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L’OSTÉOPATHIE CRÂNIO-SACRÉE UNE NOUVELLE APPROCHE ÉNERGÉTIQUE DU VIVANT Quelle définition peut-on donner de l’ostéopathie crânienne ? C’est essentiellement une approche pratique, manuelle, palpatoire, “transmanuelle”, devrait-on dire, qui permet de percevoir et d’utiliser l’expression dynamique, dans l’espace anatomique, des formes et des forces de vie, dans le but de rétablir l’équilibre éventuellement rompu de leur physiologie, lequel conduit à la maladie en l’absence de traitement spécifique. Avant de reprendre les principaux termes de cette définition, pouvez-vous nous indiquer les origines historiques de cette approche de la maladie ? Si l’histoire de cette médecine, car il s’agit bien d’une médecine à part entière, est encore récente, sa signification, ses implications et applications sont immenses, universelles, révolutionnaires. Elle est née de l’observation, de la réflexion et de la pratique de deux médecins américains du siècle dernier et de leurs élèves : A.T. Still et W.B. Sutherland. Peu suivie et comprise par leurs confrères au début, elle s’est développée progressivement sur place et dans certains États, plus ou moins combattue et occultée par les structures officielles. Introduite récemment en Europe (France et surtout Grande-Bretagne), elle a souvent été dénaturée par les élèves et successeurs des deux pionniers, ceux-là n’ayant pas toujours respecté ou saisi le message. Sur quelles bases théoriques repose cette médecine ? C’est à travers les tâtonnements d’une pratique quotidienne et l’approfondissement des techniques manuelles utilisées que ces bases sont venues étayer progressivement les démarches intuitives et les réflexions sur l’anatomo-physiologie du corps humain. Le fait de constater dans certaines conditions palpatoires qu’il existe une impulsion rythmique spécifique perceptible au niveau de la boîte osseuse crânienne bouleverse toutes les idées reçues en anatomie encore actuellement. C’est un fait que tout un chacun, après un effort minime d’attention, peut constater sans difficulté. Ce qui implique que les os de cette boîte ne sont pas soudés entre eux ainsi que l’enseignent les anatomistes classiques, mais admettent des micro-mouvements réciproques au niveau des sutures. Cela est déjà assez révolutionnaire en soi, mais aussi assez logique.... À quoi serviraient ces structures si elles ne devaient pas permettre un certain jeu articulaire ? Ainsi, le crâne “respire”...... (inspir, expir). Et cela a été démontré aux États Unis par des enregistrements expérimentaux. Ceci est la donnée princeps sur laquelle repose cette médecine : il existe un rythme biologique spécifique qui anime les structures crâniennes, perceptible à la palpation, de fréquence comprise normalement entre 8 et 14 par minute, indépendant des rythmes cardiaque et respiratoire.. C’est ce que l’on appelle le “mouvement respiratoire primaire”, primaire parce qu’involontaire, par opposition aux rythmes secondaires sur lesquels la volonté peut agir ( dans certaines conditions toutefois pour le rythme cardiaque) Qu’entendez-vous par approche transmanuelle ? Ceci fait partie de la technique d’approche. C’est une palpation douce, profonde, qui fait appel à la sensibilité tactile “proprioceptive” et qui doit, par l’attention aiguë et impersonnelle qui la guide, dépasser son instrument manuel. Ne faire qu’un avec le patient......... Palpation subtile et attentive, globale et sélective,visualisation de l’anatomie et de la physiologie des structures en mouvement sont indispensables à cette pratique. Elles supposent une connaissance précise de ces structures et de leurs relations dans l’espace et le temps. Beaucoup de pratique, de patience et de détachement sont ici nécessaires. Quelle est l’origine biologique du mouvement respiratoire primaire et quelles sont ces structures en mouvement ? Beaucoup d’entre nous pensent que cette “respiration” est due aux mouvements d’expansion et de rétraction rythmiques des milliards de cellules nerveuses de l’encéphale qui respirent comme tout ce qui vit. Ce mouvement, initié par la puissance du liquide céphalo-rachidien est transmis aux membranes crâniennes (pie-mère, dure-mère) et donc aux os du crâne auxquelles elles adhérent en partie ; c’est ainsi que ce mouvement est perçu grâce aux structures articulées de ces derniers. Nous avons,ainsi, mis en place les éléments du “mécanisme crânien”, grâce auquel le praticien peut travailler : le liquide céphalo-rachidien, la respiration cellulaire cérébrale, les membranes (en tension réciproque mais non élastiques) et les os du crâne, auxquels il faut ajouter le mouvement du sacrum entre les ailes iliaques (bassin). Quant aux renseignements fournis par l’écoute de ce mécanisme, ils sont à la base du diagnostic et du traitement, et ces deux démarches, toujours palpatoires, sont liées dans le temps. En effet, ces structures osseuses, animées par le rythme de base (dont la fréquence anormale en plus ou en moins, implique une pathologie souvent sérieuse) construisent dans l’espace anatomique des figures géométriques dynamiques, du fait de l’axe directionnel spécifique de mouvement des os crâniens qui “fonctionnent” en synchronisme. Ces “figures” qui évoluent sous les mains du praticien, prennent des formes précises qui constituent autant de tests diagnostics et de supports thérapeutiques : on les appelle des “schémas” (flexion--extension, latéro-fléxion- rotation, décalage, torsion). Ces schémas sont naturellement libres, fluides, harmonieux au sein du rythme de base, ils sont physiologiques. Mais s’ils sont déformés, restreints dans leur expression, déséquilibrés, faussés en quelque sorte, ils prennent le nom de “lésions”, et c’est la lésion ostéopathique proprement dite, qu’il s’agit de réduire ou de dissoudre. Celle-ci se traduit, par ailleurs, par un aspect commun particulier : “la compression”, perçue comme un noyau dur, immobile, hostile d’énergie bloquée, concentrée, qui retentit sur l’ensemble du mécanisme. Ces schémas ou ces lésions sont-ils perçus uniquement au niveau de la palpation crânienne et pourquoi parle-t-on d’ostéopathie crânio-sacrée ? En fait, le mouvement respiratoire de base et les schémas d’origine crânienne dont nous avons parlé sont transmis directement à l’axe rachidien et au sacrum qui le termine à son extrémité inférieure, par l’intermédiaire du manchon membraneux qui entoure le névraxe et fait suite en continuité aux membranes crâniennes. Ainsi est-il perçu tout au long de cet axe de la même façon, avec un très léger retard, le temps de la transmission. Au-delà de cet axe crâne-rachis-sacrum, les fascias, membranes conjonctives qui tapissent tous les tissus de l’organisme, viscères, muscles, nerfs, artères, lymphatiques, etc..., sont en continuité avec les membranes crâniennes précitées, véhiculent le liquide céphalo-rachidien et transmettent ce mouvement et ces schémas jusqu’aux extrémités. Si bien que toute lésion d’origine crânienne peut être perçue en tous points de l’organisme, et toute situation anormale périphérique peut retentir au niveau de la sphère crânienne pour les mêmes raisons. La tension de ces membranes répercute à tous les niveaux une déformation à distance et orchestre les répartitions rythmiques inégales possibles du liquide céphalo-rachidien. Cet ensemble d’animation rythmique orienté et structuré fait du corps une unité fonctionnelle. Et l’on conçoit ainsi les conséquences de telles déformations sur la physiologie en général, ces pressions anormales, inégalement réparties, pouvant peser sur le système nerveux, musculaire, lymphatique, articulaire, osseux, glandulaire, sur un viscère, etc... Avant d’en arriver à la pathologie accessible précisément à cette médecine, peut-on avoir une idée de l’approche thérapeutique ? Comme nous l’avons dit, elle est essentiellement palpatoire dans l’esprit indiqué. La démarche diagnostique constitue déjà un traitement. Il s’agit simplement de soutenir les tissus en mouvement, de les suivre attentivement, sans les forcer en rien, en leur donnant un appui circonstancié, transmanuel, adapté à chaque situation jusqu’à un point d’auto-résolution, appelé point “d’immobilité”. A ce point où s’arrêtent les mouvements soutenus et suivis avec cette qualité particulière de palpation, les tissus semblent s’immobiliser, le rythme de base parait s’atténuer, un certain temps, le temps de “compression” ; puis survient, toujours soutenu et apprécié par le praticien, un relâchement, une “respiration” plus large, plus libre, plus heureuse. Cette démarche thérapeutique pourrait être une illustration de l’attitude du Wei Wu Wei “faire sans faire” des taoïstes chinois, ou de celle qui caractérise la technique des arts martiaux japonais (judo) laissant venir ‘l’adversaire” jusqu’à son point de moindre résistance... Il est impossible ici de préciser l’ensemble des démarches thérapeutiques propres à cette approche. L’art consiste aussi à savoir jusqu’où il ne faut pas aller trop loin.....; d’autant qu’il y a des lésions à respecter : nous pourrons revenir sur cette question. Naturellement, il est entendu que l’on a travaillé pendant tout ce temps par l’intermédiaire des éléments du mécanisme déjà indiqués. C’est la décision des tissus qu’il faut savoir respecter et cela exige à tout instant compétence, expérience et sensibilité. C’est là véritablement un travail de professionnel. Quelles sont donc les maladies que cette médecine peut traiter ? Il faut d’abord évoquer les processus physiologiques de constitution d’une lésion ostéopathique ainsi comprise. C’est-à-dire ce qui peut la provoquer. L’harmonie des structures anatomiques en mouvement ainsi décrite peut être perturbée par toute force brutale, violente ou longtemps appliquée dans des conditions anormales. Ainsi un choc traumatique accidentel (accident de voiture, de sport, chute, etc...) qui déplace dans une direction donnée, en un point donné l’ordonnance du mécanisme et le bloque dans cette direction, déforme les schémas physiologiques et retentit de toutes façons sur l’ensemble des éléments. Cela peut également arriver lors de la naissance, où les os du nouveau-né, aux structures encore très lâches, subissent souvent une pression inégale, violente, en “tire-bouchon” (inversé) dans le défilé ostéo-musculaire du bassin de la mère ( lui-même éventuellement déformé ou serré) ; ainsi est réalisé ce que l’on appelle une “lésion de naissance”. Une lésion acquise peut se surajouter à la lésion de naissance, compliquant la disharmonie. Ces lésions de naissance, si elles ne sont pas traitées précocement s’inscrivent dans le tissus, “s’organisent” et sont ultérieurement plus difficiles à dissoudre, gênant le développement normal de l’enfant, limitant certaines fonctions - particulièrement celles qui dépendent directement du système nerveux, des neuro-endocrines telle l’hypophyse, déterminant toutes sortes de pathologies ( déséquilibre neuro-végétatif, troubles neurologiques, infections, allergies, troubles hormonaux) ou affectant le développement psychomoteur et staturo-pondéral, etc... diminuant les défenses naturelles de l’organisme. Ces petits crânes bloqués peuvent être au maximum responsables de la situation dramatique des handicapés moteurs avec paralysies, contractures, troubles psychiques et du développement. C’est dire l’importance de cette approche pour le rééquilibrage de la mère avant et après l’accouchement, et pour celui du nourrisson dès que possible. Toute pathologie infantile devrait être explorée par cette médecine. Dans les suites des traumatismes accidentels, outre les handicaps fonctionnels, des syndromes subjectifs dépressifs et psycho-affectifs prolongés peuvent survenir, particulièrement dans les chocs crâniens, entraînant de fréquentes désinsertions socio- professionnelles ; seul, bien souvent, le traitement ostéopathique peut alors agir. Ces distorsions des éléments du mécanisme crânio-sacré, étendu à toutes les régions et fonctions de l’organisme peuvent entraîner des troubles articulaires, nerveux, névralgiques ( céphalées, migraines, névralgies cervico- brachiale, lombosciatiques, etc...), psychiques , viscéraux (sphère digestive, pulmonaire, génito-urinaire, cardio-vasculaire), neuro-glandulaires, etc.... Et ce traitement est véritablement alors celui de la cause et peut le plus souvent apporter une solution souvent définitive, ou à tout le moins contribuer à améliorer sérieusement la situation si celle-ci est grave et ancienne. Il y a naturellement des cas où il faut savoir faire appel aux autres techniques médicales ; reconnaître ce qui n’est pas justiciable de cette médecine relève de la compétence et de l’honnêteté du praticien. Mais nous pensons que outre les séquelles des traumatismes physiques, les chocs psychiques et certaines atteintes cellulaires profondes sont à l’origine de pathologies accessibles à cette médecine, en principal ou à titre d’appoint, car ils déforment aussi l’ordonnance du mécanisme ( à condition d’aller chercher assez profondément cette déformation). En vérité, toute situation pathologique où le diagnostic ostéopathique décèle un trouble quelconque du mécanisme crânio-sacré, en quelque point de l’organisme que ce soit, est justiciable de cette médecine, avec de grandes chances d’efficacité à plus ou moins longue échéance. Précisément, quels sont les résultats et le délai habituel d’obtention de ceux-ci ? Cela dépend évidemment de la gravité et de l’ancienneté de la pathologie en cours. Dans les cas récents, les résultats sont généralement rapides voir spectaculaires, mais il faut tenir compte des événements traumatiques antérieurs, éventuellement des lésions de naissance, et dans ce cas il faut savoir patienter ; en effet, ce sont les tissus du patient qui se restaurent eux-mêmes selon leurs possibilités de récupération naturelle, grâce à l’aide palpatoire apportée par le praticien, et ils prennent pour ce faire le temps nécessaire. Ce sont les maîtres du ballet...... Mais quelles que soient les circonstances, il y a toujours un gain pour la physiologie et le confort du patient, dans la mesure où le praticien connait son métier et où les tissus de celui-là sont capables de réaction. Dans les situations désespérées même, si l’on agit avec grande délicatesse et subtilité, cette réaction peut toujours être sollicitée avec bénéfice. D’autre part, il faut connaître l’existence de réactions physiologiques au traitement. Ces réactions sont généralement précoces, dans le sens habituel des symptômes pour lesquels le patient est venu consulter et durent peu, une demi à une journée. Les nouvelles conditions proposées au mécanisme par le traitement réveillent ou exacerbent momentanément les manifestations antérieures ou actuelles, car les habitudes qu’il a prises pour s’adapter à la situation dans laquelle la pathologie l’a placé sont contrariées, et ce changement entraîne une réaction. C’est tout à fait logique, sans gravité et normal. Mais, lorsqu’une réaction est excessive, prolongée, il s’agit selon toute vraisemblance d’une erreur de technique : une palpation trop “structurale”, trop appuyée, cherchant à forcer une résistance sans tenir compte des besoins ou des désirs des tissus, sans se soumettre entièrement à leurs indications, ou d’une erreur de stratégie thérapeutique. Parfois aussi la condition particulièrement fragile et réactive des tissus du patient peut intervenir dans l’apparition de réactions tardives ou prolongées. Nous avons déjà évoqué les lésions à respecter.... En effet, certaines lésions anciennes, servent d’appui pour un accommodement au mieux des tissus à une condition difficile et constituent une sorte de “béquille”. Si cette béquille est retirée trop tôt, les tissus non encore stabilisés par ailleurs s’éffondrent dans le désordre et s’en plaignent bruyamment. Il faut procéder par étapes, et ne supprimer la béquille que lorsque “ la jambe a repoussée”...! Les symptômes évoqués par le patient et l’examen classique sont-ils indispensables au diagnostic et au traitement ostéopathique ? Ici, tout au plus, ont-ils une valeur d’orientation. Les circonstances de la naissance, la relation des événements traumatiques physiques ou psychiques plus ou moins répétés, l’observation des disharmonies corporelles évidentes (fixation anatomique d’un schéma faussé), focalisent l’attention du praticien sur telle ou telle région, sur telle ou telle fonction. Mais le critère fondamental repose en fait uniquement sur les renseignements fournis par l’état du mécanisme “ausculté” de la manière précédemment évoquée. D’autant que l’examen clinique et l’interrogatoire risquent de faire appel aux réflexes conditionnés du thérapeute, lequel suppute, déduit, induit et .... se fourvoie totalement. C’est une pratique palpatoire diagnostique et thérapeutique qui récuse tout raisonnement orthodoxe classique et place sa confiance entière dans le savoir inné des tissus et des cellules, lesquels connaissent intimement la condition de leur rééquilibre. Cette condition est indiquée au thérapeute, il suffit de la respecter. C’est une école de l’humilité et de l’obéissance. Il y faut une certaine connaissance, bien entendu. Il n’y a donc aucune relation entre cette ostéopathie et les autres techniques connues de reposition articulaire telles la vertébrothérapie ou la chiropraxie ? En effet, il n’y a aucun rapport entre elles quant aux techniques pratiquées par l’une ou par les autres. La première fait appel à une palpation subtile, proprioceptive dite “fonctionnelle”, qui suit fidèlement et uniquement les indications données par un mécanisme rythmique et orienté de formes et de forces structurant l’espace anatomique et le fonctionnement du corps. Les autres font appel, à des degrés divers, mais toujours, à une certaine force de la part du praticien, à des leviers mécaniques face à des dérangements articulaires diagnostiqués selon des repères physiologiques et anatomiques classiques d’ordre “mécanique”. Dans le premier cas, c’est de la part du praticien une collaboration intime, attentive, en forme de soutien mobile et adapté, fidèle aux conditions dictées par le mécanisme et reconnue comme telles ; c’est une coopération inconditionnelle avec le dynamisme rythmique des forces et structures orientées que constitue le mécanisme. Dans le second cas, c’est une “opposition” plus ou moins dirigée volontairement et assez aveuglément à ces mêmes forces, même si la technique est parfaite et s’il est dit que l’on “va dans le sens de la lésion”... Il n’y a pas non plus de commune mesure entre la signification générale de l’ostéopathie crânio-sacrée et la problématique des autres. Le patient perçoit-il lui-même son mécanisme crânio-sacré et doit-il adopter une attitude particulière pendant le traitement ? Certains de nos patients peuvent, en effet, percevoir les différents mouvements de leur mécanisme, mais cela n’a pas d’incidence sur le traitement. S’agissant de phénomènes indépendants de la volonté, son attitude consciente ne peut l’influencer. L’immobilité physique du patient ainsi que l’observation du silence par contre est une condition favorisante pour faciliter le travail du praticien. Et, à ce sujet, il est évident qu’en raison de la subtilité de la palpation et de l’attention nécessaire, ainsi que de la précision des points d’appui, il est plus difficile de traiter des enfants en bas âge qui n’apprécient pas toujours la palpation du crâne et expriment violemment et bruyamment leur désapprobation. Il faut alors encore plus d’attention profonde et d’adaptation. Cette médecine réclame-t-elle du praticien des dons particuliers, et y a-t-il intervention dans ce traitement de formes d’énergie tel le magnétisme ? C’est là une question importante. Car de même, comme nous l’avons dit, que le raisonnement analytique n’a pas à intervenir dans ce traitement, de même il est nécessaire d’affiner sans cesse une palpation et une attention “transparentes”. C’est le fruit d’une attitude mentale, d’une longue pratique et d’un certain dépouillement. Mais si certaines dispositions d’esprit et remises en question radicales sont indispensables, aucun don particulier n’est requis du praticien, dans le sens de celui que l’on accorde au “guérisseur”. Et il ne s’agit aucunement de transmission d’énergie du type “magnétisme” utilisé à des fins thérapeutiques. Cela d’ailleurs réduirait à peu de chose l’importance de l’approche technique que nous avons décrite. Naturellement, il peut y avoir de tels transferts inconscients selon les patients et les praticiens, mais cela n’est pas recherché et ne fait pas partie de l’approche en question. Concernant ce problème, pourquoi parlez-vous d’approche énergétique du vivant à propos de l’ostéopathie crânio-sacrée ? Il est plus facile de percevoir l’énergie que de l’expliquer. La pratique de cette médecine donne la sensation de manipulation énergétique dans la mesure où tout est mouvement, rythme et fluctuation de formes et de forces, même lors des moments d”immobilité”. Il est impossible de définir l’énergie mais on peut l’expérimenter : l’énergie ne peut être cernée par l’intellect mais seulement perçue au niveau de ces manifestations. La science contemporaine, rejoignant ici la tradition a conduit avec la célèbre formule d’Einstein à établir l’équivalence de la matière et de l’énergie. Il est possible de traduire cette conclusion mathématique qui introduit dans l’expression physique de notre monde sensible une quatrième dimension - le temps - en avançant que la matière est de l’énergie plus ou moins condensée, “incarnée”, et l’énergie de la matière plus ou moins subtile, “subtilisée”... La tradition extrême-orientale affirmait la même chose à travers un langage différent, il y a 3000 ans : pour la cosmogonie chinoise, le ciel et la terre, le temps et l’espace, l’énergie et le sang, sont des équivalences énergie-matière; cette équivalence est constitutive de la “manifestation”: c’est le INN YANG que l’on conçoit comme les deux aspects nécessaires et suffisants de la réalité sensible, aspects opposés, complémentaires, alternants et interpénétrés. Peut-être est-ce en définitive une question de fréquence vibratoire et les niveaux énergétiques seraient ainsi hiérarchisés, s’exprimant selon les cas sur un mode ou un autre, jusqu’au mental pris dans le sens de “spirituel” que lui attribuent les mystiques orientaux. Ceux-ci sont d’ailleurs actuellement rejoints par certains physiciens quantiques modernes à ce propos. Dans cette mesure et selon le degré d’évolution du praticien, l’accès à des niveaux énergétiques de plus en plus fins au niveau du vivant peut sans doute être progressivement ouvert, jusqu’à pénétrer l’intimité cellulaire et la pulsation vitale primordiale avec, bien entendu, d’autant plus d’humilité et d’”amour”; l’efficacité mais aussi la responsabilité s’accroissent proportionnellement à mesure que l’on avance dans cette voie. Mais, avant d’en arriver là, il est à notre avis possible d’accéder à un certain niveau d’appréhension de ce couple matière-énergie, à ce niveau où l’occultisme traditionnel place le corps éthérique ou énergétique, si l’on admet la réalité de celui-ci. Certains scientifiques modernes expérimentent ce niveau (“bioplasma”, électro-luminescence, etc...). A ce propos, quelle relation y a-t-il à votre avis entre l’énergie considérée dans le contexte ostéopathique et celle que l’acupuncture ou le yoga sont sensés “manipuler” ? Si l’ostéopathe a le sentiment de manipuler et de soutenir un système structure-fonction où les niveaux de l’énergie et de la matière interfèrent dans l’espace et le temps, d’autres techniques “énergétiques” sont réputées pour manipuler également une certaine forme d’énergie. Pour celles-ci, cette dernière circule en suivant certains “chemins” anatomiques et peut être influencées par des techniques diverses. En médecine chinoise, cette circulation au niveau de canaux répertoriés et répartis dans l’espace anatomique peut être entravée pour diverses raisons, entraînant la maladie, et peut être rééquilibrée par les aiguilles d’acupuncture ou d’autres moyens tels les moxas, la diététique, la gymnastique taoïste, etc... Il s’agit ici de l’énergie telle que la conçoivent les Chinois : le “Qi”. Dans la pratique du Yoga, les postures du Hatha-yoga, les techniques respiratoires du prânâyâma, les techniques de méditation et de direction de l’énergie du yoga tantrique (proche des techniques taoïstes), dirigent, équilibrent, affinent, manipulent aussi une certaine énergie. Celle-ci est d’ailleurs également répartie, selon l’Inde antique, au niveau de divers canaux : les “ nâdis”, et se concentre à certains carrefours bien connus des pratiquants : les chakras. Le corps énergétique du yoga s’appparente comme le Qi chinois au “corps éthérique” de la tradition occidentale, et les deux traditions orientales (quasi contemporaines) font intervenir l’interférence et l’interpénétration des niveaux hiérarchisés du corps énergétique et de la pensée (Thérèse Brosse parle de conscience-énergie). Sur un plan pratique et pour donner une image - ce n’est qu’une image - on pourrait, au niveau du corps humain assimilé artificiellement à un robot, comparer grossièrement, dans l’animation de ce dernier, l’acupuncture au circuit électrique ou électronique avec ses relais et centres de commande, et l’ostéopathie aux structures en mouvement qui en font un mobile de simulation et à la source première de l’impulsion énergétique. Encore une fois, c’est ici un “modèle” très grossier. En effet, tout est lié dans le vivant et une mécanique même sophistiquée et “informatisée” n’est pas la vie. L’information précisément, qui s’échange entre le patient et le praticien dans cette approche est à chaque instant et dans l’instant actualisé, harmonisée. C’est implacablement et irréfutablement à ce niveau la nécessité de “l’ici et maintenant”... Dans l’unité fonctionnelle qu’est l’organisme vivant, les lois de la mécanique sont “transcendées” et si l’on veut ( et l’on doit) “agir sans agir”, il faut suivre certains chemins de l’énergie. Oui, et aussi pour soi-même un certain chemin... Quelle signification générale attribuez-vous à cette “révolution dans l’art de soigner” et quel est, selon vous, l’avenir prévisible de cette dernière ? Il n’est pas besoin de dire après ces quelques réflexions que l’ostéopathie crânio-sacrée est une médecine préventive, dans le vrai sens du terme, c’est-à-dire qu’elle détecte les troubles fonctionnels avant qu’ils ne s’organisent en lésions et rétablit leur équilibre. Elle est aussi, on l’a vu, curatrice dans le vrai sens du terme, c’est à dire qu’elle cherche et atteint autant que faire se peut la cause des causes... Elle débloque des situations qui compromettent l’avenir fonctionnel et organique du malade et rendent son présent pour le moins inconfortable. Nombre de ces situations ne sauraient être résolues autrement que par elle. A la fois physique et “spirituelle”, elle ne ressemble qu’à elle-même dans sa technique et son principe... Ses implications biologiques et médicales, éthiques, métaphysiques ressortent suffisamment de ce que nous avons dit. C’est une médecine de caractère véritablement “holistique” pour utiliser un terme à la mode, qui signifie qu’elle s’adresse à la totalité de la l’individu. Et c’est bien la vie qui est ici entre nos mains, forte et fragile à la fois, dans sa forme la plus subtile et la plus expressive. Cette pratique nous incite à beaucoup de connaissance, de subtilité et d’humilité: l’erreur serait de ne pas adhérer, de ne pas participer, de ne pas “coïncider”. C’est la responsabilité de cette médecine et c’est une aventure difficile, essentielle et merveilleuse. L’erreur serait aussi de ne pas la faire connaître. Par la “force des choses” elle sera l’une des médecines de demain, comme le “XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas”. Mais il faut descendre tout au fond de la matière pour trouver le noyau d’énergie qui la sous-tend et rejaillit sur celui qui la sollicite, et alors quelque chose est changé... La spirale descendante contient en elle-même sa propre rédemption, l’involution appelle l’évolution, l’inspir appelle l’expir partout et toujours... par le fait du principe de nature. Et il ne faut pas se leurrer, cette voie si royale soit-elle, est malaisée et semée d’embûches qui sont autant de dangers et d’obstacles pour l’efficacité. Ceux-là ne s’évitent qu’avec l’expérience quotidienne, l’honnêteté et la compétence : “Il est dur de quitter les lois familières et présentes pour retourner aux anciennes, car les apparences sont délicieuses et l’invisible est incroyable...” Il y a, avant le Ciel et après le Ciel, comme disent les Chinois, il y a la réalité et l’apparence. Nous sommes à l’époque charnière : le temps du “changement”; il faut participer au retournement... C’est le travail, la joie - la douleur aussi - et la récompense de l’ostéopathe, spéléologue conscient des tissus, des humeurs, des rythmes de la vie, le “médecin des profondeurs”. Docteur François BIBAULT - 34, Avenue d’Eylau, 75116 PARIS fbibault@wanadoo.fr +33 1 45 53 03 09 +33 6 09 18 81 80 |
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