D?acinement du Yang et Ecole de L'Esprit du Feu
Il est dit dans le Shang Han Lun que: « Si, en cas de maladie du Shao Yin, on a diarrhée liquide, froid à l'intérieur et chaleur à l'extérieur, extrémités froides, pouls faible (comme s'il allait disparaître,) pas de crainte du froid...il faut traiter avec la décoction Tong Mai Si Ni Tang ». Ce qui est décrit ici, c'est ce qu'on appelle un phénomène d'échappement du Yang. Or, beaucoup s'imaginent qu'il s'agit là seulement de cas extrêmes, aigus, dangereux au point d'engager le pronostic vital, alors que dans la pratique clinique, il existe beaucoup de cas d'échappement du Yang chroniques et sans aucun caractère de dangerosité. On peut rencontrer ces phénomènes d'échappement du Yang dans tous les domaines cliniques de manière très courante et il est donc important de savoir bien les repérer et les traiter.
I - BASES THEORIQUES DE L'ECOLE DE L'ESPRIT DU FEU
 Pour aborder ce type de phénomène de déracinement du Yang, l'Ecole de L'Esprit du Feu (Huo Shen Pai) offre justement des pistes de réflexions et des moyens de traitement particulièrement efficaces, ce qui lui vaut aujourd'hui un succès sans arrêt grandissant. Voyons quelles sont ses conceptions fondamentales...
1. PRIMAUTE DE L'ENERGIE YANG La première conception fondamentale de l'école de la calorification est la primauté du Yang, avec l'idée que « le Yang gouverne et le Yin suit ». En fait, elle ne fait que reprendre et développer une phrase du chapitre « Sheng Qi Tong Tian Lun» du « Nei Jing », dans laquelle le Yang est comparé au soleil : « Le Yang est comme le Ciel et le Soleil, qu'il vienne à manquer et tout se met à dépérir ». Ce point fut ensuite développé par le célèbre Zhang Jie Bing dans son ouvrage « Lei Jing » : « Le Yin a le Yang pour racine; il vit si le Yang est présent et meurt si le Yang est absent ».
 Yang Zhu Yin Cong
le Yang gouverne et le Yin suit
On trouve aussi dans le « Yi Jing » (le « Livre des Transformations ») que « Le grand Qian (Yang) originel est la source et le support (du développement) des Dix Mille Etres. Il est comme le Ciel qui gouverne » et « Le Kun (Yin) originel suit le mouvement du Ciel » (rappelons que les trigrammes Qian et Kun correspondent respectivement au Yang pur et du Yin pur).
 Qian, le Yang pur
 Kun, le Yin pur
2. PRIMAUTE DU MING MEN ET DU FEU MINISTRE Selon le « Nan Jing »: « Ming Men est le logis de tout esprit (shen) et de toute essence (Jing); il est la base même du Yuan Qi » (chapitre 36) ou encore « Le Yuan Qi est la force de vie qui surgit d'entre les reins; il est la racine des Cinq Organes, des Six Entrailles et des Douze Méridiens, la porte de l'inspir et de l'expir et la source du Triple Réchauffeur » (chapitre 8).

Ming Men, Porte du Destin
D'ailleurs, si le Ming Men est le Qi qui surgit d'entre les (deux) Reins, on doit réfuter l'idée selon laquelle MingMen correspond au Rein Droit (Yang). Ming Men est la résultante du juste équilibre entre le Yang et le Yin du Rein; il est plutôt comme le Tai Ji du Rein et du corps dans son ensemble. De ce point de vue, Ming Men doit donc être situé au milieu, entre le Rein droit et le Rein gauche pour bien exprimer sa position centrale et toute son importance.
Trigramme Kan,
trigramme du Rein
Le trigramme associé au Rein est Kan. C'est le trigramme de l'Eau, mais il est formé d'un trait Yang au milieu de deux traits Yin. Ainsi, on voit que le l'Eau du Rein est à la fois Eau et Feu; le Feu - exprimé par le trait Yang se trouve au cœur de l'Eau du Rein, tel un volcan au cœur de l'océan. Pour Zhao Xian, c'est ce même trait Yang qui correspond au Ming Men, à ce Feu du Rein qui est le vrai gouverneur, et non le Cœur. D'ailleurs, en embryologie, le rein se développe avant le cœur. On associe le Feu Empereur (Jun Huo) au Cœur et le Feu Ministre (Xiang Huo) au Rein, et c'est le Cœur, logis du Feu Empereur, qui est considéré comme le souverain, le vrai gouverneur. Mais il ne faut pas oublier que ce Cœur à partir duquel rayonne la lumière du Shen ne peut remplir son rôle qu'avec l'aide du Feu Ministre. Plus encore, ce Feu Empereur ne peut se développer que si le Feu Ministre est suffisamment développé. En fait, le Feu Ministre est le germe du Feu Empereur.
3. HARMONIE YIN/YANG ET ENFOUISSEMENT DU YANG

 Yi Yin, Yi Yang, Ci Wei Dao
Un Yin, un Yang, c'est cela la Voie (le Tao)
Selon ce principe fondamental de la tradition chinoise, la voie juste (le Tao) réside dans l'équilibre harmonieux entre le Yin et le Yang. Or, l'école de la calorification accorde pourtant la primauté au Yang, ce qui pourrait sembler contradictoire. Il convient donc d'élucider cela... Pour Zheng Qin An, le Yang au cœur du Yin dans le trigramme Kan correspond au Yang véritable, la racine, le germe même de toute vie. Ce Yang véritable est aussi appelé le Feu Ministre, le Feu du Ming Men ou encore le Feu du Dragon-Tonnerre (Long Lei Huo); il est le secret du Feu, symbolisé par le Dragon Rouge.
Dragon Rouge,
symbole du secret du Feu
Toutefois, le Dragon, symbole central de la tradition chinoise, n'est pas seulement associé au Feu; il est aussi associé à l'Eau. Le Dragon possède la double appartenance au Feu et à l'Eau; il est la puissance du feu qui vit dans l'eau et surgit de l'eau pour s'élever vers le ciel, tel le Serpent de la Kundalini.
Le Dragon s'élève dans les airs, mais pointe sa tête vers le bas,
symbolisant l'enfouissement du Yang dans la Terre,
ou dans l'Eau, comme dans le trigramme Kan
C'est pourquoi sur d'autres représentations issues de la tradition chinoise (comme celle ci-dessus), le dragon s'élève dans les airs (comme le Feu), mais, en même temps, a sa tête positionnée vers le bas, en direction de l'Eau. A lui seul, ce dragon symbolise donc l'échange permanent qui s'effectue le long de la verticale entre Ciel et Terre, Feu et Eau. Il est comparable à l'Ouroboros de la tradition occidentale, ce serpent qui forme un cercle en se mordant la queue et qui symbolise les perpétuels cycles de la nature et de la vie.
Le Serpent Ouroboros
Si la représentation du dragon la tête en bas, pointée vers l'eau, signifie la relation d'échange qui existe entre Feu et Eau, elle signifie aussi, plus précisément, l'importance pour le Feu du Rein d'être « enfoui » dans l'Eau. L'énergie Yang du Feu doit être correctement enfouie dans l'Eau pour pouvoir remplir correctement sa fonction. Cette capacité du Yang à rester enfoui est fondamentale en médecine traditionnelle chinoise, mais aussi dans tous les aspects de la culture traditionnelle chinoise. Tout d'abord, dans le « Yi Jing », la complémentarité entre le Yin et le Yang, leur unité même, est beaucoup plus importante que leur opposition. L'opposition du Yin et du Yang est certes indispensable puisqu'elle elle crée la distance nécessaire au mouvement d'interaction, mais elle reste secondaire. Sans prépondérance de l'unité, c'est la séparation du Yin et du Yang et donc la mort qui survient. Par ailleurs, toujours dans le « Yi Jing », on insiste bien sur le fait que le Yang doit se trouver dans un état Yin de retenue, d'intériorisation relative, afin que sa puissance soit maitrisée et que son action puisse atteindre son but. La puissance formidable du dragon doit se déployer avec délicatesse pour pouvoir être efficace car sans retenue, elle risquerait de tout détruire. Même si la primauté du Yang est clairement établie, le Yin est donc indispensable au Yang pour que l'action de celui-ci puisse porter ses justes fruits. Il est l'élément féminin nécessaire pour tempérer le Yang, pour lui donner la souplesse, la fluidité nécessaires à son efficacité. C'est aussi le sens du principe que nous avons vu en tout début : « Le Yang gouverne et le Yin suit ». Ne retrouve-t-on pas d'ailleurs cela dans la danse où l'homme mène et la femme suit ? Le Yin doit épouser le mouvement du Yang, l'accompagner afin de pouvoir le tempérer et assurer que son action porte tous les fruits qu'il doit porter. En langage populaire moderne, on pourrait dire que le Yin pour fonction « d'amener un peu de douceur dans un monde de brutes ». Plus « musicalement, » on pourrait retrouver cet idéal d'un « clavier bien tempéré » si cher à Jean-Sébastien Bach; la fougue, la passion du musicien doit être tempérée pour s'exprimer de façon harmonieuse. Plus généralement, on pourrait tirer de tout cela des principes très intéressants sur la manière de nourrir et d'utiliser dans notre vie le feu de la passion, ce qui est d'ailleurs le sujet central de toute alchimie. Comment utiliser le feu de la passion, le feu du désir de manière à nous développer, à nous renforcer, à nous élever, à nous transformer sans pour autant se laisser dévorer ou détruire ? Le Feu du Dragon (le Yang) doit être maitrisé, sinon il se transforme en feu pervers qui dévore les Cinq Organes (Wu Zhi Hua Huo, 五志化火) et perturbe le Shen, pouvant provoquer la folie. C'est ce qui arrive aux pratiquants de Qi Gong qui utilisent leur intention de manière trop violente; cet excès d'intention, qui est aussi un excès d'ambition, une recherche trop forcenée de pouvoir ou de résultat, produit un feu violent qui détruit au lieu de construire. On retrouve ici l'idée selon laquelle « le petit feu (Shao Huo) produit le Qi, tandis que le grand feu (Zhuang Huo) dévore le Qi.
 Shao Huo Sheng Qi, Zhuang Huo Shi Qi
Le petit feu engendre le Qi, le grand feu dévore le Qi
C'est pour cela (entre autres) qu'il est dit dans le « Dao De Jing » que « Le Saint ...affaiblit sa volonté ». (圣人。。。弱其志).Dans l'alchimie taoiste comme dans toute autre alchimie, tout est question de régime du feu (Huo Hou, 火候).
Le caractère Qian, le Ciel
L'étude du caractère Qian, qui correspond au Yang Pur, est révélatrice. En effet, sa partie gauche est constituée d'un ancien pictogramme évoquant le soleil qui émerge de l'ombre, exprimant sa puissance jusqu'alors cachée, enfouie dans l'ombre. Le caractère du soleil (le carré avec une barre au milieu) est encadré par deux croix, l'une au-dessus et l'autre au-dessous. La croix qui surplombe le soleil signifie que le soleil est encore au niveau du sol, et que son pouvoir réchauffant produit, à partir de l'humidité de la terre, une vapeur qui se répand à la surface. Cette vapeur fait d'ailleurs penser au souffle du dragon dans la tradition occidentale. Aujourd'hui, ce caractère Qian évoque seulement le soleil, et on oublie cette notion initiale d'un trésor enfoui dont l'expression doit se faire de manière mesurée, progressivement et avec retenue. On retrouve d'ailleurs la loi de contrôle (Ke) entre les 5 Eléments qui vient modérer la loi d'engendrement (Sheng) entre ces éléments. En effet, la loi de contrôle est Yin vient tempérer la dynamique Yang d'engendrement pour que celle-ci ne donne pas lieu à un emballement. Les deux lois de contrôle et d'engendrement sont donc indispensables pour garantir le maintien de l'harmonie, de la santé et de la vie.

Loi d'engendrement et de contrôle entre les Cinq Eléments (Wu Xing) On remarque d'ailleurs que les flèches de la loi de contrôle forment au centre du cercle de l'engendrement un magnifique pentagramme étoilé ayant sa pointe vers le haut, ce qui symbolise dans la tradition occidentale l'état d'harmonie et de santé parfaite en ce monde.
On retrouve aussi l'idée que pour pouvoir s'élever correctement, il faut prendre le temps de construire des bases solides. On peut même dire que plus on veut s'élever, plus il faut s'enraciner profondément. Plus on veut développer son pouvoir Yang, plus il est important de renforcer notre enracinement dans la Terre et notre humilité, cette humilité dont la racine étymologique est l'humus, c'est à dire la partie humide (eau) de la terre. Il faut la patience de faire ses gammes avant de pouvoir composer une symphonie; il faut la patience d'acquérir le véritable « gong fu », la maitrise véritable qui est l'épouse (le fruit) du travail quotidien. On peut dire aussi que pour accéder au véritable paradis, il faut d'abord descendre dans son enfer intérieur pour y trouver notre véritable puissance d'élévation. C'est là tout le sens de la démarche alchimique où, avant d'entamer l'ascension céleste de l'oeuvre ou blanc, il faut d'abord passer par la phase d'introspection de toute la démarche de l'œuvre au noir. C'est le secret du feu Yang de l'esprit au cœur des ténèbres Yin de la matière, ou du feu divin présent (sous forme d'étincelle) au plus profond de chaque être humain. C'est aussi le mouvement d'introspection qui conduit à aller chercher son bonheur à l'intérieur de nous-mêmes au lieu d'aller (en vain) le chercher à l'extérieur, qui conduit à nourrir son intériorité avant d'aller aider les autres, au lieu de dilapider notre capitale de vie par un excès d'extériorisation ou de dispersion. C'est la capacité de retenue qui évite que la joie, par excès, ne provoque un Feu du Cœur, voire un arrêt cardiaque; ou tout simplement qui conduit à développer une vraie joie interne qui nous emplisse et nous nourrisse avant de déborder naturellement. Ne parle-t-on pas de joie "profonde" ? C'est que la véritable joie, tout comme le Feu, se trouve dans le profondeur du Rein; elle est le trésor caché au fond de notre être intérieur et de notre inconscient, trésor d'une puissance innée qui a pour but de nous transformer. Enfin, c'est la peur qui s'exprime comme instinct de survie et nous empêche de nous mettre en danger. C'est notre instinct de conservation qui nous conduit à préserver notre substance vitale, notre Jing, pour pouvoir ensuite la transformer en Qi, en Shen et parvenir ainsi au bonheur véritable. C'est aussi tout simplement notre bon sens qui nous permet de ne pas se laisser aller dans toutes sortes de délires mystiques ou égotiques. Nous pourrions à l'évidence multiplier ces exemples à l'infini...
Hexagramme Tai (n°11),
Terre au-dessus, Ciel au dessous Le ciel descend. La terre monte.
Ils s'unissent.
L'osmose du ciel et de la terre se fait à l'intérieur de l'homme.
Les hexagrammes Tai et Ji Ji du Yi Jing expriment aussi un équilibre physiologique fondamental. Il existe un adage chinois disant que « la racine de toute maladie doit être cherchée dans l'hexagramme Tai ». Or, cet hexagramme Tai est formé d'un trigramme du Ciel en bas (position Yin) et d'un trigramme de la Terre en haut (position Yang). Cet hexagramme exprime ainsi la relation d'échange dynamique perpétuel qui existe entre Ciel et Terre. De plus, le Ciel en bas signifie la puissance céleste (Yang) maitrisée, tandis que la Terre en haut évoque une pesanteur qui assure la stabilité. Or, cette configuration exprime l'état de santé idéal de l'être humain: le bas du corps doit être lourd et tiède, tandis que le haut du corps doit être léger et frais.

Hexagramme Ji Ji du Yi Jing
Le Feu (Li) est en bas et l'Eau (Kan) est en haut
Quant à l'hexagramme Ji Ji, il est formé du trigramme du feu en bas et du trigramme de l'eau en haut ; il signifie que le feu doit être présent sous l'eau pour la chauffer et la faire monter sous forme de vapeur; c'est précisément cette vapeur qu'on appelle le Qi !
 Le caractère chinois du Qi évoque premièrement la vapeur .
Cette vapeur est justement le résultat de la vaporisation de l'Eau
par le Feu du Rein qui est enfoui en elle, tel un volcan au cœur de l'océan.
On retrouve d'ailleurs les mêmes conceptions dans le domaine du Tai Ji Quan où la puissance part des pieds, passe par la taille et monte par les épaules pour s'exprimer finalement par les mains. Et également du Qi Gong où on visualise à l'intérieur de soi un soleil qui s'enfonce au coeur de l'océan, au cœur de ce Dan Tian Inférieur qui, selon l'expression de Zheng Qin An, est le « Logis du Dragon ».

Paysage intérieur du Dan Tian Inférieur,
qui est le logis du Dragon, le lieu de résidence du Yang véritable
Bref, tous ces exemples, bien loin d'être exhaustifs, montrent l'importance primordiale, essentielle, d' « enfouir le Yang » (Qian Yang), ce qui implique de le maintenir « à la racine », afin qu'il puisse exprimer dans l'harmonie toute sa puissance de vie.
II. LES PHENOMENES DE DERACINEMENT DU YANG
1.ETIOPATHOLOGIE DU DERACINEMENT DU YANG Les phénomènes de montée du feu (Shang Huo) peuvent s'exprimer de diverses manières: visage gonflé, visage rouge, inflammations des yeux et/ou du nez, démangeaisons des oreilles, mauvaise haleine, aphtes, ulcères buccaux, saignement de gencives, inflammation de la gorge, toux, etc. Les expressions employées pour rendre compte de ces phénomènes sont elles aussi diverses: Yuan Qi qui ne tire pas (jusqu'à la racine), flottement du Yuan Qi, vaporisation de Feu véritable, Qi du Rein qui ne consolide pas, déracinement du Qi, Yang pervers qui sévit en haut, Feu vide qui monte en attaquant, etc. Mais toutes ces expressions sont en fait équivalentes et expriment une seule et même idée: c'est le Yang véritable du Rein (physiologique) qui n'est pas enfoui, quitte sa racine et monte sous forme de Feu pervers (pathologique). Ce problème de déracinement du Yang du Rein peut provenir de deux causes diamétralement opposées: le vide de Yin ou le vide de Yang. Or, on fait souvent à trois grosses erreurs de diagnostic concernant le déracinement du Yang, qui conduisant à des échecs de traitement. 1. sur la base des symptômes de chaleur dans le haut du corps, on conclut à un syndrome de plénitude de chaleur
2. on envisage seulement la possibilité d'un déracinement du Yang par vide de Yin et non par vide de Yang
3. on assimile les maladies inflammatoires à des syndromes de chaleur. Ensuite, au delà des symptomes cités ci-dessus qui semblent n'être que petits maux tout à fait mineurs, le phénomène de montée du Feu peut concerner beaucoup d'affections beaucoup plus sérieuses, souvent difficiles à traiter: hypertension artérielle, hypertension pulmonaire, asthme, toux chronique avec dyspnée, spasmophilie, insomnie, bouffées de chaleur, bouffées d'angoisse, problèmes ORL, problèmes dentaires (douleurs, déchaussement, saignement des gencives, etc), tachycardie, cardioparthie, ophtalmopathie et encore bien d'autres. Ce qui caractérise ces affections et les rend difficiles à traiter, c'est qu'il n'y a plus assez d'énergie dans le bas du corps pour enraciner le Yang et que ce Yang déraciné va monter et se manifester comme un excès d'énergie pathogène (vent, chaleur ou feu évnetuelelemnt associé à d'autres pervers). Or, beaucoup de thérapeutes se polarisent sur cet excès d'énergie dans le haut du corps et orientent leur traitement vers la dispersion de cet excès d'énergie, ce qui équivaut à prescrire l'équivalent en plantes chinoises des hypotenseurs, anxiolitiques, bêta-bloquant, anti-épileptiques, somnifères et autres médicaments de la médecine allopathique. Malheureusement, ces traitements sont voués à l'échec car tant qu'on ne tonifie pas le Yang pour le ramener à sa racine (dans le Dan Tain Inférieur), l'excès d'énergie dans le haut du corps ne peut pas être corrigé. Ces traitements peuevnt parfois améliorer les symptomes dans un premier temps, mais comme ils affaiblissent encore plus l'énergie Yang qui est déjà défaillante, l'état général ne peut à terme que se déteriorer et les symptômes qui s'étaient améliorés peuvent même "reflamber" de plus belle... Zheng Qin An, pour aider à comprendre ces phénomènes de montée du feu par vide de Yang, emploie l'image d'un dragon pour symboliser la montée du feu et celle de l'eau pour symboliser le pervers Yin (froid-humidité) qui se développe dans le Réchauffeur Inférieur. Chaque fois que l'eau grossit d'une mesure, le dragon grossit également d'une mesure; chaque fois que l'eau monte d'une mesure, le dragon monte aussi d'une mesure. Le dragon se nourrit de l'eau et grandit avec l'eau!
 Dragon d'Eau de la Cité Interdite Plus l'eau se développe et monte, plus le Dragon (le Yang déraciné) se renforce et monte aussi
Le Rein, bien qu'associé à l'élément Eau, possède les deux aspects Yin et Yang, Eau et Feu, comme cela est exprimé par le trigramme Kan qui correspond à l'eau du Rein; et ces deux aspects doivent être en harmonie. Or, si le Yang véritable au cœur de l'Eau s'affaiblit, l'eau prend le dessus et envahit la région du Rein (et du Dan Tian Inférieur); le Feu véritable du Rein doit donc être fort pour tenir l'Eau en respect et empêcher cette invasion. Si, au contraire, le Feu du Rein est trop faible, l'Eau envahit la région du Rein et déloge de sa racine le Feu véritable, qui va alors monter sous forme de Feu pervers. Ainsi, plus le Yin pervers (le froid et l'humidité) se développe dans le Réchauffeur Inférieur, plus le Yang véritable est affaibli, se déracine et monte sous forme de Yang pervers; c'est typiquement ce qu'on appelle le phénomène d'expulsion du Yang par le Yin (Yin Sheng Ge Yang, 阴盛格阳): le Yin pervers se développe dans le centre et expulse le Yang vers la périphérie. En même temps, plus le Yang du Rein est expulsé de son logis (le Dan Tian), moins il peut endiguer l'Eau, et donc le développement du Yin pervers, ce qui aggrave encore plus son déracinement. On a donc formation d'un cercle vicieux où plus le Yang est en vide, plus le Yin se développe, plus le Yang se déracine, moins il peut endiguer l'Eau, plus l'Eau prend le dessus, plus elle expulse le Yang de sa racine, etc. Mais la cause première de ce cercle vicieux de déracinement du Yang, c'est donc le vide de Yang lui-même ! Ce vide de Yang du Rein crée les conditions de son propre déracinement, de sa propre expulsion vers la périphérie. C'est là le véritable sens de cette phrase du « Nei Jing » qui dit que « le Rein gouverne l'Eau » (Shen Zhu Shui). Elle ne signifie pas seulement que le Rein est responsable du métabolisme des liquides, mais que le Yang du Rein, le Feu véritable du Ming Men, a pour fonction de gouverner l'Eau du Rein, de la mettre en mouvement et aussi de la maintenir à sa juste place, de l'endiguer, mais aussi de la consolider afin qu'elle ne s'échappe pas. On retrouve bien le principe de base selon lequel le Yang gouverne et le Yin suit (Yin Zhu Yang Cong). Tant que le Yang du Rein consolide le Yin orthodoxe et le met en mouvement, il s'agit d'un Yin orthodoxe qui nourrit la vie; c'est l'Eau de Vie par excellence, le Mercure des alchimistes. Ce Yin orthodoxe, cette Eau de vie, nourrit le Yang et l'adoucit, lui apporte la retenue et la délicatesse nécessaire à sa juste expression; c'est ce qu'on appelle l'enfouissement du Yang. En revanche, si le Yang du Rein, le bâton de pouvoir, n'est pas suffisamment puissant, le Yin s'accumule à l'intérieur sous forme de froid, d'humidité et de tan. Ce n'est donc plus un Yin orthodoxe qui apporte la vie, mais un Yin pervers qui entrave la vie; toute eau qui ne circule pas devient putride, turbide. Ainsi, dire que le Yang du Rein gouverne l'Eau signifie aussi que du Yang du Rein dépend le fait que l'Eau soit une Eau de vie ou une Eau de mort, un Yin orthodoxe ou un Yin pervers.
 Shen Zhu Shui Le Rein gouverne l'Eau Le Yang du Rein gouverne l'Eau (le Yin du Rein),
la met en mouvement, la consolide, la contient
et fait d'elle soit une Eau orthodoxe ou une Eau perverse.
C'est la même idée que celle exprimée dans le « Nei Jing », selon laquelle « la clé de l'équilibre entre le Yin et le Yang réside dans la solidité du Yang » et, au contraire, « si le Yang en excès perd sa solidité, le Yin est voué à l'épuisement ».
Fan Yin Yang Zhi Yao, Yang Mi Nai Gu La clé de l'équilibre entre le Yin et le Yang réside dans la solidité du Yang
En conclusion, pour ramener le Yang à sa racine, il est donc essentiel de réchauffer le Feu véritable du Rein pour tenir l'Eau en respect , comme si, tel Moise, on écartait les eaux (les deux traits Yin du trigramme Kan) pour que le Feu véritable (le trait Yang) puisse reprendre sa juste place au milieu. Ainsi, pour enfouir le dragon, il est nécessaire de disperser l'eau en tonifiant et réchauffant le feu du Rein; c'est seulement alors que le Yang véritable (le dragon) pourra redescendre dans son logis, sa racine.
2. LE DERACINEMENT DU YANG SELON LES SAISONS La place et la fonction du Yang varient selon la saison, et de ce fait, les phénomènes de déracinement du Yang peuvent s'exprimer de manière différente. Le Yang véritable a sa racine au Nord... La racine et le Nord désignent le Rein, organe par excellence de l'enracinement, comme nous l'avons vu avec le trigramme Kan qui lui est associé. Mais le Nord, outre d'être associé au Rein, est aussi associé à l'hiver. Or, l'hiver, selon les classiques, c'est la saison par excellence de l'enfouissement du Yang ; l'énergie Yang descend au plus profond du Yin. Si à ce moment là, le Yang du Rein se trouve déficient, cela va donc se traduire par des problèmes de Yang qui remonte ou reste en surface au lieu de descendre dans la profondeur. Il monte | |