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La neuro imagerie : des images comme modèle L’ambition des neurosciences cognitives est de faire correspondre à des activités complexes (souvent définies par l’approche psychologique en terme de résolution de problème : compréhension et production du langage, reconnaissance de formes, de visages, identification du sens d’un objet, formulation d’une intention…) des corrélats d’activité physiologique. Une fonction cognitive peut être définie comme une séquence temporelle d'activités neuronales, électriques et neurochimiques, distribuées en réseau, et engendrant des variations locales à la fois du champ électro-magnétique, du métabolisme énergétique, et du débit sanguin cérébral (DSC). Ce sont ces marqueurs physiologiques qui sont détectés par les techniques d’imagerie cérébrale : essentiellement la tomographie par émission de positons (TEP), l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) et la magnéto-électro-encéphalographie (MEEG). La neuroimagerie fonctionnelle donne ainsi accès au fonctionnement des réseaux entre différentes régions cérébrales et permet donc de proposer des modèles de fonctionnement du cerveau à un niveau le plus intégré possible. Les techniques d’imagerie cérébrale fonctionnelle postulent donc une ségrégation fonctionnelle du cortex cérébral en différentes aires. Dans cette hypothèse, l’exécution d’une fonction cérébrale correspond au recrutement spécifique d’un sous-ensemble de ces aires. L’imagerie par résonance magnétique (IRM), généralités L'IRM permet d'obtenir des images numériques en trois dimensions d'une précision inférieure au millimètre, du cortex, de la substance blanche, du liquide céphalo-rachidien et des noyaux gris centraux. Initialement développé pour l’aide au diagnostic en milieu médical, ce type d'acquisition permet d'effectuer une analyse neuroanatomique individuelle de très haute précision. 1 Le sigle IRM regroupe en fait un ensemble de techniques d'imagerie : outre des images anatomiques et fonctionnelles, l'IRM permet d'obtenir des images de l'organisation spatiale des vaisseaux cérébraux (angiographie IRM), de l'orientation des principaux faisceaux de fibres blanches ( IRM de diffusion) , de la distribution de sang ( IRM de perfusion) ainsi que de la concentration locale de certains métabolites énergétiques et peut-être, bientôt, de certains neurotransmetteurs ( spectroscopie IRM). C’est au début des années 70, grâce aux travaux du chimiste américain Paul Lauterbur et du physicien britannique Peter Mansfield – lauréats du Prix Nobel de médecine 2003 – ainsi que Raymond Damadian, que l’imagerie par résonance magnétique trouve un débouché médical. Principe de l'IRM L'IRM consiste à observer les tissus biologiques à travers les propriétés magnétiques de l'un de leurs constituants majoritaires, le noyau d'hydrogène. En effet, le proton qui constitue le noyau de l'atome d'hydrogène possède, du fait de sa charge et de son mouvement de rotation sur lui même, un moment magnétique dit de spin, c’est à dire qu’il se comporte comme une sorte de petit aimant. Lorsque l'on place un sujet dans un champ magnétique intense noté ![]()
Au cours d'une IRM, on mesure l'aimantation résultante en chaque point des tissus analysés. Comme cette aimantation est proportionnelle à la quantité de noyaux d'hydrogène présents, et que les tissus se distinguent par leur contenu en eau, la carte des aimantations résultantes reproduit l'anatomie des tissus. En fait, en IRM, on mesure avant tout la relaxation de cette aimantation, après le phénomène de résonance magnétique. La résonance magnétique est obtenue en appliquant une radiofréquence (champ électromagnétique en rotation ->B1) dont la fréquence de précession (ou rotation) f0 est caractéristique d’un atome donné dans un environnement moléculaire donné selon l’équation fondamentale de la résonance magnétique : f0=ω0/2π=γ.B0/2π où ω0 est la fréquence angulaire de précession du champs de radiofréquence autour de l’axe longitudinal défini par ![]() L’application d’une radiofréquence confère donc à chaque proton une aimantation M ayant une composante longitudinale (Mz, selon l’axe du champ principal ![]() ![]()
Cette relaxation, ou retour à l’équilibre, présente des caractéristiques temporelles, dite T1 en ce qui concerne la repousse de la composante longitudinale de l’aimantation et T2 en ce qui concerne la décroissance de la composante transversale, qui dépendent fortement de la nature des tissus. Un des avantages de l'IRM réside donc dans le fait que selon les réglages de la même machine, et particulièrement de la séquence d’acquisition (décourt temporel de l’application des radiofréquences), on peut isoler un facteur participant au contraste de l’image. On peut acquérir différents types d'images correspondant à différents types de signal local. Ainsi les images dites « pondérées en T1 » sont souvent utilisées pour l'anatomie, dans la mesure où la séquence d’acquisition favorise la détection de l’eau peu mobile c’est à dire intracellulaire (signal élevé pour la substance grise et faible pour les os par exemple). De la même manière les images dites « pondérées en T2 ouT2* » sont utilisées commes images fonctionnelles dans la mesure où la séquence d’acquisition favorise la détection de l’eau mobile c’est à dire extracellulaire ou intravasculaire, ce qui constitue une approche du débit sanguin cérébral local.
Remarques : - T1, T2, T2* sont les paramètres de relaxation - dans la pratiques des agents de contraste ayant des propriétés paramagnétiques (tels que le Gadolinium) sont utilisé pour augmenter le contraste du signal IRM. - le codage spatiale des images IRM est réalisé en appliquant un gradient de champ magnétique sur la préparation. L'IRM fonctionnelle L'IRM fonctionnelle est fondée sur l'observation en temps réel des variations de l'oxygénation du sang et des débits sanguins cérébraux locaux, sans injection de traceur radioactif, puisque le traceur est endogène. Des examens répétés peuvent, de ce fait, être réalisés sans aucun inconvénient c’est à dire de manière non invasive L'oxygène, libéré au niveau des capillaires cérébraux, entraîne la réduction du fer qui se retrouve à l'état d'ion ferreux ( Fe2+), laissant deux électrons non appariés au sein de la molécule de déoxy-hémoglobine (dHb). Ces électrons sont à l'origine du paramagnétisme de cette molécule et génèrent une modification du champ magnétique local. La désoxyhémoglobine se comporte comme une hétérogénéité magnétique. L’augmentation de la concentration locale en dHb entraîne ainsi une atténuation du signal IRM dans les zones (voxels) contenant du sang desoxygéné. Alors que l'oxy-hémoglobine n'a aucune influence sur le champ magnétique local. L'activité cérébrale s’accompagne d’un enrichissement en oxygène des régions mises en jeu : cet apport d'oxygène réduit les hétérogénéités dues à la dHb dans le compartiment veineux de la circulation et le signal enregistré, lui, augmente. Dans les zones en activité les augmentations locales de débit sanguin cérébral font donc plus que compenser la consommation d’O2 (et de glucose) et se traduisent par une augmentation locale de l’oxygénation du sang et donc réduisent le taux de dHb. Il en résulte une augmentation locale du signal IRM, appelé dans ce cas signal BOLD (Blood Oxygen Level Dependent).
Principe de construction des images cérébrales L'IRMf permet ainsi de localiser dans un cerveau les zones mises en jeu (activées) par la réalisation d’une tache simple.
Les images anatomiques pour chaque sujet sont réalignées pour corriger le mouvement du sujet, puis sont alors co-enregistrées avec l’image fonctionnelle. L'analyse statistique permet de détecter les secteurs qui ont été significativement activés lors de l'expérience.
Les images fonctionnelles peuvent être présentées sur une image anatomique individuelle ou sur un modèle anatomique moyen (cerveau moyen intersujets). Au besoin, les images sont normalisées dans l'espace pour aligner les cerveaux de différents sujets (voir étape de normalisation spatiale, variabilité interindividuelle). La production d’images cérébrales est donc une construction complexe issue d’une analyse statistique importante et qui a bénéficié du développement des capteurs et des techniques d’acquisition et de traitement informatique du signal et de l’image. Au delà des difficultés relatives à l’acquisition et au traitement du signal, la construction même des images cérébrales est étroitement dépendante du paradigme utilisé pour activer le cerveau. L’une des principales difficultés consiste à isoler l’opération cognitive que l’on veut étudier du reste de l’activité cérébrale. Idéalement, il s’agit donc d’éliminer toutes les activités cérébrales non spécifiques à l’opération étudiée. Les techniques d’imagerie cérébrale fonctionnelle permettent alors d’identifier les régions du cerveau dont le débit sanguin cérébral a été modifié de façon significative au cours de l’exécution de la tâche. Plusieurs protocoles ou paradigmes de construction d’images cérébrales sont utilisés. Le plus simple est sans doute le paradigme en bloc dit de soustraction ou de différence. Elle n’est utilisée que dans des protocoles expérimentaux simples (identification des aires sensorielles et motrices primaires par exemple). L’activité cérébrale est enregistrée au cours d’une condition neutre (ou de référence R) où le stimulus est présenté sans instruction particulière. Un deuxième enregistrement est effectué mais dans la condition dite cible. L’activité résultant de l’opération étudiée correspond à la « soustraction » de la mesure en condition cible par la mesure en condition neutre. Cette soustraction correspond à un test de différence statistique significative (test T par exemple) appliqué voxel à voxel et dont on peut faire varier le seuil.
Dans la mesure où on ne peut parler d’état de repos cérébral stable (le sujet a toujours une activité cérébrale), cette technique est susceptible de générer des artefacts. Par exemple une activation observée au cours d’une opération cognitive peut tout aussi bien correspondre à une désactivation au cours de l’état de référence. Les contraintes expérimentales La mise en oeuvre d'un protocole expérimental en IRM pose un certain nombre de problèmes liés: 1. à la nécessité de travailler en présence d'un fort champ magnétique ( d'où des règles de sécurité très strictes ) 2. au confinement du sujet dans l'imageur IRM ( intervention de l'état psychique des patients) 3. au bruit important généré par les bobines de gradients pendant l'acquisition des images ( ce bruit d'origine mécanique constitue une interférence relativement importante dans le protocole expérimental, que les systèmes de casques ou de bouchons auditifs ne viennent qu'imparfaitement atténuer, et dont il faut tenir compte lors de l'interprétation de certaines données ). Lire et interpréter une image cérébrale Dans le cadre de l’IRM, une image peut être définie comme « un ensemble de points ou d’éléments (pixels pour une image 2D, voxels pour une image 3D) représentatifs de l’apparence d’un objet formé à partir du rayonnement émis, réfléchi, diffusé ou transmis par cet objet ». Dans le cas de l’IRM, la discrétisation du signal par un convertisseur analogique-digital permet d’obtenir une image de type numérique, c’est à dire le codage informatique d’un signal physique. L’image est donc décomposée en un ensemble de points auxquels son associées des intensités de signal, en général codées grâce à une échelle de couleur. Les caractéristiques de l’image sont :
Les images cérébrales correspondent à des construction de coupe transversale, sagittale (longitudinale), coronale de l’encéphale ou d’un seul hémisphère, elles peuvent également représenter le cerveau dans sa totalité. La première étape de la lecture de l’image consiste donc à repérer le type de construction auquel on a à faire de manière à orienter celle ci (partie postérieure / antérieure, gauche / droite). Certaines structures facilement repérables (cervelet, scissure de Sylvius, corps calleux…) permettent, avec un peu d’habitude, de réaliser ce repérage. Il est ensuite nécessaire d’identifier : - s’il s’agit d’une image individuelle ou d’un moyennage d’images interindividuelles - s’il s’agit d’images composées directes ou d’images de différences ou de corrélation ou d’interaction, c’est à dire de savoir à quel paradigme expérimental correspond l’image proposée. Dans le cas d’une image de différence (cas le plus fréquent), il est nécessaire d’identifier l’opération cognitive qui a été isolée au cours du protocole de manière à pouvoir exploiter la signification fonctionnelle de l’image. Enfin les images cérébrales sont traitées à l’aide d’un code de couleur. L’échelle d’activité correspondant à ce code n’est pas toujours présente. En général les couleurs les plus chaudes (jaune, rouge) correspondent à des activités importantes et les couleurs froides (bleu) à des activités faibles. Bibliographie générale : Jeannerod Marc, 2002, « Le cerveau intime », Paris, CSI, Ed. Odile Jacob. Mazoyer B., Belliveau J.W., 1996, « Les nouveaux progrès de l’imagerie » in La Recherche n° spécial 289, Juillet-Aout 1996, pp26-33. Vion-Dury J., 2002, « Cours de résonance magnétique, spectroscopie et imagerie », Ellipses. Rosenzweig M.R., Leiman A.L., Breedlove S.M., 1998, Psychobiologie, De Boeck Université Segebarth C., Ziegler A., (unité mixte UJF - Inserm U594 / IFR1), Journées de formation « Introduction à la neuroimagerie fonctionnelle et métabolique par RMN », Grenoble, 21-26 Novembre 2003. + neurosciences cognitives Sites utiles Département « Sciences Actualité », Cité des Sciences et de l’Industrie, http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/science_actualites/sitesactu/accueil.php?langue=fr Référents scientifiques : Jean Luc Anton, Ingénieur de recherche, Centre IRMf, CHU Timone, MARSEILLE Segebarth Christoph, Directeur de Recherche, INSERM U 594- Université Joseph Fourier (UJF), Neuroimagerie Fonctionnelle et Métabolique, GRENOBLE Michel Dojat, Ingénieur de recherche, INSERM U 594- Université Joseph Fourier (UJF), Neuroimagerie Fonctionnelle et Métabolique, GRENOBLE 1 L’IRM anatomique est utilisée depuis une vingtaine d’années dans le domaine médical, pour la précision des images anatomiques qu’elle fournie et donc les diagnostics qu’elle permet. Malgré son coût élevé, quelque 22 000 appareils spécialisés fonctionnent actuellement dans le monde. Ils permettent chaque année de réaliser plus de 60 millions d'examens. |
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