plus souvent du type inattentif, qui inclut des symptômes tels que : la distraction, la désorganisation, le rêve éveillé, et la procrastination. Quant aux hommes, leurs symptômes sont pour la plupart hyperactifs : le besoin de bouger constamment, les problèmes de gestion de colère, le comportement impulsif, etc. Puisque les symptômes de l’hyperactivité sont plus perturbateurs, ils sont plus facilement reconnus. Les hommes ont donc de meilleures chances d’être diagnostiqués d’un TDAH que les femmes, qui éprouvent des symptômes moins évidents. Des experts croient que le trouble se manifeste de façon différente chez les hommes et les femmes largement à cause des attentes sociales différentes pour les deux sexes : les femmes sont socialisées dès l’enfance d’être gentilles, douces, et calmes, tandis que les garçons sont encouragés d’être actifs et agressifs. Donc, il est logique que ces normes de genres, profondément enracinées, aient une influence sur la manifestation des symptômes du TDAH.
Cependant, le sous-type hyperactif du trouble n’est pas réservé exclusivement aux hommes; il y a des femmes qui éprouvent aussi des symptômes de l’hyperactivité. On pourrait croire que la manifestation de tels symptômes perturbateurs signalerait aux femmes, à leurs proches, et aux professionnels de la santé qu’elles souffrent probablement d’un TDAH et qu’elles bénéficieraient d’un diagnostic et d’un traitement. Malheureusement, ce n’est pas souvent le cas : les comportements qui caractérisent le sous-type hyperactif de la maladie sont très stigmatisés chez les femmes, puisqu’ils sont vus comme étant « typiquement masculins » en raison du modèle étroit de la féminité qui domine notre société, donc l’hyperactivité chez les femmes est souvent attribuée à un problème de comportement et non à une maladie mentale.
Malheureusement, l’invisibilité de la maladie chez les femmes a un double impact négatif sur elles dans la vie quotidienne; non-seulement sont-elles handicapées par la maladie elle-même, mais elles sont aussi handicapées par les rôles traditionnels des femmes dans notre société. Par exemple, on s’attend souvent à ce que les femmes prennent soin des autres; qu’elles soient des bonnes mères et épouses, qu’elles fassent le ménage et la cuisine et en plus qu’elles aient un emploi à temps plein. Répondre à toutes les exigences imposées aux femmes est difficile pour la plupart d’entre nous, mais pour une femme qui souffre d’un TDAH sans traitement, c’est quasiment impossible, puisqu’elle ne dispose pas de l’organisation et la concentration nécessaire pour tout gérer. De plus, les femmes qui éprouvent des symptômes d’hyperactivité souffrent de la stigmatisation de ces comportements et intériorisent souvent les critiques d’autrui en pensant que leurs actions sont liées à un échec moral au lieu d’une maladie, ce qui peut provoquer des bouleversements psychologiques et conduire à d’autres maladies mentales, telle que la dépression. En conclusion, le handicap causé par un TDAH est très sérieux, mais celui d’être femme dans une société malade et misogyne l’est aussi.
Références Consultées
ASSOCIATION TDA/H BELGIQUE (2004). « TDA/H chez la femme », Association TDA/H Belgique
http://www.tdah.be/tdah/tdah/adultes/tdah-chez-la-femme (page consultée le 18 novembre 2014).
BILKEY, Timothy (auteur) (2012). Her Fast Mind: An In-depth Look at ADHD as it Affects Women [DVD],
Toronto: The Bilkey ADHD Clinic.
NADEAU, Kathleen et Patricia QUINN (2009). « Les femmes et le TDA/H », Association TDA/H Belgique
http://www.tdah.be/femme.htm |