Cours de psychologie cognitive Morais





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Chap V : Raisonnement et rationalité

  1. Introduction


Il existe 3 types de traitement : descriptif (ce qu’on fait et comment on le fait  processus), normatif (comment on devrait le faire) et évaluatif (si ce qu’on fait correspond à ce qu’on devrait faire). La tradition rationaliste est fondée sur les principes de la logique et donc il y a une définition de l’espace d’un problème : l’ensemble de l’état initial, de l’état final ou état brut et des opérateurs qui définissent les contraintes à l’intérieur desquelles le problème peut être résolu. Les problèmes dont l’espace est strictement défini se résolvent via des algorithmes ou séquence d’opérations cognitives qui conduisent à la solution avec certitude. Si l’espace n’est pas strictement défini, le problème se résout par des heuristiques qui permettent d’atteindre une solution avec une probabilité supérieure à celle du hasard (problème cannibale vs partie d’échec).

10Point de vue pessimiste sur la rationalité humaine

10.1 Introduction et expérience de Tversky et Kanheman


Ce point de vue a émergé au début des années 70 suite aux travaux de Tversky et Kanheman. Les gens raisonnent et prennent des décisions de telle sorte qu’ils violent les règles familière de la rationalité. On a donc fait l’étude de ces heuristiques et biais de raisonnement. Les gens ordinaires n’ont pas la compétence rationnelle pour traiter certaines tâches de raisonnement et exploitent alors une série d’heuristiques qui entraînent des biais. On suppose que les règles de raisonnement dérivent des théories formelles (cad de la logique, de la théorie probabiliste et de la théorie de la décision) mais il faut tenir compte des facteurs sociaux et émotionnels.

Expériences de Tversky et Kanheman : le paradigme de décision « vie ou mort » ou problème de la maladie asiatique : un certain nombre de personnes sont confrontées à une maladie mortelle et les sujets doivent choisir entre deux plans de traitement disponibles : un déterministe (issue certaine) et un probabiliste (issue risquée): 1/3 des patients vivants vs P(tout le groupe vit)= 1/3.

    • XP1 : 600 patients anonymes  A : 200 sauvé et B = 1/3 que les 600 soient sauvés et 2/3 qu’ils meurent tous, C : 400 personnes meurent et D 1/3 que personne ne meure et 2/3 que 600 meurent  Résultats : Quand le choix est exprimé positivement cad en terme de personne sauvées, 72% des sujets choisissent l’issue déterministe mais quand le choix est exprimé négativement cad en terme de mort, 78% font des choix probabiliste. Ce renversement viole le principe d’invariance de description de la théorie rationnelle du choix suivant lequel des descriptions différentes des mêmes issues des choix devraient conduire au même ordre de préférence mais ce qui compte comme gain ou perte (même si il y a une aversion pour la perte) dépend du taux de base et de la formulation sémantique (mode d’expression). Le framing positif conduit les sujets à percevoir les résultats comme des gains alors que le framing négatif le fait comme des pertes ( recherche de risque).

    • XP2 : Effet de domaine : choix entre gain sûr de 3000$ ou probabilité de .30 d’avoir 4000$  80% des sujets choisissent le premier ; entre le choix d’une perte sure de 3000 et d’une probabilité de .80 de perdre 4000, 92% des sujets choisissent le second. Cet effet de domaine est distinct de celui du framing (ex. –20$ peut être formulé comme un gain mais c’est une perte). On peut manipuler indépendamment le framing et le domaine. Pour créer un effet de framing, la situation de décision doit avoir 2 perspectives différentes.

10.2 Théorie du prospect


Celle-ci rend compte de l’effet de framing ainsi ; percevoir un résultat comme un gain ou une perte dépend du point de référence. La fonction de valeur de préférence, ou valeur subjective, est concave pour les gains et convexes pour les pertes. Les décideurs optent pour une alternative sure perçue comme un gain plutôt que pour une alternative risquée et l’inverse pour une perte. Ainsi les déviations du point de référence sont des gains et des pertes ; ceci crée une courbe en S cad montrant une aversion risquée pour les gains et une recherche de risque pour les pertes. La réponse aux pertes est néanmoins plus intense que celle aux gains correspondants. Il y a deux étapes dans le traitement de la situation de choix : (1) Editing : les prospects sont reformulés et encodés en terme de gain ou de perte et (2) Evaluation : les options sont comparées avec les probabilités objective et subjective.

10.3 Influence de différents facteurs

      1. différences liées au sexe


XP de Flagey et Miller (90) : mort, perte d’emploi, expulsion de l’école, etc. : Framing pour 4 des 5 problème pour les femmes mais pour un seul chez les hommes et dans le sens opposé à celui prédit par la théorie du prospect et observé chez les femmes. Il y a une interaction entre la formulation et le sexe : le framing affecte le choix des femmes mais pas celui des hommes cad que les femmes font plus de choix risqués quand les résultats sont formulés négativement que quand ils le sont positivement.
      1. Valeurs

10.3.1.1Vie humaine VS argent

    • XP1 : Flagey et Miller (97) : prédiction : le framing sera plus grand pour les vies humaines. Mais les résultats montre que l’effet de framing n’est pas plus grand pour les vies humaines que pour l’argent ; dans le framing positif, il y a plus de choix risqués pour les vies humaines que pour l’argent (>< prédiction) et il y a les mêmes résultats pour le framing négatif (// prédiction.

    • XP2 : Wagenaar & al ont trouvé qu’il y avait, pour le framing négatif, plus de choix risqués en réponse à un scénario de prise d’otages d’enfant qu’à un scénario de maladies dans une île ce qui pourrait montrer que la vie d’un enfant a plus de valeur

    • XP3 : Lewin et Chapman : 6000 personnes au lieu de 600 et sida au lieu de maladie asiatique Pour 1/3 des sujets, l’épidémie touche les homosexuels, les bisexuels et les drogués alors que pour un autre tiers, il touche les hémophiles et pour le dernier tiers ce n’est pas spécifié. Dans le premier groupe, il n’y a pas de framing alors que pour les deux autres, ce sont les résultats habituels
10.3.1.2Influence des intuitions morales (ex. d’heuristique)

- XP1 : Cropper & al (94) ont démontré l’importance du framing moral dans le cadre des obligations envers les générations futures : les gens ne distinguent pas entre sauver une vie aujourd’hui et 45 dans 100 ans mais les réponses pourraient dépendre de l’incertitude sur cette mort (progrès technique). D’autres types de formulation conduisent à des résultats différents

- XP2 : Frederick (03) a montré que beaucoup de gens considèrent également mauvaise une seuke mort l’année prochaine que dans 100 ans. Ainsi les jugement moraux des gens sur les obligations envers les générations futures sont influencés par des effets de framing. De plus, les gens rejettent une approche qui compterait chaque personne âgée comme valant moins qu’un enfant mais si on leur demande quelle politique favoriser entre 105 vieux ou 100 enfants, beaucoup choisissent les enfants. On tient donc compte du nombre d’années de vie à sauver.

    • XP3 : Wang (96) a fait une expérience où le nombre de vie changeait (6, 60, 600, 6000). Pour 600 et 6000, les résultats sont les mêmes que dans l’expérience initiale mais pour 6 et 60, il n’y a pas d’effet du mode d’expression verbale de la proposition, la majorité préférant l’issue probabiliste. Quand on fait une référence au groupe familial, il n’y a pas d’effet de framing (choix probabiliste). La raison de ce choix a des tendances différentes : 72% parce que exprimé en vie sauvée, 94% quand les personnes sont condamnées. Donc, l’expression négative conduit à une augmentation de la nature du problème de la vie/mort dans un contexte familial. Il y a donc une influence de la relation de parenté car nous devenons plus probabilistes à ce moment-là.
10.3.1.3Effet culturel

Les résultats de Wang viennent d’Américains. Wang les a reproduit avec des Chinois. La seule différence est que l’effet de framing n’est pas là pour 600 ( probabiliste). Cette différence est due à la taille subjective de petits groupes qui serait différente étant donné les caractéristiques démographiques (600= petit pour les chinois).
 Ces résultats appuient la pertinence d’une approche sociale de la rationalité. En effet, la rationalité des décisions dépend aussi du contenu et du contexte. Il faudrait donc une théorie combinant l’effort cognitif minimal à la valeur subjective : l’effort cognitif requis pour sélectionner un gain sûr est plus petit que celui requis pour un gain risqué et celui pour une perte sure est égal à celui pour une perte risquée. L’effet de framing a lieu en raison d’une fonction d’échange entre effort cognitif nécessaire pour calculer les valeurs alternatives et sa valeur affective ( quand coûteux ou quand négatif, on choisit le framing négatif). Les sujets ont préféré des gains surs à des risquée et des pertes risquées à des sures. A l’IRM, on voit qu’il y a moins d’activité pour les gains surs et la même activité pour les pertes sures et risquées. Le temps de réaction pour le framing négatif est plus long que celui pour le framing positif.

10.4 Mémoire de V. Bachérius


Les domaines pris en compte sont la santé, l’argent (pour qui, selon Flagey et Miller il y aura plus de choix déterministes), les relations affectives (où il y aurait plus de choix probabilistes mais un framing que quand la relation est stable) et les examens. Suite à une courte enquête, l’ordre d’importance de ces domaines a été établi comme suit : RA> santé > examen > argent. La prédiction est que (1) en moyenne, plus grande est l’importance du domaine, plus le comportement est risqué ; (2) en moyenne, il y aura un framing et (3) il y aura une interaction entre le domaine et le framing. Comme méthode, elle a 296 sujets, 8 situations de choix, 2 framing différents, un contrôle de l’ordre de présentation et choisit comme facteurs inter-sujets, le framing et l’implication personnelle. Les scripts de l’expérience sont celui de la maladie asiatique, un pour l’argent, un avec l’infidélité, la confiance et un pour les examens. Le framing est significatif pour la santé mais pas pour les examens, ni pour RA, ni pour l’argent. Le framing est donc confirmé pour la maladie asiatique et le pari ; Pour l’infidélité et la déclaration, il y a plus de 80% de choix probabiliste ; pour le pari et la confiance, 47 et 42% ce qui montre des grandes différences au sein du même domaine. Peut être que pour l’infidélité, la préférence est trop claire ?  XP2

On multiplie l’argent par 10, les probabilité de l’infidélité deviennent 10 et 90 au lieu de 30-70 et l’infidélité renversée (1 an sans rien dire vs probabilité) et S600 (maladie asiatique pour réplication avec de nouveaux sujets). Ainsi, il y a désormais un effet de framing pour S600 et ‘linfidélité renversée mais pas d’effet pour l’argent (62% déterministe) ni pour l’infidélité 10% (94% de probabilistes). Pour l’infidélité renversée le résultat de l’xp1 était dû à un principe de moral, dire la vérité mais dans l’xp2, il y a une ambiguïté car dire la vérité n’est pas satisfaisant affectivement en terme de résultat (1 an de +).

 Il y a un effet de framing dans plusieurs domaines mais pas toujours quand le choix est facile, il n’y en a pas et quand il est difficile, l’effet n’est pas toujours là  ambiguïté nécessaire mais pas suffisante.  théorie du prospect à revoir

10.5 Neuroscience de l’effet de framing


Martino a démontré avec un IRM que l’effet de framing est spécifiquement associé à l’amygdale qui a un rôle crucial du système émotionnel ; il y a aussi une activité du PFC médian et orbital. La susceptibilité est réduite à l’effet de framing

10.6 Irrationalité dans les jugements de fréquence


XP1 : « ment » comme 4 dernières lettres OU ont G comme avant dernière lettre. Pour la seconde question, les sujets donnent moins de morts hors en théorie, ils sont plus fréquents

XP2 : Linda = étudiante en philosophie et il y a 8 possibilités de ce qu’elle est à ranger du + au – probable. Les problèmes de conjonctions font partie des tâches qui demandent un jugement de probabilité. 89% ont jugé H(bookteller + féministe) + probable que F(bookteller)

    • Sophisme de conjonction : Une conjonction de deux éléments est jugées plus probables que l’une des composantes de la conjonction

    • Ancrage : Les processus de raisonnement quantitatifs tels que la production d’estimation peuvent être fortement influencés par les valeurs prises comme point de départ. Par ex estimer 8x7x6x5x4x3x2x1 donne un résultat plus élevé que 1x2x3x4x5x6x7x8 même s’il y a un sous estimation dans les deux cas ; après un nombre donné aléatoirement, la réponse à la question indépendante aura un nombre plus grand quand le chiffre aléatoire est grand même si le sujet est conscient que le nombre d’ancrage est aléatoire

    • Suffisance ou présomption : Dans l’xp1, il faut indiquer le degré de confiance dans sa réponse à des questions factuelles (histoire, géo,…). Quand les sujets sont confiants à 100%, seules 80% des réponses sont correctes  excès de confiance

    • Négligence du taux de base dans les jugements probabilistes : Tversky et Kanheman ont montré que les sujets sous évaluent l’importance des probabilités antérieures (ex 30% avocats et 70% ingénieurs  X = A ou I ?). Le taux de base est ignoré sauf quand la description est neutre
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