Résultats Cent quatre-vingt-sept étudiants ont contribué à cette étude, 51 de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) et 136 de l'Institut Universitaire de Formation des Maitres (IUFM) d'Auvergne. Concernant leur répartition selon le niveau de formation, les 39 étudiants de première année de l’UQAT ont accepté de compléter leur formulaire. Cependant, pour ceux de troisième année, seulement 12 d’entre eux sur un potentiel de 29 ont accepté de le faire. À l’IUFM d’Auvergne, 79 étudiants de première année et 57 de seconde ont collaboré à la démarche, soit l’ensemble des étudiants sollicités. Au total, une proportion élevée de 91% des étudiants a ainsi complété à satisfaction le formulaire en répondant, pour la quasi-totalité d’entre eux, à l’ensemble des items.
La méthodologie adoptée de présentation successive des expressions était susceptible d’amener les étudiants à «densifier» progressivement leurs réponses par une mise en perspective de leurs réflexions. Cela ne semble pas avoir été le cas et, en réaction spontanée aux quatre expressions, les étudiants ont développé de façon à peu près équivalente. Le nombre de mots qu’ils ont utilisés se répartit ainsi: Enfant en difficulté: 1987; Enfant à besoins éducatifs particuliers: 2104; Enfant handicapé: 2092; Enfant en situation de handicap: 2014. En ce qui concerne leur réaction à la description sommaire de la situation d’un enfant handicapé, le développement est plus imposant, soit 9097 mots. Rappelons toutefois que pour cette tâche, trois fois plus de temps leur était accordé pour consigner leurs réponses.
Approche médicale ou approche positive du handicap et des difficultés
Afin d’apprécier la présence de l’approche médicale dans le langage des étudiants, plusieurs termes ont été identifiés à même leurs propos, lesquels sont sémantiquement reliés à ceux de problèmes, de symptômes et de diagnostics. Sous Diagnostics, nous avons regroupé les mots et acronymes suivants: déficience, hyperactivité, EHDAA, TED, TDAH, TOC et Dys. Par ailleurs, le mot Besoins a été uniquement considéré sous son acception besoins de l’enfant et non sous celle de besoin d’aide pour y répondre. Le tableau 1 présente les occurrences de ces termes employés par les étudiants.

Pour tous les tableaux, les valeurs du centre correspondent à l’ensemble des étudiants, celles de gauche à ceux de l’UQAT et celles de droite à ceux de l’IUFM d’Auvergne.
On observe d’abord que trois des expressions entraînent l’utilisation des termes qu’elles comportent. Ainsi, l’occurrence du terme Difficulté est plus élevée pour l’expression Enfant en difficulté et le mot Handicap l’est davantage sous les expressions Enfant handicapé et Enfant en situation de handicap. Le terme Handicap motive le recours à une typologie de handicaps, particulièrement celui du prototypique handicap moteur, lequel étant le plus fréquemment utilisé, ce qui confirme des travaux déjà anciens (Paicheler, Beaufils, & Ravaud, 1987). Il est indiqué de souligner qu’une fréquence élevée du mot Handicap se retrouve aussi associée à l’expression Enfant à besoins éducatifs particuliers, une observation redevable aux étudiants d’Auvergne. L’expression Enfant en difficulté se distingue donc des trois autres expressions en ce qui concerne sa plus faible association avec le terme Handicap. Quant à l’occurrence du terme Besoins, il n’y a pas de différence notable inter-expressions. Cependant, on observe une distinction selon l’université, une proportion élevée de 70 % des occurrences étant observée chez les étudiants de l’IUFM.
Il est à noter qu`un usage beaucoup plus important des termes du Bloc problèmes – symptômes - diagnostics est observé en association avec l’expression Enfant en difficulté. De plus, les expressions qui spécifient la présence de problèmes inhérents à l’enfant, soit Enfant en difficulté et Enfant handicapé entrainent davantage l’emploi de la terminologie de ce bloc que les deux autres catégories, soit 318 occurrences comparativement à 223.
Alors que l’Étude de cas comporte 4,44 fois plus de mots que la moyenne des quatre expressions, on observe tout de même que l’utilisation des termes de ce bloc y est nettement inférieure. En effet, l’usage de cette terminologie est de 52,5% de la moyenne des occurrences des quatre expressions. En ramenant le total de mots utilisés dans l’Étude de cas sous le même standard de la moyenne des mots employés pour les expressions, ce résultat serait alors réduit à 16 occurrences.
Les résultats obtenus selon le pays permettent d’observer une distinction quant à la terminologie utilisée. En effet, alors que les étudiants québécois emploient davantage le mot Trouble et les termes reliés à Diagnostics et à Limite/Incapacité/…, les étudiants français se distinguent quant à eux par un usage plus abondant des termes Problème et Handicap. Le total des mots utilisés selon le pays a été pris en considération pour dégager ces constats. Bien que les étudiants québécois constituent 27,3% des répondants, ils ont tout de même cumulé 40% du total des mots employés.
Un second bloc a été constitué, lequel regroupe un ensemble de termes qui mettent de l’avant les forces et potentialités des élèves. Le tableau 2 en présente le sommaire. Pour les quatre expressions, les occurrences sont très faibles, par contre, en ce qui concerne l’Étude de cas, les termes Capacité/Capable sont fréquemment employés. En prenant en considération le total des occurrences, alors que la moyenne d’utilisation pour les quatre expressions est de cinq mots, l’Étude de cas en comporte 58, soit 11,6 fois plus que les expressions. Ramené sous le même standard du nombre moyen de mots des expressions, le total pour l’Étude de cas serait tout de même de 13,06 occurrences, donc 2,72 fois plus que la moyenne obtenue pour les expressions. Ces résultats sont donc à l’inverse de ceux observés dans le Bloc problèmes – symptômes - diagnostics. Précisons que pour l’Étude de cas, les étudiants québécois ont davantage utilisé des termes de ce bloc, soit 71% des occurrences.

Approche intra-personnelle ou contextuelle du handicap ou des difficultés
Le tableau 3 regroupe les observations colligées quant à l’occurrence de divers termes relatifs à l’aspect situationnel ou contextuel du handicap ou des difficultés. On observe d’abord que les deux expressions qui se réfèrent au handicap sont davantage associées à ce bloc, plus spécifiquement au terme Situation. Ce constat concerne toutefois davantage les étudiants de l’IUFM d’Auvergne. On note aussi la faible occurrence de cette terminologie dans l’Étude de cas. Cette observation est d’autant plus notable si on prend en considération le constat précédent et que l’étude concernait explicitement un enfant handicapé. Si on standardise ce dernier résultat selon le nombre de mots employés, l’occurrence serait même réduite à 3,15.

Considérant la centration observée sur les problèmes et la faible occurrence des termes du bloc Situation - contexte, le recours à des spécialistes pour contribuer à l’intervention s’avère d’autant plus prévisible. Quelques termes ont donc été identifiés à ce sujet dans les formulaires des étudiants et leurs occurrences sont présentées à même le tableau 3. On note d’abord que l’expression Enfant à besoins éducatifs particuliers est nettement plus associée à l’utilisation des termes de ce bloc. De plus, les étudiants québécois sont beaucoup plus portés à faire référence à cette terminologie, avec une large proportion de 75% des occurrences. En ce qui concerne l’Étude de cas, en standardisant la fréquence observée selon le nombre de mots employés, celle-ci serait réduite à 2,93.
Différenciation et inclusion/intégration
Trois termes ont été regroupés sous le bloc Différent - différenciation et leur occurrence a été appréciée. Comme première observation notable, les expressions Enfant en difficulté et Enfant en situation de handicap entrainent une utilisation plus importante des termes de ce bloc, près du double des deux autres expressions. Ce constat est quasi exclusivement à relier aux réponses des étudiants de France. Une seconde observation concerne l’Étude de cas dont l’usage de ces termes est peu élevé, notamment si on normalise le résultat obtenu sur la base standard du nombre moyen de mots utilisés en réaction aux expressions. Cet usage serait alors à 6,53 occurrences, soit 6,93 fois moins que celui de la moyenne d’occurrence des expressions.

L’utilisation de quelques termes relatifs à l’inclusion/intégration a aussi été considérée. Cette analyse a permis d’observer que les expressions Enfant à besoins éducatifs particuliers et Enfant handicapé y sont davantage associées, une observation largement redevable aux réponses des étudiants de France. Le recours aux termes inclusion et intégration explique une large part de ce constat. En ce qui concerne l’Étude de cas, l’utilisation des termes de ce bloc est relativement élevée, mais une fois standardisée selon le nombre de mots employés, son occurrence chute à 18,92.
Un dernier bloc a été constitué, lequel regroupe différents termes relatifs à l’aide ou à l’intervention à mettre en œuvre au profit de l’enfant. Le tableau 5 présente leur occurrence. Une première observation concerne un usage plus élevé associée à l’expression Enfant en difficulté. Ces termes sont toutefois moins utilisés pour l’Étude de cas. En effet, une fois standardisée selon le nombre de mots utilisés, cette occurrence ne serait que de 21,85. Quant aux résultats selon le pays, il apparaît que les étudiants québécois se distinguent surtout par un usage plus important de ces termes sous l’expression Enfant à besoins éducatifs particuliers.

Les termes Aide et support regroupent les mots Aide, support, soutien, appui et suivi, alors que Attitudes positives concerne l’occurrence des mots encouragement, patience, compréhension et respect.
Pour l’ensemble des sept blocs, les deux tâches confondus, 1825 termes ont été identifiés. Deux blocs se démarquent notablement, soit ceux de problèmes – symptômes - diagnostics et d’aide - intervention qui en ont cumulé 61%, soit respectivement 612 et 501 observations. Soulignons aussi qu’avec 78, 93 et 105 occurrences, les blocs forces – capacités – talents, référence à des spécialistes et situation – contexte ne comptent que pour 15% de l’ensemble des occurrences. Avec respectivement 210 et 226 observations, les blocs différent – différenciation et inclusion – intégration occupent une position intermédiaire, avec un total de 24% des observations.
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