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DEPT DE MEDECINE GENERALE / UNIVERSITE PARIS DIDEROT

TRACE D’APPRENTISSAGE

Le présent modèle doit être utilisé pour UNE TRACE D’APPRENTISSAGE AU FORMAT WORD. Les données du formulaire ci-dessous doivent être remplies, puis la trace sera collée à la suite du formulaire

Nom et prénom de l’étudiant auteur de la présente trace : LELEU Claire
Nom et prénom du tuteur : FRARIER Marc
Numéro du semestre du DES au cours duquel cette trace a été produite : 2
Date de réalisation de la trace: 21/10/11
Le maître de stage du stage concerné par cette trace a-t-il évalué cette trace ? : Oui
COMPETENCES VISEES PAR CETTE TRACE (effacer les compétences sans rapport avec ce document)


  • Compétence 1 : Prendre en charge un problème de santé en soins de premier recours

  • Compétence 4 : Eduquer le sujet à la gestion de sa santé et de sa maladie

  • Compétence 5 : Travailler en équipe au sein du système de santé


Si votre tuteur estime que cette trace mérite d’être publiée sur le site en tant que trace remarquable, acceptez vous qu’elle le soit ( Ne laissez que la réponse adaptée) :

  • Oui



RECIT :


En cette fin du mois d’août, je suis en stage aux urgences d’un petit hôpital de banlieue. Et une fois n’est pas coutume, c’est calme, très calme. La chef de garde a même réussi à s’endormir un peu. Je suis accompagnée d’une externe Maud, en fin de DCEM4, qui se destine à la médecine générale. Le hasard fait bien les choses.

Nous recevons donc à deux M.S. G., 30 ans, amené aux urgences par un ami, pour, dit-il à l’accueil, « un blocage dans le bas du dos et des douleurs dans les jambes ».

Les lombalgies et lombo-radiculalgies aux urgences, c’est fréquent. Mais là je suis tout de suite frappée par le visage très algique de M. S., qui marche très difficilement, en franche délordose avec une boiterie importante. L’EVA dans le box de l’IAO est de 10/10, et c’est une note manifestement bien méritée. La lombalgie est apparue brutalement la veille au soir, alors que M. S montait dans sa voiture. Les douleurs ont persisté toute la nuit, mais sont purement mécaniques.

M. S a un travail de bureau. Il n’a pas d’antécédents en dehors de deux épisodes similaires, pendant l’hiver 2010-2011, sur le même mouvement. Il n’a pas pris d’antalgique chez lui.

L’examen clinique est ce qu’on attendait : apyrexie, raideur rachidienne, contracture paravertébrale bilatérale peu importante en fait, une douleur à la palpation du rachis lombaire bas, en particulier autour de L4 et à la palpation des articulations sacro-iliaques. La douleur dans la jambe correspond à une sciatalgie L5 droite, tronquée à hauteur du genou au repos, mais irradiant jusqu’au pied aux mouvements. Il n’y a pas de déficit neurologique sensitif, moteur ou sphinctérien. Pour être honnête, je n’ai pas osé chercher un signe de Lasègue ou de Léri tellement M.S. était algique. Le reste de l’examen est normal. Je prescris donc sans attendre du perfalgan et du profénid par voie veineuse, et du topalgic si cela s’avérait insuffisant.

M.S. parle peu, et maintenant qu’il a réussi à s’allonger, ne bouge plus d’un poil. Pourtant à la fin de l’entretien, alors que j’allais sortir, il m’arrête, très inquiet de savoir si j’allais pouvoir faire quelque chose pour lui. Je le rassure, nous allons soulager sa douleur, de toute façon, il est hors de question de le faire sortir dans l’état où il est… Ne serait-ce que parce qu’il nous reste un petit peu d’humanité ! Il a l’air de douter un peu, mais comme j’insiste et que je devais avoir l’air bien sûre de moi, il finit par me croire un peu. Son visage se décrispe un peu d’ailleurs. Le pauvre il est presque 16 heures. Ca fait bientôt 24 heures qu’il sait plus quoi faire, et il ne consulte que maintenant parce qu’il était incapable de venir seul. Il n’a pas pensé à faire venir un médecin à domicile ou à appeler les pompiers…

Je sors donc du box, pour laisser la place aux infirmières. De mon avis, le traitement de la douleur est ici une vraie urgence, et je sais que l’équipe paramédicale n’osera pas entrer dans le box avant que j’en sois sortie. J’entraîne avec moi Maud. « Viens, ne t’inquiète pas, on va remplir l’observation du bureau. Allez viens, laisse la place aux infirmières, ce dont il a besoin c’est d’antalgiques. Pas de nous, et pas d’explications. Là il n’est pas en état de t’écouter. On reviendra tout à l’heure. ».

On décide d’envahir un box vide pour éviter de réveiller la chef. De toute façon, il n’y a personne en attente, et on attend des résultats biologiques pour tous les patients sur place (sauf M.S. bien entendu). Donc personne n’a besoin du box.

C’est là que je comprends pourquoi Maud traînait des pieds en sortant du box. Elle a des questions, (et allez savoir pourquoi !) elle n’a pas osé les poser tout de suite :

  • Tu ne fais pas de bilan biologique ?

  • Bah non ! C’est une lombalgie simple, commune, avec une radiculalgie. C’est typique. Et la douleur n’a aucun critère inflammatoire.

Pas de réponse… Alors je reprends :

  • Qu’es-ce qui t’embête ? La douleur la nuit ? Il l’a dit lui-même : ça le réveillait quand il essayait de bouger. Ca ne correspond pas à quelque chose d’inflammatoire. Et ça s’empire quand il fait des efforts.

  • Non c’est pas ça… Enfin normalement, c’est sur un effort de port de charges lourdes, ou au moins d’une charge quelconque. Lui, il n’a pas de facteur déclenchant.

C’est là que, en fait, j’ai été très contente qu’on soit dans un box. Super… Comme on n'a rien à faire, on va faire un peu de gymnastique. On a de la place (et une porte opaque, histoire de ne pas énerver les gens qui nous voient « ne rien faire ». Ils ont du mal à comprendre que même si je cours partout, le bilan biologique n’arrivera pas plus vite…)

  • T’es sure qu’il n’a rien dit ? Qu’es-ce qui a déclenché la douleur ? Qu’es-ce qu’il a dit ?

  • Oui, enfin, juste il s’est assis quoi !

  • Oui. Mais en fait non. Il s’est assis… dans une voiture.

  • Et alors ?

Je lui tends un siège :

  • Assieds-toi.

Elle s’exécute sans comprendre. Alors je reprends :

  • Oui et maintenant assieds-toi comme si tu montais en voiture.

Il a fallu quelques essais pour y arriver. C’est pas simple quand il n'y a pas les obstacles habituels. Et à un moment, ça y est, elle réussit. Du coup je l’arrête en plein mouvement :

  • STOP ! Bouge plus. Et là, maintenant tu es dans quelle position?

  • Qu’es-ce que tu veux dire ?

  • Comment tu décrirais la position de ton dos, de ton rachis ?

Un regard plein de doute, passablement inquiet, en mode « Purée pourvu qu’elle me demande pas d’être trop précise » :

  • euh… tordu.

  • Oui c’est ça, tordu dans tous les sens. En terme plus médical ça donne une composante d’une flexion, d’une inflexion latérale et d’une rotation du rachis. Tordu dans les 3 plans de l’espace.

  • Et ça suffit pour se faire aussi mal ?

  • Bah oui ! Parfois tu ne le retrouve pas le facteur déclenchant.

Du coup, on a embrayé sur le fait que l’éducation thérapeutique soit aussi limitée aux urgences, que le suivi soit impossible. Ca m’aura frustrée tout mon stage ça… qui pourtant était super. Et je lui ai montré (elle trouvait pas) comment on faisait pour passer de la position allongée à la position debout (ça c’est une femme enceinte qui m’avait montrée quand j’étais externe), pour mettre ses chaussettes ou collants (c’est toujours en tant qu’externe que je l'ai compris, un jour où on se creusait la tête avec une patiente pour trouver une solution plus simple pour mettre seul(e) ses bas de contention. Facile à condition d’avoir une bonne flexion de hanche et de genou… Et ça avait fait tilt dans ma tête : « Mais au fait, si on a mal au dos, comme ça, le dos est droit, en décharge et horizontal puisqu’elle est couchée… »). Maud a pu trouver d’elle-même comment tirer une charge lourde. Je l’ai fait verbaliser comment soulever une charge lourde en la corrigeant très peu en fait, juste une ou deux précisions supplémentaires : être au plus proche de la charge… (Ca par contre si je suis au point, c’est à cause de la Croix-Rouge où j’ai intégré il y a plusieurs années une équipe de secouristes). Par contre, je ne connaissais pas de technique pour monter en voiture. On a aussi évoqué la kinésithérapie (massage ou pas, rééducation). Là pareil, j’ai étalé mon ignorance. Les massages antalgiques, ça oui, une rhumatologue m’avait dit : « C’est très bien, les patients adorent ça ! Ca calme leurs douleurs… Mais faut pas qu’ils fassent que ça pendant la rééducation, sinon ça sert à rien, ils ne sont pas rééduqués ! ». Mais l’indication de la rééducation ? Quels exercices d’auto-rééducation proposer ? Quels étirements ? (J’en connais bien un ou deux qui ne tirent pas autant que le truc de mettre ses doigts au sol genoux tendus, histoire de bien massacrer le dos au passage… Mais es-ce qu’ils sont réellement applicables pour quelqu’un qui a déjà mal au dos ?) C’est décidé, ça sera une trace !

Après notre séance de gymnastique, et des tentatives infructueuses pour avoir une idée révolutionnaire pour monter en voiture, nous retournons voir M.S. Le profénid est passé, le perfalgan est toujours en cours. Mais purée! Ce qu’un visage change quand on soulage une douleur ! M.S nous accueille chaleureusement. Il n’a plus mal tant qu’il ne bouge pas d’un quart de millimètre. Du coup, je lui explique le traitement qu’il aura à la sortie. Pour une lombalgie aiguë, les habitudes du service correspondent à ce qu’on m’avait appris en cours, c’est-à-dire pour des lombalgies classiques : un antalgique de palier 1 et un AINS en association à un myorelaxant. Le service ajoute systématiquement :

  • des IPP en prophylactique (j’applique en râlant parce que je sais que cela ne correspond pas aux recommandations. En même temps c’est pas si illogique que ça.)

  • éventuellement un arrêt de travail de quelques jours (que M.S n’estime pas nécessaire puisque sa douleur est calmée),

  • et une réorientation vers le médecin généraliste pour les suites ou d’éventuelles récidives.

Et pour M.S, j’ajoute des antalgiques de palier 2 si besoin, vu l’état dans lequel il est arrivé.

Je lui dis que je repasserais quand la perfusion sera finie. Maud aura décidément appris des choses, elle n’en revient pas de l’efficacité d’un « simple » AINS par voie veineuse associé au paracétamol. Au début, elle me voyait déjà sortir la titration morphine.

Quelques minutes plus tard, je reviens donc.

  • Comment ça va ?

  • Ah ! Franchement oui ça va. J’ai plus mal du tout. Ah oui ! Vraiment merci

  • Plus mal du tout, vous êtes sûr?

  • Enfin juste ça me gêne.

  • D’accord, donc je vais vous donner les ordonnances et je vais vous montrer pour vous relever. Attendez ! Ne bougez pas !

Trop tard ! M.S a déjà essayé de se relever, en tirant sur ses abdominaux, comme d’habitude, avec cette petite inflexion et rotation pour sortir les pieds du lit. Là, tout de suite, il se rappelle qu’il est venu parce qu’il avait vraiment mal.

  • Attendez, ne bougez pas. Recouchez-vous. Restez calme. Relâchez-vous un peu.

Ca loupe pas. Dès qu’il est de nouveau au repos, il n’a plus mal. Du coup il s’inquiète de comment il va se relever. Mais comme il doit bien se remettre debout, il est tout prêt à réessayer là maintenant tout de suite, tout pareil… Enfin à une exception :

  • Vous voulez bien m’aider ?

  • Oui. Bien sûr, mais pas comme vous pensez. D’abord parce que j’aimerais que vous sachiez vous relever de votre lit, et aussi parce que j’ai pas envie de forcer sur le mien de dos.

  • Ah oui, forcément.

  • Attendez, ne bougez pas.

Le temps de descendre complètement la tête du lit et je commence mes explications.

  • Allez-y. Rapprochez-vous du bord du lit, et tournez-vous sur le côté. Voilà parfait, sortez les pieds du brancard, un peu plus, pour pas qu’ils vous gênent quand vous vous redresserez. Et maintenant y a plus qu’à pousser sur votre bras pour vous asseoir, le dos bien droit.

Je l’assiste juste un peu. Deux doigts, pour qu’il ne se sente pas tout seul pour la première fois qu’il fait le geste. Deux doigts pour qu’il comprenne que ce n’est pas moi qui ai permis le mouvement. Et là, c’est magique. Assis sans douleur, et du coup debout sans douleur. Ca fait plaisir d’être remercié comme ça dans une journée ! Non seulement ça me fait plaisir, mais en plus, du coup, je sens un écho très particulier quand j’explique comment soulever une charge, comment il faut au maximum tout faire le dos droit… même ses lacets… Bon, aujourd’hui je me suis fait plaisir, un bon coup d’éducation thérapeutique, avec un patient coopératif. Et M.S est ravi aussi. J’espère juste qu’un jour quelqu’un lui expliquera comment monter en voiture… Juste avant de sortir du box (ce coup-ci c’est lui qui a la main sur la poignée), il me demande :

  • Dites-moi. Et l’ostéopathie ? Es-ce que ça marche ?

Ou-là… vite, ma langue de bois !

  • Certains patients se trouvent soulagés par cette technique. Mais je vous conseille de consulter votre médecin traitant pour en discuter. C’est très important que la personne soit fiable et expérimentée. Il y a des risques si ce n’est pas fait correctement. Honnêtement, je pense que les médicaments devraient suffire.

  • Es-ce que vous avez une adresse ?

  • Euh… Non.

  • Au fait docteur ? Ca va revenir ? Et combien de temps ça va durer ? Parce que ça existe des gens qui ont toujours mal au dos.

Je ne me souviens pas bien de ma réponse. Mon état d’esprit c’était «  Euh… Ben… Oui ça peut revenir. Ca fait déjà trois fois alors pourquoi pas une quatrième ? C’est pour ça qu’il faut faire attention à votre dos. Si ça va devenir chronique? Je n’ai pas de raison particulière de le penser. Mais à long terme, je m’appelle pas Mme Soleil… ». Il me semble avoir été plus rassurante que ça, d’autant que ce patient ne me semblait pas particulièrement à risque.
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