Diarrhees chroniques du nourrisson et de l’enfant dr Pierre kuhn dr Florence donnars





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date de publication27.07.2019
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DIARRHEES CHRONIQUES DU NOURRISSON ET DE L’ENFANT



Dr Pierre KUHN Dr Florence DONNARS




Service de pédiatrie 2 Service de Pédiatrie 1


Hôpital de Hautepierre

CHRU Strasbourg



Diarrhées chroniques




La diarrhée représente un symptôme digestif particulièrement fréquent chez le nourrisson et l’enfant. Cependant sa survenue, malgré cette apparente banalité, peut se compliquer d’un risque évolutif grave avec possibilité de déshydratation dans sa forme aiguë et de retentissement nutritionnel dans sa forme chronique. Ainsi, même si l’étiologie d’une diarrhée chronique (DC) est le plus souvent « fonctionnelle » dans le cadre d’une colite bénigne ( ou « colon irritable ») sans retentissement général, la démarche diagnostique et la prise en charge thérapeutique de la DC doivent être rigoureuse afin d’identifier les origines

« organiques » et d’éviter l’évolution vers une dénutrition.


I- Diagnostic positif



A- Caractère diarrhéique des selles



Il peut s’agir soit d’une :

  • augmentation du nombre de selles ( > 1 à 3 /j en cas d’allaitement artificiel, > 4 à 6 /j en cas d’allaitement maternel)

  • augmentation du volume ou mieux du poids des selles recueillies sur 3 jours ( >20 g/kg/j chez le nourrisson ou > 200 g/j chez l’enfant)

  • anomalie de l’aspect des selles (hydriques, liquides, graisseuses ou glairo-sanglantes)



On éliminera de cette définition les fausses diarrhées des constipations chroniques : selles dures avec parfois fécalomes alternant avec des selles liquides parfois associées à une perte de continence fécale ( encoprésie sous-jacente)


B- Caractère chronique de la diarrhée



Une diarrhée est qualifiée de chronique lorsqu’elle excède une durée de 3 semaines. Cependant l’évolution n’est pas toujours continue d’un seul tenant et la diarrhée n’est pas toujours cliniquement au premier plan.

Un diagnostic de DC peut donc et doit aussi être envisagé et recherché dans les situations suivantes :


  • diarrhée aiguë se prolongeant ou rechutant à la réintroduction d’une alimentation normale

  • anomalies de la croissance pondérale et/ou staturale

  • signes isolés de carence nutritionnelle ( anémie, trouble de la maturation osseuse)

  • signes digestifs associés à la diarrhée et au premier plan (douleurs abdominales, ballonnement, vomissements, …)



II- Evaluation clinique du retentissement de la DC



Elle doit être systématique et réalisée d’emblée afin d’orienter vers une étiologie plutôt «fonctionnelle» sans retentissement, ou plutôt «organique» avec retentissement nutritionnel.
Cette évaluation est basé sur :


  1. Etablissement des courbes de poids, taille et périmètre crânien (PC)




  1. Evaluation du développement pubertaire chez le grand enfant et l’adolescent




  1. Appréciation du développement psychomoteur et du comportement




  1. Evaluation de la masse maigre ( musculaire) :

- Rapport périmètre brachial(PB)/périmètre crânien (PC) chez le

nourrisson (normale > 0.3)

- Recherche d’amyotrophie


  1. Evaluation de la masse grasse

- Epaisseur du panicule adipeux

- Mesure du pli cutané tricipital


  1. Recherche de signes carentiels chroniques :

- anomalies des phanères (ongles cassants, peau sèche, cheveux terne)

- Amyotrophie (surtout proximale)

- Infections fréquentes

- Signes de rachitisme (nouures métaphysaires,…)

- Anémie (pâleur cutanéo-muqueuse, tachycardie, souffle anorganique)

III- La colite bénigne
A- Epidémiologie

Il s’agit de la première cause de DC chez l’enfant. Elle touche les nourrissons et les jeunes enfants entre 6 mois et 4 ans avec un pic de fréquence maximale autour d’1 an. Elle débute souvent après un phénomène aiguë ( diarrhée aiguë, antibiothérapie )
  1. Clinique



Elle se présente comme l’ émission de selles plus ou moins liquides contenant du mucus et des aliments non digérés, à la fréquence d’environ 4 à 6 selles/jour. La première selle matinale est souvent normale, et l’aspect peut être variable dans la journée et dans le mois. Habituellement, la symptomatologie se résume à cette présentation. Il n’y a, dans la plupart des cas, pas de douleurs abdominales hormis de rares aérocolies douloureuses. A l’examen somatique le ventre est souple, la tolérance et l’état nutritionnel sont bons avec une croissance staturo-pondérale préservée. L’enquête alimentaire révèle 3 fois sur 4 des erreurs de régime avec introduction trop précoce de certains aliments ou des régimes déséquilibrés (hypo-lipidique ou hypercalorique ou hyper-protidique).

  1. Examens complémentaires



Bien que le diagnostic de colite bénigne doit être considéré comme un diagnostic d’élimination, aucun examen complémentaire invasif n’est à réaliser. Une surveillance clinique est cependant à instaurer et vise à surveiller la persistance d’un bonne croissance ultérieure et à s’assurer qu’une cause « organique » débutante n’a pas été négligée.

  1. Traitement



La simple corrections des erreurs diététiques amène souvent l’amélioration voire la guérison des symptômes. Il faut donc éviter les aliments provocateurs et rééquilibrer la part des différents nutriments ( glucides, lipides et protides). Cette adaptation nutritionnelle doit être compléter par une prise en charge psychologique ( dédramatisation et réassurance).
IV- Examens complémentaires
Devant une DC d’allure « organique », avec retentissement clinique, des examens complémentaires sont a réalisés afin de :
- Evaluer le retentissement

- Etudier les fonctions de digestion et d’absorption

- Etudier la motricité digestive

- Orienter vers une étiologie précise
A- Evaluation du retentissement



  • Numération formule sanguine ( anémie ?)

  • Electrophorèse des protides sanguins ( Hypoalbuminémie ? Hypogammaglobulinémie ?).

  • Dosage des vitamines liposolubles : vit K ( apprécié par le Taux de prothrombine), A, E  (y a-t-il une carence ? ).

  • Bilan phosphocalcique : phosphatase alcaline, calcémie, âge osseux (radio).

  • Dosages des vitamines (folates) et des oligo-éléments.

B-Etude de digestion et de l’absorption



 des sucres :

- recherche de sucres réducteurs dans les selles

- test au D xylose pour étude de l’absorption ( mesure de la xylosémie 1 heure après une dose de charge orale de 5 g de xylose, pathologique si xylosémie < 20 mg/100 ml)

 des graisses :

- stéatorrhée sur trois jours ( normal 2 g/24h de 1 an à

la puberté, pathologique si >3.5 g/24h)

 des protéines :

- créatorrhée

- clairance de l’-1 antitrypsine pour rechercher une exsudation 

 étude histologique de la muqueuse (biopsie du grêle)
C-Etude la de motricité digestive
 Test au rouge carmin
D-Examen a visée étiologique précise


  • Endoscopie haute et basse avec biopsie

  • Imagerie (radio, transit, écho )

  • Examens immunologiques

  • pH des selles

  • Examen coprologique et parasitologique des selles

  • Test de la sueur

  • Biologie moléculaire.


La prescription d’examens complémentaires est bien sûr sous tendue par la suspicion diagnostique.

V- Principales étiologies et leur prise en charge



  1. Intolérance aux protéines de lait de vache (IPLV)




  1. Epidémiologie


Elle touche autant les filles que les garçons. Son incidence est variable de 0.3/1000 à 6 % selon les études, mais peut atteindre 23% chez les enfants nés de parents atopiques. En dehors de ce terrain atopique familial prédisposant, il n’y a pas de marqueur génétique ni HLA particulier.



  1. Physiopathologie


Le lait de vache contient 3.2 g/100ml de protéines ( soit environ 3 fois plus que le lait de femme). Ces protéines sont constituées à 80% par la caséine et à 20% par les protéines du lactosérum ( lactoglobuline,  lactalbumine, lactoferrine, immunoglobulines,..). Toutes ces protéines sont allergisantes, même si la lactoglobuline (absente du lait humain) est considérée comme la plus antigénique.
L’IPLV traduit une rupture de l’équilibre entre les phénomènes

d’immunotolérance aux protéines passant la barrière digestive et des phénomènes de réaction antigénique. Différents mécanismes d’hypersensibilité (types I, III et IV de la classification de Gell et Coombs) expliquent la grande variabilité des délais de survenue et des types de symptômes rencontrés dans l’IPLV :

  • dans le type I (hypersensibilité immédiate) : allergie cutanée (urticaire, érythème péribuccal), allergie respiratoire (toux spasmodique, dyspnée),allergie digestive ( vomissements), choc anaphylactique.

  • dans le type III ( phénomène d’Arthus avec complexe immuns) : colite et gastroduodénite hémorragique.

  • dans le type IV (hypersensibilité retardée) : tableau de DC avec retentissement pondéral rapide du à une atrophie villositaire plus ou moins sévère apparue dans les semaines suivant l’introduction des PLV.

L’apparition de phénomènes d’allergie est plus fréquente chez le

jeune nourrisson du fait de l’immaturité des phénomènes de digestion, de déficit immunitaire ( carence en Ig A), d’agressions infectieuses de la muqueuse intestinale (gastro-entérite) ou d’antécédents familiaux d’atopie.


  1. Clinique


Dans le cadre des DC, on peut décrire 2 tableaux :

Entéropathie induite par les PLV :

Elle est à début précoce (75% de cas symptomatique avant 3 mois de vie) avec l’installation progressive d’un tableau de diarrhées liquides et explosives ou de selles abondantes et pâteuses. A ces diarrhées peuvent s’associer : vomissements, rectorragies, coliques, eczéma.

Elle guérit généralement avant 3 ans d’âge.
 Colite aux PLV :

Epidémiologiquement, on trouve un pic de fréquence entre 2 et 3 ans. Le début est souvent brutal sous la forme de diarrhées glairo-sanglantes avec vomissements et douleurs abdominales auxquelles s’associent des manifestations aigus : urticaire, rash cutané, œdème de Quincke, crise d’asthme voire choc anaphylactique.

Elle évolue habituellement sur toute la vie, et est souvent associée à d’autres allergies alimentaires.


  1. Diagnostic


 Le diagnostic repose avant tout sur l’anamnèse et l’évolution , à savoir : l’existence de troubles apparaissant après l’absorption de PLV, disparaissant sous un régime d’exclusion des PLV et réapparaissant à leur réintroduction.
 Des examens complémentaires peuvent être réalisés et corroborent alors le tableau clinique :

  • tests immunologiques : RAST aux PLV dans le type I, Test de Transformation Lymphoblastique positif dans les types III et IV.

  • Dosage des Ig E spécifiques 

  • Tests cutanés

  • Biopsie duodénale pour examen anatomo-pathologique ( non nécessaire)




  1. Traitement


Curatif 

  • exclusion des PLV, en utilisant des aliments de substitution avec au mieux du lait de femme ou à défaut et le plus souvent des hydrolysats de caséine ( Galliagène, Nutramigène, Prégestimil) ou des hydrolysats de protéines du lactosérum ( Alfaré, Peptijunior).

  • poursuivi jusqu’à 12 à 18 mois avec réintroduction très progressive en milieu hospitalier.

  • Supplémentation en fer, vitamine et éventuellement calcium.


Préventif

  • encouragement de l’allaitement maternel prolongé avec retard de la diversification après l’âge de 6 mois.

  • proscrire le supplément lacté (dose sensibilisante) en maternité dans l’attente de la montée laiteuse.

  • laits hypoallergéniques ? (efficacité controversée). 


B-Mucoviscidose (cf cours spécifique)
- On y rencontre une diarrhée graisseuse, nauséabonde par maldigestion avec stéatorrhée élevée due à l’insuffisance pancréatique exocrine.

- Cette diarrhée est associée à un tableau d’infections respiratoires récidivantes et une dénutrition

- Le diagnostic repose sur le test de la sueur ( augmentation du chlore sudoral ) et la biologie moléculaire ( recherche de la mutation CFTR).

C-Maladie cœliaque (MC) ou intolérance au gluten(IG)
Il s’agit de l’intolérance alimentaire la plus répandue et souffrant d’une morbidité élevée. Elle se caractérise par des lésions intestinales survenant chez des sujets génétiquement déterminés après l’ingestion de gliadine. Cette fraction protéique du gluten est contenue dans les céréales suivantes : Seigle, Avoine, Blé, Orge (SABO).



  1. Définition


Elle repose sur trois critères :

- syndrome de malabsorption associé à une atrophie villositaire totale de la muqueuse intestinale apparue après l’introduction du gluten dans l’alimentation

- Guérison des troubles après exclusion du gluten

- Réapparition des signes cliniques et/ou seulement des lésions histologiques lors de la réintroduction du gluten dans l’alimentation ( permanence de la sensibilité de la muqueuse intestinales au gluten).


  1. Physiopathologie


Les lésions intestinales observées dans l’IG résultent de la conjonction de 3 phénomènes :
- Facteurs environnementaux :
allaitement maternel (rôle protecteur)

 date d’introduction des farines ( contenant du gluten) et quantité ingérée (stimulus déclenchant important en cas d’introduction précoce et abondante)

 état de la perméabilité intestinale ( risque augmenté en cas de perméabilité accrue)

infections intercurrentes ( rôle favorisant en augmentant l’exposition à l’antigène)
- Facteurs génétiques :
 susceptibilité génétique prouvé par l’existence de cas familiaux

 gènes HLA : nette prédominance des groupes DR3, DR7 et DR4 ainsi que A1 ( impliqué dans la susceptibilité accrue à la maladie)

 gènes non HLA (régissant l’expression clinique de la MC ?)
- Dérèglement immunologique :
 le mécanisme exact de l’agression par le gluten est incomplètement connu, mais implique une activation de l’immunité cellulaire à effet cytotoxique.

la MC peut être associer à d’autres maladies auto-immunes : thyroïdites, maladie d’Adisson, anémie hémolytique, purpura thrombocytopénique, sarcoïdose, vascularites, lupus, néphropathie à IgA, et surtout diabète insulino dépendant

Facteurs environnementaux Facteurs génétiques








Intestin





Dérèglement de la réponse immune



  1. Epidémiologie


Les connaissances de l’épidémiologie et de l’expression clinique de l’intolérance au gluten se sont modifiées ces dernières années. L’IG touche plus fréquemment les filles que les garçons (2/1) En fonction de l’intensité des signes cliniques, elle peut être classée en différentes formes de prévalence variable dans la population générale :

  • IG symptomatique (1/1000) : entéropathie sévère avec syndrome de malabsorption

  • IG asymptomatique  ou silencieuse (1/250): cliniquement muette, en dehors de signes aspécifiques

  • IG latente (1/200) : statut génétique et immunologique particulier pouvant prédisposer dans certaines conditions favorisantes au développement d’une MC


+ Atrophie villositaire

totale



IG symptomatique



Gène de susceptibilité

IG asymptomatique



IG latente


- Muqueuse intestinale

Normale



  1. Clinique


L’analyse de l’expression clinique de la MC avérée permet de distinguer deux formes :


  1. Forme classique 




  • touche les nourrissons de 9 à 18 mois

  • cassure net de la courbe de poids après introduction du gluten

  • tableau de diarrhées chroniques , plus ou moins graisseuses

  • Météorisme abdominal contrastant avec des membres grêles (par fonte du pannicule adipeux et amyotrophie)

  • Altération de l’état général, anorexie

  • Trouble du comportement ( enfant triste, apathique)




  1. Forme actuelle ( avec tableau moins nette, plus atypique)




  • infléchissement de la courbe de poids ( à –1 ou –2 DS)

  • Anorexie isolée

  • Météorisme et douleurs abdominales isolées

  • Vomissements répétés

  • Constipation




  1. Paraclinique


Outre les examens habituellement demandés dans un tableau de diarrhées chroniques avec malabsorption et dénutrition ( voir chapitre IV-A et B), les examens complémentaires suivant sont à réaliser :

  • Tests immunologiques :

Dosage des anticorps anti-gliadine (IgA et IgG), anti-endomysium (IgA) et anti-réticuline : leur recherche est positive en cas de MC

  • Biopsie du grêle (surtout) :

Elle recherche une atrophie villositaire totale, une hyperplasie des cryptes associés à des entérocytes aplatis et vacuolés, ainsi qu’une augmentation des lymphocytes intra-épithéliaux.

Au terme de l’examen clinique, et des explorations complémentaires les différentes formes d’IG peuvent se résumer grâce au tableau suivant :





Symptômes

Anticorps spécifiques

Atrophie villositaire

Marqueurs génétiques

IG symptomatique

+

+

+

+

IG silencieuse

-

+

+ (incomplète)

+

IG latente

-

+

-

+




  1. Démarche diagnostique


La démarche du diagnostic et de la prise en charge peut être schématisée par l’arbre décisionnel suivant :




Tableau clinique évocateur


Ac anti-gliadine (Ig A et IgG)

Ac anti-endomysium (IgA) positifs

+/- Ac anti réticulline


Biopsie intestinale : atrophie villositaire totale


Mise au Régime sans gluten

( jamais sans preuves histologiques préalables)




Après quelques semaines ou mois
Rémission clinique : reprise pondérale et négativation des Ac

Arrivé à ce stade ne sont pas obligatoires :

  • la contre épreuve (de rechute) par réintroduction du gluten

  • la biopsie de contrôle


Dans tous les autres cas de figure (évolution atypique), le recours à la biopsie est fortement recommandé



  1. Evolution et traitement



Le traitement repose sur un régime d’exclusion du gluten qui permet :

  • un redémarrage rapide de la croissance pondérale,

  • une régression de tous les signes cliniques

  • une « repousse »  villositaire en 6 à 12 mois


La question de la durée de sa poursuite reste débattue car :


  • d’une part, avec le temps une certaine tolérance peut s’installer et dans 10 à 15% des cas la MC peut guérir à la puberté

  • de plus, l’observance à vie de ce régime est difficile : En effet, les farines sont la base de l’alimentation, les aliments « tentants » (pâtisserie,..) contiennent du gluten et il n’existe pas de symptômes « sanction » en cas d’écart de régime.

  • d’autre part l’évolution à long terme d’une MC non traitée expose aux nombreuses complications suivantes :

 anémie ferriprive,

 retard staturo-pondéral

 hypocalcémie, ostéoporose, fractures pathologiques,

 avortements, stérilité,

 anomalie de l’émail dentaire,

 troubles psychiatriques, convulsions ,

 cancers digestifs ( lymphome du grêle,…)
La poursuite d’un régime d’exclusion à vie évite la survenue de presque toutes les complications. Il ne paraît pas, cependant, y avoir d’effet protecteur vis à vis du risque accru de cancer.
Deux attitudes peuvent donc être proposées :

- régime d’exclusion du gluten à vie

- exclusion initiale pendant toute la durée de la croissance avec tentative de réintroduction et surveillance histologique prolongée par 5 ans ( avec reprise du régime en cas de récidive histologique)

D-Lambliase 

- Cette infection parasitaire à giardia lamblia peut donner une diarrhée chronique par malbsorption avec un véritable tableau « pseudo-coeliaque ».


- L’infection est fréquente et peut être sévère en cas de déficit en IgA.

- Le diagnostic repose sur l’examen parasitologique des selles, ou la recherche de lamblia sur la muqueuse du grèle après biopsie ou brossage duodénal.


  1. Maladies inflammatoires (cf gastroentérologie adulte) 



Elles touchent plutôt les adultes mais peuvent cependant débuter à l’âge pédiatrique ( dans 20 % des cas). On distingue :


  1. La maladie de Crohn :




  • touche tous les segments du tube digestif avec atteinte habituelle de l’iléon terminale

  • tableau de douleurs abdominales, diarrhée chronique avec retentissement sur la croissance staturo-pondérale et le développement pubertaire.

  • Localisations anales (fissures et fistules ) possibles

  • Diagnostic : endoscopie avec biopsie ( granulome) et radiologie

  • Traitement médical anti-inflammatoires et /ou immunosuppresseurs ( Pentasa, Corticoïdes,…) et de maintien de l’état nutritionnel.

  • Traitement chirurgical pour les formes compliqués ( fistules, abcès, sténose)




  1. La recto-colite hémorragique :




  • touche exclusivement le colon et le rectum

  • tableau de diarrhées glairo-sanglantes avec retentissement sur la croissance plus modéré.

  • Diagnostic : endoscopie avec biopsie et lavement baryté

  • Traitement : anti-inflammatoire ( Pentasa, corticoïdes).



  1. Intolérance aux sucres





  1. Physiopathologie




  1. Physiologie de la digestion des sucres




  • Les sucres se présentent au niveau du grêle sous forme de disaccharides et sont, soit d’origine alimentaire directe ( lactose, saccharose), soit indirecte ( maltose, isomaltose) après digestion des dextrines amidons.

  • Ces disaccharides sont hydrolysés par des diasaccharidases en monosaccharides au niveau de l’épithélium intestinal selon les réactions suivantes :

 Lactose  glucose + galactose

 saccharose  glucose + fructose

 maltose  glucose + glucose

  • Les monosaccharides sont ensuite absorbés passivement (fructose) ou par transfert actif (galactose, fructose)




  1. Mécanismes pathologiques




  • déficit en disaccharidase ( le plus fréquent)

  • défaut de transfert actif des oses simples ( gluc., galact.)


Dans les deux cas, on obtient une malabsorption des sucres, avec un appel d’eau par effet osmotique, responsable du caractère liquide des selles. La flore microbienne va proliférer et entraîner une fermentation conduisant à la transformation partielle des sucres en acides organiques, responsable du caractère acide des selles


  1. Clinique


Tableau de diarrhée liquide, très acide ( pH<5) avec des selles contenant des sucres réducteurs.


  1. Paraclinique


Le diagnostic est étayé par :


  • identification par chromatographie du sucre dans les selles

  • épreuve d’hyperglycémie per os au disaccharide suspect (diarrhée, sans hyperglycémie si déficit)

  • Breath test (mesure de la concentration d’hydrogène dans l’air expiré) : anormalement augmentée

  • Biopsie de l’intestin grêle avec mesure de l’activité disaccharidase ( diminuée)

  1. Traitement

Il repose sur l’exclusion du sucre incriminé avec aménagement diététique. Par exemple :

  • intolérance au saccharose, maltose : alimentation par lait de vache ou de femme, fruits (cerises, raisin, citron) , des confiseries au fructose.

  • Intolérance au lactose : utilisation de lait de substitution sans lactose (AL 110, Diargal)



G-Autres
On peut encore rencontrer des DC dans les circonstances suivantes beaucoup plus rares :


  • déficit immunitaire notamment avec carence en IgA

  • insuffisance pancréatique d’autre origine que la mucoviscidose

  • pullulations microbiennes

  • diarrhées congénitales néonatales



VI- Conclusion


La survenue d’une DC chez un nourrisson ou un enfant impose toujours la réalisation d’un bilan clinique (+/- paraclinique) pour apprécier son retentissement staturo-pondéral. Devant une DC « organique », on recherchera une étiologie précise permettant de guider la thérapeutique ultérieure. Cette démarche diagnostique repose avant tout sur l’interrogatoire et la présentation clinique qui guideront la prescription et la réalisation d’investigations complémentaires spécialisées. L’intolérance au gluten, les allergies aux protéines du lait de vache, la mucoviscidose et les intolérances aux sucres constituent les principales étiologies pédiatriques. La prise en charge diététique de certaine de ces pathologies peut s’avérer nécessaire pour la vie entière de ces patients.


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