Cours de psychologie cognitive Morais





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6Les processus de traitement des métaphores


La fausseté littérale n’est pas une condition nécessaire à la métaphore (>< Grice et Searle). On avait cru que les expressions métaphoriques étaient traitées via des opérations séquentielles, d’abord pour extraire la signification littérale puis, moyennant une correction de type métaphorique mais ce n’est pas le cas.

    • XP1 : Glucksberg & al : Les sujets répondaient plus lentement non à une phrase littéralement fausse quand elle avait une interprétation figurative que quand elle n’en avait pas. Donc, la signification métaphorique est calculée involontairement, interférant avec la décision mais dans la mesure où la prise de décision n’est pas instantanée, on n’est pas sûr que l’interprétation métaphorique est aussi rapide que l’interprétation littérale. D’autres expériences ont montré que le temps est égal.

    • XP2 : Connine et Blasko : Ils utilisent une technique d’amorçage inter-modale qui permet d’estimer la vitesse relative d’activation des significations littérales et métaphoriques dans des métaphores. Les sujets doivent émettre des décisions sur le jugement lexical en réponse à des mots écrits soit dans des associés littérales, soit métaphoriques, soit non associés. Les résultats montrent que les TR métaphoriques = TR littérales < TR non associés même quand les cibles étaient présentées simultanément avec le mot critique de l’expression. Donc, il y a un accès simultané aux significations métaphoriques et littérales mais quand les métaphores non appropriées sont utilisées, seules les significations littérales sont activées. LE fait que, si la métaphore est interprétable, l’accès aux deux interprétations soit indépendant et simultané n’implique pas que ces processus de traitement respectifs soient identiques.

    • XP3 : Keysar : « My son is a baby » : littéralement cela peut être vrai ou faux et métaphoriquement aussi  4 possibilités : L+/M+ ; L+/M- ; L-/M+ ; L-/M- selon le contexte. Les résultats montrent que quand le contexte est incongruent, la latence est supérieure et les erreurs aussi. En appuyant l’idée que l’interprétation métaphorique est construite de manière obligatoire, on a observé une interférence pour les phrases L-/M- où les deux interprétations sont incongrues. Si on change la métaphore attributive en métaphore relationnelle, les phrases L+/M+ devraient être difficiles à vérifier parce que elles posent un problème d’incongruité fonctionnelle mais ce n’est pas le cas, les résultats ont montré le contraire. Ainsi, les interprétations littérales et métaphoriques sont fonctionnellement équivalentes. La signification métaphorique est calculée obligatoirement et ne prend pas de forme comparative. Elle ne demande pas plus de transformations que l’interprétation littérale.

6.1Quel type d’information est utilisé pour engendrer des significations métaphoriques ?


Il y a 5 modèles différents :
      1. Modèle du déséquilibre de saillance (Ortony, 79)


La métaphore résulte d’une asymétrie dans les attributs partagés ; leur saillance étant plus importante pour le terme B que pour le A. Ex. Sermons = somnifère ok mais l’inverse non.
      1. Modèle d’interaction entre domaines (Tourangeau et Sternberg)


la qualité métaphorique résulte d’une similitude de position à l’intérieur des domaines respectifs et augmente avec la distance entre eux. Ex. Bush est un faucon mais Bush est Comme un faucon est exclu.
      1. Modèle d’appariement de structure (Gentner, 83) 


Les relations structurelles, à un niveau abstrait, entre les domaines seraient importantes et la préférence des sujets iraient aux métaphores relationnelles (peut être pas vrai).

 Aucune de ces théories ne rend compte des processus online
      1. Modèle d’inclusion de classe (Glucsberg et Keysar 90)


Toutes les métaphores sont des affirmations d’inclusion de classe. En créant une métaphore, on crée une nouvelle catégorie ou une catégorie diagnostique dans laquelle on inclut toutes les entités correspondant au terme B qui devient alors un exemplaire typique de cette nouvelle catégorie. Cette nouvelle catégorie serait structurellement similaire aux catégories taxonomiques habituelles pour lesquelles il y a des noms conventionnels ou aux catégories ad hoc. Les métaphores seraient des affirmations implicites de catégories. La catégorie utilisée pour caractériser la catégorie topique fonctionne comme une catégorie attributive cd qu’elle fournit des propriétés à la catégorie topique qui peuvent s’appliquer à beaucoup d’autres catégories et quand l’usage est très extensif, le référent de la catégorie attributive peut devenir une signification conventionnelle. (ex Boucher)

Mais est-ce que l’applicabilité de la théorie en termes de métaphores conceptuelles vs en termes de catégories attributives dépend du caractère conventionnel vs innovateur de la métaphore ?  plusieurs expériences

    • XP1 : Jones et Estes (05) Expérience d’évaluation d’attributs : Dans quelle mesure la catégorie topique était membre de la catégorie véhicule ? (ex examen = filtre) Les résultats sont comparables pour les métaphores conceptuelles et les métaphores nouvelles mais la catégorisation a été jugée plus élevée pour la métaphore à haut degré d’aptitude que pour celles à faible degré. L’aptness est la mesure dans laquelle l’affirmation reflète des caractéristiques importantes de la catégorie topique.  non ne dépend pas du caractère conventionnel vs niveau de la métaphore. ( // expérience avec tâche de compréhension)

    • XP2 : Mc Glone : Il utilise des tâches telles que émettre des paraphrases d’une affirmation, créer des métaphores similaires en signification ( tendance à créer des véhicules de la même catégorie d’attributs), faire un rappel indicé (avec manipulation de l’indice) ou comprendre une métaphore pour contraster la théorie de la métaphore conceptuelle et la théorie de la catégorisation attributive. Les résultats montrent qu’il n’y a pas de facilitation suite à des métaphores du même domaine (ce qui montre que la théorie de la métaphore conceptuelle est fausse) mais bien suite à d’autres métaphores de la même catégorie attributive (seconde théorie juste)

    • XP3 : Gibbs : « Mon mariage est une longue route paresseuse » ne constituerait pas tant une création implicite de catégorie, dans le but de rendre une certaine idée plus expressive, que la manifestation d’une conceptualisation d’expérience déjà structurée dans notre esprit. Ainsi, il y a une compréhension immédiate sans reconnaissance consciente du caractère métaphorique. Gibbs a fait une étude sur les conceptions de l’amour auprès d’étudiants : Dans l’xp1, les sujets doivent décrire ce qu’ils avaient expérimenté quand ils étaient tombés amoureux pour la première fois. Résultat, plus de 50% ont utilisé des expressions relevant de métaphores conceptuelles. Dans l’xp2, les sujets devaient lire 10 fragments de poésie amoureuse puis de 5 métaphores et ensuite sélectionner la métaphore qui convenait le mieux. Les résultats indiquent que les réponses sont conformes au jugement préalable des juges. Dans l’xp3, les sujets devaient lire les mêmes fragments et choisir une parmi 5 expressions conventionnelles. On observe la même conformité. Dans l’xp4, on examine les déclarations et on voit que 78% des affirmations correspondent aux conceptions métaphoriques sous jacentes. Donc en réalité, les poètes ne créent pas de nouvelles métaphores mais de nouveaux exemples de catégories pré-existantes. La théorie de métaphore conceptuelle est alors exact mais elle n’exclut pas d’autres interprétations telles que le degré de similitude entre catégories.

Dans le cadre d’une théorie qui ne fait pas dépendre la compréhension de la métaphore d’une structure métaphorique pré-existantes, on peut envisager 2 types de mécanismes : soit l’interprétation se fit en terme de traits émergents qui ne sont pas dans les deux concepts mis en relation ; soit par simple appréciation d’une relation de similitude
      1. Modèle de structuration spatiale (Coulson et Matlock, 01)


La coordination entre plusieurs domaines conceptuels créée par blending (combinaison ou fusion) est une structure émergente propre (et temporaire). Le sens métaphorique naît de l’information représentée dans ce réseau d’intégration conceptuelle ( réseau combinant 2 concepts et faisant une fusion entre les deux structures pour en faire émerger une nouvelle). Ici, il n’y a pas de structure métaphorique pré-existante.

- XP1 : avec imagerie et potentiels évoqués : l’amplitude de N400 reflète la difficulté d’intégration avec le contexte : entre 3 phrases (« Il sait que le whisky est toxique », « Il sait que la puissance est toxique » et « Il utilise le sirop comme toxique »), N400 varie ainsi : (2) > (3) > (1) à cause de la complexité des opérations de blending. Pour Tourangan, beaucoup de traits des métaphores sont émergents et ne sont pas énoncés à propos des deux domaines.

    • XP2 : Gineste et al (00) Des métaphores sont extraites de la poésie française et les sujets doivent lire une expression métaphorique et ensuite produire 3 concepts ou propositions en relation avec elle  (1) En %, les attributs émergents = 64,7 ; les attributs du topique (ou cible) = 15,8 et ceux du véhicule (ou source) = 18,8, les attributs communs = 0,5. Il y a donc une importance quantitative des traits émergents mais cette tâche n’exclut pas la pertinence de l’attribut émergent pour la cible et la source ; (2) dans une tâche de jugement, on mesure les TR dans plusieurs conditions : une avec topique (T), avec véhicule (V), avec attribut émergent (E) ou métaphorique (M) suivi d’un attribut. Il y a donc plusieurs résultats : T+T > T+E, V+V > V+E ; M+T et M+V sont les deux plus longs ; M+V T et V quand le test est fait avec un prime T ou V ce qui montre que les E ne sont pas saillants par rapport à T ou V. Et T et V ont des réponses plus lentes quand ils sont précédés de M ce qui montre que la métaphore créant un sens émergent réduit l’accès aux attributs de chaque terme. La plupart des attributs de chaque terme de la métaphore n’étant pas pertinents doivent être ignorés. Il y a donc un mécanisme cognitif de suppression et d’activation.

    • XP3 : La vérification de « Sharks are tenacious » est plus rapide quand cette phrase est précédée par « the lawyers are sharks » que par « the hammerheads are sharks ». Ces résultats peuvent être interprétés dans le cadre d’une théorie d’inclusion de classe : véhicule = prototype de la catégorie super-ordonnée.

6.2 Corrélats cérébraux du traitement des métaphores


- XP1 : Rapp et al : IRMf : les sujets devaient lire des phrases métaphoriques ou non et juger si elles avaient une connotation positive ou négative. Le traitement de la métaphore se fait par le gyrus frontal inférieur gauche.

    • XP2 : Eviatar et Just : Les sujets devaient lire des histoires puis une phrase littérale (L), métaphorique (M) ou ironique (I). Dans le gyrus frontal inférieur gauche et temporal inférieur bilatéral, il y avait plus d’activation pour M que pour L et I alors que dans les gyrii temporaux supérieur et médian droit, l’activation était plus forte pour I>L>M.

Il y a donc une sélection sémantique (soit de traits saillants du véhicule à comparer avec des catégories topiques, soit par attributions par catégories

    • Patients cérébrolésés : Une lésion de l’hémisphère droit diminue l’ironie qui est un traitement intentionnel de communication ou une construction narrative cohérente. Une lésion de l’hémisphère gauche diminue les métaphores. Les métaphores nouvelles sont dues au gyrus temporal supérieur droit
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