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COLLECTION DE MÉMOIRES ET DOCUMENTS

POUR SERVIR A L’HISTOIRE DE LA GUERRE MONDIALE

ERICH LUDËNDORFF

PREMIER QUARTIER-MAITRE GÉNÉRAL DES ARMÉES ALLEMANDES

SOUVENIRS

DE

GUERRE

Avec 46 cartes

PRÉFACE DU GÉNÉRAL BUAT

TOME I



PAYOT & O, PARIS

106, BOULEVARD SAINT-GERMAIN

1920 Tous droits réservés.

Contents

PRÉFACE. 5

AVANT-PROPOS. 13

MA PENSÉE ET MON ACTION.. 14

LIÈGE. 40

CHEF DE L’ËTAT-MAJOR GÉNÉRAL DE L’EST DU 22 AOÛT 1911 au 28 AOÛT 1916   58

LA CAMPAGNE DE POLOGNE DE L’AUTOMNE 1914. 95

LA BATAILLE D’HlVER DE MAZURIE. 143

LA CAMPAGNE D’ÉTÉ DE 1915 CONTRE LA RUSSIE. 168

LE QUARTIER GÉNÉRAL DU COMMANDANT EN CHEF DE L’EST A KOVNO D’OCTOBRE 1915 A JUILLET 1916. 207

LA PÉRIODE DE CALME.. 207

QUARTIER GENERAL DE l’EST, A KOVNO.. 216

QUARTIER GÉNÉRAL DE L’EST, A KOVNO. 227

LA GUERRE ET LA CRISE A L’EST. 249

NOTRE COMMANDEMENT ÉLARGI SUR LE FRONT ORIENTAL EN AOÛT 1916   278

PREMIER QUARTIER-MAÎTRE GÉNÉRAL. 288

LA GRANDE OFFENSIVE DE L’ENTENTE, A L’AUTOMNE 1916. 288

LA SITUATION A LA FIN DE 1916. 385

LA BASE DE LA CONTINUATION DE LA GUERRE ET L’INSTRUMENT DE GUERRE. 395

 

PRÉFACE


Ludendorff ! De même qu’au siècle dernier, Gneisenau domine Blücher et qu’en 1870 le nom de Guillaume Ier s’efface devant celui de Moltke, de même la réputation de Ludendorff, au cours de la dernière guerre, éclipse complètement celle de Guillaume II.

C’est une tradition, en Prusse, — et l’armée allemande n’est qu’une armée prussienne renforcée — que le monarque n’exerce qu’une autorité nominale et que le commandement effectif des armées soit remis aux mains d’un Chef d’État-Major général.

Après avoir usé en cet emploi deux généraux réputés dont l’un ne résista pas à l’épreuve de la Marne et l’autre à celle de Verdun, l’Allemagne, à partir de la fin d’août 1916 et jusqu’à l’achèvement de la guerre, confia ses destinées à un duumvirat qui venait de se distinguer d’une manière éclatante sur le front oriental : Hindenburg et Ludendorff. Celui-ci n’était officiellement que l’adjoint de celui-là. En fait, — et personne, en Allemagne comme ailleurs, pas même Ludendorff, ne s’y trompa, —, il fut le maître. À ses côtés, ni l’Empereur, ni le Chef d’État-Major général n’existèrent que pour la forme ou pour ajouter, dans certaines circonstances solennelles, au poids de l’ordre ou de l’avis donné celui de la fonction. Hindenburg parle de lui « et du général Ludendorff » ; Ludendorff dit : moi, et, neuf fois sur dix, il ne fait mention d’aucun autre.

Durant plus de deux ans, il dirigea les armées allemande, autrichienne, bulgare et turque sur tous les fronts. Il fit plus : pas une question d’ordre intérieur à l’Empire, pas une négociation de politique extérieure, pas une mesure administrative de quelque gravité ne fut traitée ou adoptée sans son assentiment, souvent même sans son initiative. Son autorité fut si grande que, non sans raison, beaucoup de ses compatriotes et de ses alliés virent en lui le « dictateur ». En mars 1918, à la tribune du Reichstag, Haase disait déjà : « Le Chancelier n’est que l’enseigne qui couvre le parti militaire. Celui qui gouverne, c’est Ludendorff. »

Sa dictature de fait dura jusqu’à ce que sonne l’heure des revers pour l’armée allemande. Dès lors, sa popularité tomba plus vite encore qu’elle ne s’était élevée. Sur lui se concentrèrent tous les mécontentements, comme s’y étaient concentrées toutes les illusions ; contre lui se liguèrent tous les ennemis du parti dont il était le plus remarquable représentant ; il devint le paratonnerre qui attira, comme la foudre, la défiance populaire. On le jeta bas, lors de l’armistice dont il ne voulait plus, après l’avoir lui-même réclamé dans un moment de défaillance.

C’est cet homme qui vient de publier ses Souvenirs de guerre, lesquels sont plus que des souvenirs : un plaidoyer pour soi-même, une défense du parti qu’il représente, un essai de condamnation des gouvernements successifs de son pays de 1914 à 1918, un acte de foi en la restauration prochaine de la grande Allemagne.

Le livre qu’on va lire en est la traduction fidèle. Sa lecture ne peut manquer d’intéresser vivement les lecteurs de toutes les nations.

Ce qu’ils y trouveront ? Ce n’est pas en quelques pages qu’on le peut dire ; un volume entier est nécessaire pour suivre les actes de Ludendorff et les commenter.

On y trouvera Ludendorff peint par lui-même, sans fard sinon sans réticences à certains endroits, tel qu’il est : un fanatique de la grandeur de sa patrie.

Il l’est depuis longtemps. À l’Académie de Guerre où il professa la tactique, au Grand État-Major où il exerça la direction de la section des opérations, la plus importante de toutes, il fut un des prêtres de ce temple de la doctrine guerrière de la Prusse. Dès 1905 il était de ces hommes qui, dit Kühlmann, « sont des brutes, mais ne sont pas des fous », qui voulaient la guerre pour donner à l’Allemagne une extension proportionnée à sa population et lui procurer l’hégémonie justifiée, croyaient-ils, par les éminentes qualités du peuple allemand dans toutes les branches de l’activité humaine.

À cette époque, ces pangermanistes intransigeants n’avaient pas pu triompher de la poltronnerie de leur Empereur ; mais ils ne se lassèrent jamais, poussèrent aux armements, aux augmentations de crédits militaires, aux constitutions d’unités nouvelles. Ils voulaient la guerre ; ils la voulaient avec une telle ardeur qu’ils n’auraient reculé devant aucun moyen, licite ou illicite, pour la provoquer. Ludendorff fut intimement mêlé à l’affaire de Saverne. Ah ! il est bien de la même école que ce Bernhardi qui, dans son livre : L’Allemagne et la prochaine guerre, n’hésite pas à écrire que son pays a besoin de la guerre, mais qu’il serait avantageux pour lui d’être attaqué et que la diplomatie allemande a le devoir de « biseauter les cartes », en inventant au besoin un de ces prétextes dont les thèmes abondent aussi bien en Afrique qu’en Europe !

Ludendorff lui-même nous dit qu’en 1912 il fut l’auteur du projet de loi qui aboutit à l’accroissement de l’effectif de paix de plusieurs centaines de mille hommes et à l’inscription au budget de la guerre d’un crédit supplémentaire d’un milliard. Il ajoute, — nous l’ignorions, — qu’il avait aussi réclamé la formation immédiate de trois corps d’armée nouveaux, ce qui ne lui fut point accordé. C’est même à la rudesse mal dissimulée qu’il mit à soutenir la partie contestée de son projet qu’il attribue son départ du Grand État-Major et son affectation au commandement d’un régiment d’infanterie.

La guerre le trouve commandant de brigade, mais muni d’une lettre de service pour un poste d’état-major. Il se distingue à la prise de Liège où il assiste à titre de quartier-maître de l’armée de siège, mais où il prend un commandement de troupes de sa propre autorité. À la fin d’août 1914, il est nommé chef d’état-major de l’unique armée qui défend — mal d’ailleurs — la Prusse orientale. C’est là qu’il est associé pour la première fois à Hindenburg, qui ne le lâchera plus désormais que dans les derniers jours de la campagne. Dès son arrivée, il débute par des coups de maître qui, il faut bien le dire, lui sont facilités par des imprudences, sinon des trahisons russes, et se taille une réputation de sauveur ; il est le premier à se considérer comme tel. Pendant deux ans, il bat les Russes tout en soutenant les Austro-Hongrois à peu près toujours défaillants. Il réduit la Serbie et prépare l’écrasement de la Roumanie.

   Vers la fin d’août 1916, après l’échec de Verdun, sous l’impression produite par les terribles pertes de la Somme, l’Allemagne, à bout de souffle, a de nouveau besoin d’un sauveur. C’est à Hindenburg — mais Hindenburg c’est Ludendorff — qu’elle fait appel. À partir de ce moment, Ludendorff domine.

Son fanatisme pour sa patrie ne peut être comparé qu’à celui d’un prêtre mystique pour son Dieu. Il est le représentant sur la terre d’une divinité : l’Allemagne. Orgueilleux pour elle au-delà de toute mesure, il ne l’est pas moins pour lui, puisqu’il participe en quelque sorte de son essence et partage son infaillibilité. Tranquille et ferme dans ses décisions, puisqu’il détient la vérité, il est entêté dans ses haines contre tout ce qui vient à l’encontre de la politique allemande, à la manière dont le croyant a horreur des hérétiques. Pour lui, tout est permis qui sert la grandeur de l’Allemagne ; l’intérêt de la patrie passe naturellement avant toute considération d’humanité. Sa psychologie est mince, parce que sa foi est aveugle ; il ne comprend ni ses ennemis, ni même son propre peuple.

Tous ses actes politiques se ressentent, en effet, de cette mentalité ; ils sont commandés par elle. À mesure que le temps passe et que les espérances qu’on a fait miroiter à ses yeux s’évanouissent, le peuple allemand aspire de plus en plus à la paix. Ses gouvernants le savent ; ils savent aussi leur impuissance à lutter contre un courant qui les emporterait tous. Ludendorff, lui, ne voit rien ou ne veut rien voir ; il se révolte contre ces aspirations pacifiques : l’Allemagne ne peut pas être vaincue, elle vaincra donc et tirera de ses victoires tous les bénéfices promis ; se résigner à ne les point obtenir serait une déchéance et si une pareille perspective devait jamais être envisagée, ce n’est pas que les armées auraient été battues, c’est que le moral du peuple ne se serait pas montré à la hauteur des sacrifices nécessaires et, de cette dépression, le Gouvernement qui est maître à l’intérieur serait responsable. Et cela se produit et il entre en conflit avec les gouvernements successifs ; l’intransigeance de ses attitudes a vite fait d’envenimer les choses ; il entre en conflit aussi avec les partis qui constituent la majorité du Reichstag et de qui les gouvernements s’inspirent ; il entre enfin en conflit si aigu avec le peuple qui réclame « la fin avec la désolation plutôt que la désolation sans la fin, » que le peuple finit par le considérer comme le principal obstacle à la conclusion de la paix.

Admiré tout d’abord comme un héros de légende, sa réputation se maintient jusqu’à la fin de 1917. À cette époque, il avait mis à mal la Russie, la Serbie et la Roumanie ; il était maître de la Lettonie, Livonie, Courlande, Lithuanie, Pologne, Ukraine ; il allait pousser jusque dans le Caucase ; il n’avait encore eu à soutenir sur le front occidental que des batailles défensives qui, toutes, avaient rempli leur but. Il possède encore la confiance des armées au début de 1918, alors qu’il concentre contre les Anglo-Français, pour une ruée finale, la presque totalité des forces allemandes.

La victoire est certaine : il l’annonce : jamais il n’a été plus fort, et l’Allemagne dans la plénitude de ses moyens ne peut pas ne pas être victorieuse. Il se lance dans son attaque du 21 mars qui lui apporte des succès tactiques sans précédents, mais qui ne réussit pas à lui procurer les succès stratégiques attendus. Il recommence le 27 mai pour finir de la même manière. Le moral de ses armées déchoit, et, plus encore, celui du peuple. Peut-être, après tant d’efforts inutiles et de pertes sanglantes, serait-il sage de renoncer ; il ne renoncera jamais. Peut-être serait-il prudent, puisqu’il ne veut pas croire la guerre perdue, de prendre un front plus court afin de disposer de plus nombreuses réserves pour parer les coups inévitables que vont lui porter les Alliés ; il ne consent pas à l’aveu de faiblesse que serait, à ce moment, une attitude défensive. Au contraire, il s’obstine, attaque encore le 15 juillet et s’effondre tandis que les Alliés le saisissent à leur tour sur un point faible — trop faible parce que, dans son orgueil, il a méprisé ses adversaires — et commencent à le terrasser. Ses armées, cette fois, arrivent au bout de leur moral ; le peuple allemand désespère. Lui, se refuse à comprendre.

Moins d’un mois plus tard, le 8 août et jours suivants, une nouvelle défaite le jette à terre. Étourdi, il sent le sol manquer sous ses pas et il est le premier à demander à son gouvernement de solliciter un armistice qui le sauvera du désastre.

Puis, bientôt et quoique la situation ne fasse qu’empirer, il se reprend. Dans les négociations qui sont entamées, il veut encore parler en maître quoiqu’il n’ait plus la force. Mais le sort en est jeté ; son peuple a tout ressort brisé, rien ne peut plus le faire réagir. Au gouvernement éclairé sur cette situation, Ludendorff lance des appels de levée en masse ; il parle de lutte à mort à des hommes qui savent ne plus pouvoir lutter et qui ne veulent pas mourir ; il perd entièrement la confiance des gouvernants qui, décidés à traiter parce qu’ils ne peuvent rien faire d’autre, exigent de l’Empereur son remplacement. Cet événement se produit le 26 octobre 1918.

Sur l’œuvre militaire de Ludendorff, il y aurait beaucoup à dire, et cela sera dit ailleurs. En résumé, Ludendorff fut un disciple, un excellent disciple ; jamais il ne fut un créateur. Contre un ennemi comme le Russe, frappé d’ataxie locomotrice par manque de voies ferrées et de réseau routier suffisamment développé, l’application intégrale des procédés d’école, dérivés des principes souverains autant qu’immuables de l’art de la guerre, lui a toujours plus ou moins réussi. Sur le front français où bien des choses étaient différentes, Ludendorff n’a pas su adapter à ces principes les moyens de vaincre d’aujourd’hui. « Jamais, dit-il, nous n’avons pu conduire une grande percée stratégique jusqu’à ses dernières conséquences. » C’est sûrement qu’il s’y est mal pris, puisque le problème n’était pas insoluble, ce qui était sûr à l’avance. C’est peut-être qu’au lieu de viser simplement le bris d’un pan de mur surmonté de défenseurs, il n’a pas pris suffisamment attention à d’autres défenseurs dont il connaissait cependant l’existence et qui, loin en arrière du mur, gardiens jaloux de la victoire, devaient nécessairement accourir à la brèche pour l’obstruer. Ce sont ceux-là qui étaient ses véritables ennemis, ceux qu’il devait obliger d’abord à rallier le mur en différents points, afin de ne les plus trouver quand, son effraction consommée, il entrerait dans la maison et y capturerait la victoire tout à son aise. Le moyen pratique d’en arriver là, Ludendorff ne l’a pas trouvé. Il a cru que son irruption serait si soudaine que les réserves alliées n’auraient pas le temps de venir tôt ou tard lui barrer le chemin. Là est sa grande erreur ; ce qui pouvait réussir à la rigueur en Russie n’était plus de mise en France.

Il n’en reste pas moins que les nombreuses instructions qu’il adressait aux armées révèlent un esprit d’homme averti des choses de la guerre, un observateur sagace, un général de tout premier second plan, si l’on peut s’exprimer ainsi.

Ludendorff a disparu, le 26 octobre 1918, de la scène où il avait occupé une si grande place. On peut tenir pour certain qu’il n’a fait qu’une fausse sortie. Il est encore dans la coulisse. Tout son livre, et notamment l’épilogue, n’est qu’un appel, mieux même : des « commandements », car, apôtre jusqu’au bout, il prophétise comme Moïse, en vue de la restauration de l’Allemagne et de son Empire.

Le temps travaille en sa faveur ; il suffit, pour s’en convaincre, de lire la relation de l’accueil qui, le 12 novembre et jours suivants, fut fait à Hindenburg et à Ludendorff par la population de Berlin. Il attendra son heure ; il sait que la « fièvre danubienne » est un mal dont l’Europe souffrira pendant au moins un quart de siècle. Au cours de ces vingt-cinq ans, il peut y avoir place pour un dictateur européen et nul ne sait si les libérateurs de la Russie encore bolchéviste ne seront pas alors à ses gages.

Ces vues paraîtront peut-être un peu lointaines, mais elles contribueront aussi à donner envie de bien connaître l’homme capable d’oser de telles destinées et rien n’est plus propre à cela que la lecture de ses « Souvenirs de guerre. »

GÉNÉRAL BUAT.
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